Burkina Faso / A l’invitation du président de la transition : Blaise Compaoré arrive à Ouagadougou sans échapper à la Justice

Le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba,  président de la transition militaire au pouvoir au Burkina Faso issue du coup d’Etat ayant renversé le président élu, Roch Marc Christian Kaboré, veut poser un acte fort symbolique en matière de réconciliation nationale. De ce fait, il a invité au palais de Kossiam à Ouagadougou, les anciens chefs d’Etat à une rencontre d’échanges, demain, vendredi 8 juillet 2022. Un communiqué de presse émanant de la direction de la communication de la Présidence du Burkina Faso et rendu public, le mercredi  6 juillet 2022  s’est voulu clair à ce propos. « Le Président du Faso, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba rencontre, le vendredi 8 juillet 2022 à Ouagadougou, leurs Excellences les anciens chefs d’Etat du Burkina Faso. Sont invités à cette rencontre de haut niveau autour des questions liées à l’intérêt supérieur de la Nation, leurs Excellences Roch Marc Christian Kaboré, Michel Kafando, Yacouba Isaac Zida, Blaise Compaoré et Jean-Baptiste Ouédraogo. Cette rencontre importante pour la vie de la Nation n’entrave pas les poursuites judiciaires engagées contre certains ».

 

En d’autres termes, le communiqué de la Présidence du Faso dit clairement que Blaise Compaoré n’est pas absout de poursuites judiciaires et d’une éventuelle arrestation même s’il est invité par le président de la transition. Il est évident qu’il pourrait ne pas être arrêté dès sa descente d’avion mais après la rencontre de demain, si Blaise Compaoré demeure au Burkina Faso, la Justice burkinabé qui l’a condamné à la prison à vie par contumace dans l’affaire de l’assassinat  de Thomas Sankara pourrait ordonner son arrestation. La Présidence du Faso affirme à travers ce communiqué qu’elle ne lèverait pas le doigt pour ne pas « entraver les poursuites judiciaires engagées contre certains (des participants à la rencontre présidentielle du vendredi 8 juillet) ».

 

Est-ce pour éviter toute mauvaise surprise à Blaise Compaoré (devenu citoyen ivoirien) que la Côte d’Ivoire a décidé de s’impliquer dans le retour de l’ancien chef de l’Etat du Burkina Faso dans son pays d’origine ?  Assurément. C’est à juste titre que le ministre Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement ivoirien, a soutenu, mercredi, que «la Côte d’Ivoire est en train de prendre toutes les dispositions pour que l’ex-président Blaise Compaoré se rende au Burkina Faso afin de participer activement au processus de réconciliation engagé au Burkina Faso ».

Ces dispositions ont été effectivement prises d’autant que Blaise Compaoré et son épouse la franco-ivoirienne Chantal  Compaoré née Terrasson de Fougères ont quitté ce jeudi  7 juillet 2022 Abidjan, la capitale de Côte d’Ivoire, accompagnés de l’ancien ministre Aly Coulibaly, conseiller spécial du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, pour le Burkina Faso.  L’avion les transportant s’est posé à Ouagadougou aux environs de 14h. Demain vendredi, Blaise Compaoré prendra part à la rencontre avec  Paul-Henri Sandaogo Damiba.

 

L’ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, a été condamné, le mercredi 6 avril 2022, par contumace, à la prison à perpétuité pour sa participation à l’assassinat de son prédécesseur, Thomas Sankara, tué avec douze de ses compagnons lors d’un coup d’Etat, en 1987. Le tribunal militaire de Ouagadougou a également condamné à la perpétuité le commandant de sa garde, Hyacinthe Kafando, et le général Gilbert Diendéré, un des chefs de l’armée lors du putsch de 1987. Blaise Compaoré, en exil depuis 2014 en Côte d’Ivoire, et Hyacinthe Kafando, en fuite depuis 2016, étaient les grands absents de ce procès historique qui s’est ouvert en octobre 2021.

 

Didier Depry

 

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