Burkina Faso / Rencontre du colonel Damiba et les anciens chefs d’Etat : 2 présences, 3 absences, grogne générale, la réconciliation nationale mal partie

La réconciliation nationale au Burkina Faso a fait de mauvais premiers pas, la lutte efficace contre le terrorisme qu’elle doit induire n’y échappe pas. Tous les anciens chefs d’Etat n’étaient pas présents, ce vendredi 8 juillet 2022, autour du président de la transition. Trois des cinq invités étaient absents, la population burkinabé, quant à elle, se trouve fortement divisée par l’arrivée de Blaise Compaoré et sa non-arrestation.

Comme annoncée, la rencontre entre le président de la transition au Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, et les anciens chefs d’Etat du « pays des hommes intègres » s’est tenue, hier, vendredi 8 juillet 2022, dans la matinée au Palais présidentiel de Kosyam à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Etaient invités à cette rencontre voulue par le président de la transition, les anciens chefs d’Etat Jean-Baptiste Ouédraogo, Blaise Compaoré, Michel Kafando, Yacouba Isaac Zida et Roch Marc Christian Kaboré.

Seuls deux anciens chefs d’Etat ont fait le déplacement à Kosyam. Il s’agit de Jean-Baptiste Ouédraogo et Blaise Compaoré. Le second, exilé depuis 2014 en Côte d’Ivoire où il a d’ailleurs obtenu la nationalité ivoirienne à cause de son mariage avec une Ivoirienne, a pu regagner pour la première fois le Burkina Faso grâce à un accord entre le président ivoirien Alassane Ouattara et le président de la transition burkinabé afin que Blaise Compaoré qui fait l’objet d’une condamnation à perpétuité dans l’affaire liée à l’assassinat de Thomas Sankara ne soit pas mis aux arrêts.

Les anciens chefs d’Etat Michel Kafando, Yacouba Isaac Zida et Roch Marc Christian Kaboré ne se sont pas rendus à Kosyam. Le premier pour des raisons de santé, le deuxième pour des raisons administratives parce qu’il réside au Canada et le troisième, bien que présent à Ouagadougou, a été empêché physiquement par ses partisans et militants de son parti politique de se rendre à la rencontre. Ceux-ci ont dressé des barricades devant son domicile. Au cours de la conférence de presse qu’il a organisée relativement à cette situation, Roch Marc Christian Kaboré a soutenu à propos de la réconciliation nationale prônée par le président de la transition, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damibaè que  « (…) Nous ne pouvons pas faire la réconciliation en dehors du peuple Burkinabè, la réconciliation ne peut pas de faire qu’au sommet (…) Allez trop vite en besogne n’est pas la solution ». L’ancien chef de l’Etat Michel Kafando, quant à lui, a envoyé un message de soutien à l’initiative du président de la transition.

Pour certains Burkinabè, la réconciliation doit se faire en privilégiant la lutte contre l’impunité et le triomphe de la Justice. Allusion faite au cas Blaise Compaoré. Ils estiment que l’ancien chef d’Etat exilé en Côte d’Ivoire devrait être arrêté dès son arrivée au Burkina Faso. Même son de cloche pour l’association des magistrats du Faso qui a exigé , dans une déclaration publique , son  « arrestation immédiate ».

La rencontre initiée par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba visait à dialoguer pour rechercher la cohésion sociale afin de lutter contre le terrorisme. Face à la presse, à l’issue des échanges, le  président de la transition au Faso a soutenu que  « l’initiative de la rencontre avec leurs Excellences les anciens chefs d’Etat poursuit un et unique objectif qui est la recherche de la cohésion sociale au regard de la situation difficile que traverse notre patrie ».

Selon lui, cette rencontre a porté essentiellement sur la recherche d’une paix durable au Burkina Faso.  « En plus des efforts qui sont fournis par les forces engagées et l’ensemble de la population contre le terrorisme, il nous est paru opportun d’examiner avec nos prédécesseurs, les meilleures conditions qui pourront créer et forger une solide cohésion entre Burkinabè », a-t-il indiqué.

C’est pourquoi il a appelé à la raison tous ceux qui ont travaillé à « dénaturer le sens et la portée de cette initiative », car « l’urgence de la préservation de l’existence de notre patrie commande une synergie d’actions qui ne nous autorise pas à nous donner le luxe de perdre le moindre temps dans la polémique ».

 

Aux Burkinabè qui se sont exprimés en défaveur de sa démarche,  le président de la transition a affirmé : « nous leur disons que le processus n’est pas fait pour consacrer l’impunité mais pour contribuer à la recherche de solutions pour un Burkina Faso de paix et de cohésion ».

Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba s’est dit convaincu que c’est dans la cohésion sociale et  l’unité que les forces armées qui combattent le terrorisme seront davantage déterminées et auront plus de succès.  « Des dispositions seront d’ores et déjà prises pour poursuivre en bilatéral les concertations avec les anciens chefs d’Etat qui n’ont pas pu participer à la présente rencontre », a-t-il précisé.

 

Didier Depry

 

 

 

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