Candidature à la présidence du FPI – La grogne monte, la caution de 5 millions Fcfa retirée

Le Front populaire ivoirien (FPI), la formation politique dont Laurent Gbagbo était le leader et qui l’a porté au pouvoir en octobre 2000 ;  dirigée, depuis 2001, par Pascal Affi N’Guessan ;  tiendra son prochain congrès ordinaire, les 8 et 9 novembre 2024, à la Fondation Felix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix  de Yamoussoukro, capitale politique et administrative de la Côte d’Ivoire.

A deux mois de ce congrès qui verra l’élection d’un nouveau président du FPI ou la reconduction de Pascal Affi N’Guessan pour un nouveau mandat (il est à la tête du FPI depuis 23 ans), ce parti traverse une profonde crise à trois tètes dont la troisième tête est la résultante des deux autres fortes crispations. Le troisième facteur de la crise est la tension autour de l’élection du futur président du FPI. Jusque-là Affi N’Guessan était le candidat unique incontesté pour la présidence dudit parti et il était élu à la majorité écrasante des délégués au congrès.

Une crise à trois têtes

 Mais cette fois-ci, il  aura un adversaire, un sérieux challenger. Il s’agit de Pierre Dagbo Godé, l’un des vice-présidents en vue du FPI. Avocat, professeur de droit et 3e adjoint au maire de la grande commune de Yopougon  (Abidjan), il désapprouve la gouvernance d’Affi N’Guessan à la tête du FPI. Une gouvernance que ses soutiens au sein du parti et lui qualifient de solitaire et hasardeuse. Dont la preuve immédiate est la gestion des épineuses questions du partenariat du FPI avec le RHDP et de l’appel lancé par Laurent Gbagbo depuis Bonoua. Affi a décidé de mettre fin au partenariat avec le RHDP et répondre favorablement à l’appel de Gbagbo.

Ce que désapprouvent Pierre Dagbo Godé et de nombreux militants au nombre desquels des vice-présidents tels que Diabaté Beh.  La candidature de Pierre Dagbo Godé apparait donc, pour eux, comme une candidature de révolution pour forcer l’alternance à la tête du FPI. Pour empêcher cela et faire barrage à Pierre Dagbo Godé, l’idée a émergé au sein de l’appareil du parti toujours contrôlé par Affi N’Guessan, au dire de certains militants, d’imposer une caution de 5 millions de Fcfa à tout candidat au poste de président du FPI. Cette éventualité a suscité la grogne, la colère et l’indignation de nombreux militants ainsi que de membres du Secrétariat général du FPI qui ont saisi le Comité de contrôle dudit parti pour s’opposer à l’instauration d’un cautionnement.

Une grenade non dégoupillée

 « D’autant qu’il n’y a jamais eu de caution à débourser pour les candidats à la présidence du parti », nous a confié un dirigeant du FPI, sous le sceau de l’anonymat. Le climat  déjà tendu s’est fortement dégradé au sein du FPI avec la déclaration de rupture faite, le samedi 21 septembre 2024, par des membres du Secrétariat général. Face à cette situation, le Comité de contrôle du FPI a annulé cette décision liée au paiement de la caution de 5 millions de Fcfa.

« Le Comité de Contrôle, dans le cadre du Congrès des 8 et 9 novembre 2024 qui se déroulera à la Fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro, a été saisi des requêtes en annulation du cautionnement au titre des conditions d’éligibilité à la Présidence du parti.  Le Comité de Contrôle exerçant son droit d’appréciation des actes des organes du parti avec les textes fondamentaux et dans un souci d’apaisement, de renforcement de l’unité du parti et de participation pleine et entière de tous les militantes et militants au Congrès, porte à la connaissance des militantes et militants du retrait du cautionnement dans les conditions d’éligibilité à la présidence du parti telles que libellées dans son communiqué du 11 septembre 2024», a libellé le communiqué du Comité de contrôle en date du 21 septembre 2024 et signé de son président, Honoré Marcellin Koua Wogni. La grenade du FPI n’est certes plus à portée de main. Mais n’étant pas dégoupillée, elle pourrait exploser à tout moment. Et peut-être même lors du congrès ordinaire de  Yamoussoukro.

Didier Depry

Légende photo : Le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, traverse une nouvelle crise après celle qui l’avait opposé à Laurent Gbagbo et ses partisans.

 

Laissez une réponse

Votre email ne sera pas publié