Ce que les Ukrainiens de l’Est ont vécu avant l’intervention de la Russie

À l’issue d’un long discours, le président de la Russie, Vladimir Poutine, a reconnu, le lundi 21 février 2022, l’indépendance des territoires séparatistes prorusses du Donbass, dans l’Est de l’Ukraine. Cette décision marque la fin d’un processus de paix moribond et la Russie prend officiellement sous son aile les régions concernées, dont elle est déjà, de fait, le parrain militaire et financier. L’une des deux zones concernée est celle de Lougansk. Cette « république populaire » s’est autoproclamée indépendante en 2014. Elle compte environ 1,5 million d’habitants et n’est reconnue par aucun État de l’ONU. Les quelques 2 millions d’habitants de Donetsk vivent sous le même régime.

Cependant le président russe a signé en direct à la télévision le « décret de reconnaissance » de l’indépendance des « républiques autoproclamées » du Donbass. En posant cet acte de reconnaissance, Poutine engage officiellement la Russie dans le conflit armé dont ces zones sont victimes depuis 2014. Elles sont opposées à l’Etat ukrainien vis-à-vis de qui elles réclament leur autonomie. Les séparatistes de Lougansk et de Donetsk soutenus en sous-main par la Russie sont opposés à l’armée ukrainienne qui bénéficie du soutien militaire et financier de l’Europe et des Etats-Unis. Le monde occidental pose des initiatives au plan économiques pour renforcer la solidité économique de l’Ukraine. Au plan militaire, ce sont des instructeurs américains et européens qui forment l’armée ukrainienne et l’encadrent au plan stratégique dans le cadre du conflit à l’Est de l’Ukraine. En huit ans de conflit armé, les affrontements ont fait 14 000 morts et des dizaines de milliers de blessés.

Fait notable dont la communauté internationale est informée, c’est qu’au nombre des unités de l’armée ukrainienne qui combattent les séparatistes de l’Est de l’Ukraine figurent en place prépondérante le régiment Azov. Ce régiment est accusé de nombreuses violations des droits de l’Homme par les organisations de défense des droits de l’Homme qui cependant et curieusement n’en font pas grand bruit comme elles l’ont pourtant fait en Syrie concernant l’armée du pouvoir de Bachar El Assad. Les civils sont même tués à l’Est de l’Ukraine par les éléments du régiment Azov et personne ne dit mot, ni aux Etats-Unis ni en Europe. Lors que ces victimes civiles si elles sont tombées sous les balles du régiment Azov ou celles des séparatistes méritaient d’être défendues et les actes des auteurs dénoncés et condamnés.

Malheureusement, une sorte d’omerta a entouré les violations des droits de l’homme dans l’Est de l’Ukraine durant le conflit armé. Et les plus grands bénéficiaires de ce silence du monde occidental sont les éléments du régiment Azov. Le président de la Russie, Vladmir Poutine, a déclaré la guerre à l’Ukraine pour « démilitariser et dénazifier » le pays, a-t-il justifié. L’ambassade de la Russie au Canada a réitéré ce message dans une lettre partagée sur Twitter, il y a quelques semaines, déclarant que « des crimes contre l’humanité et des violations du droit international humanitaire sont commis par les Forces armées de l’Ukraine et des groupes néonazis comme Azov ».  Effectivement, il y a des groupes d’extrême droite en Ukraine, dont le plus connu, le régiment Azov, a bel et bien été intégré à la garde nationale du pays. Même si cela, vous vous en doutez, cela ne fait pas du gouvernement ukrainien et de son armée des « néonazis », un fait demeure certain, les néonazis agissent ouvertement sous la bannière officielle de l’Ukraine. Le régiment Azov, du nom de la mer qui borde l’Ukraine, la Russie et la Crimée, s’est fait connaître en mai 2014, au début de la guerre du Donbass opposant le gouvernement ukrainien aux séparatistes prorusses.

À l’époque, explique Dominique Arel, titulaire de la Chaire d’études ukrainiennes de l’Université d’Ottawa, l’armée ukrainienne, « très faible », avait fait appel à des bataillons de volontaires afin de défendre la souveraineté de l’État ukrainien au Donbass et de lutter contre l’insurrection armée prorusse.

Azov, aussi connu sous le nom des « hommes en noir », a intégré la garde nationale ukrainienne à l’automne 2014 et est depuis financé et armé par le ministère de l’Intérieur ukrainien. De 2014 à 2016, le nombre de « combattants potentiels » d’Azov serait passé de 800 à 4000, si l’on en croit Wikipedia. Aujourd’hui, leur nombre serait estimé entre 2000 et 4000, sur un total de 200 000 à 250 000 soldats de l’armée ukrainienne, beaucoup plus forte qu’il y a huit ans.   À n’en point douter, le cœur d’Azov est résolument d’extrême droite. Les « hommes en noir » ne sont pas seulement au front en tant que milice, ils font aussi la pluie et le beau temps dans la rue, où ils « participent à des actions disgracieuses», s’en prenant aux Roms et aux «groupes marginalisés ».

Le régiment Azov et son histoire

Le régiment Azov est placé sous le commandement du ministère de l’Intérieur d’Ukraine et intégré aux « forces de défense » par l’État-major ukrainien. Ce bataillon, chargé de lutter contre l’insurrection armée pro-russe à l’Est, a été formé le 5 mai 2014, d’abord à Marioupol pour garder les bâtiments administratifs7. Ensuite le bataillon a été basé à Berdiansk. Il doit son nom à la mer d’Azov. Il était composé d’environ 800 volontaires fin 2014, mais vit ses effectifs rapidement augmenter en raison de sa popularité croissante durant l’année 2015, puis l’année suivante, portant le nombre de combattants potentiels à plus de 4 000 à la fin de 2016. Azov, d’abord bataillon, connaîtra successivement le format régimentaire puis celui d’une brigade elle-même divisée en plusieurs petites unités.

En septembre 2014, Kirt, un chef de peloton du bataillon Azov, a reconnu que les opinions d’extrême droite de l’unité avaient attiré environ deux douzaines de combattants étrangers venus de toute l’Europe. Le régiment Azov est décrit comme une milice d’extrême droite liée à l’idéologie néonazie, avec des membres portant des symboles nazis ou SS et exprimant des points de vue néonazis. Le groupe reprend comme insignes la Wolfsangel et le Soleil noir.

Des soldats du régiment ont été vus portant des symboles nazis sur leur uniforme122. En 2014, le réseau de télévision allemand ZDF diffuse des images de combattants Azov munis de masques arborant la croix gammée et « les runes SS de l’infâme corps d’élite en uniforme noir de Hitler . En 2015, le correspondant de guerre polonais Marcin Ogdowski arrive à pénétrer l’une des bases du régiment, située dans l’ancien complexe de tourisme Majak. Des soldats lui montrent leurs tatouages et emblèmes d’uniforme nazis

En 2018, une pétition réunit près de 40 militants israéliens pour les droits de l’Homme pour réclamer la fin des ventes d’armes à l’Ukraine. Les signataires affirment que le gouvernement d’Israël vend des armes automatiques militaires Tavor et Negev, en conscience du fait qu’elles sont susceptibles de tomber aux mains de la milice Azov

Malgré les accusations selon lesquelles le groupe est antisémite, certains membres de la communauté juive d’Ukraine soutiennent et servent dans le bataillon Azov. L’un de ses membres les plus éminents est Nathan Khazin, chef des « sotnia juives » lors des manifestations d’Euromaïdan en 2013-2014 à Kiev.

Une contribution de

Kanté Mohamed

Citoyen Guinéen vivant en Europe

 

 

 

 

 

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