Congrès du FPI de novembre 2024 – Pourquoi le candidat Pierre Dagbo Godé a saisi la justice pour l’annulation

Candidat à la présidence du Front populaire ivoirien (FPI), qui part en congrès les 8 et 9 novembre 2024 à Yamoussoukro, l’ancien vice-président dudit parti politique, l’avocat, professeur d’Université et 3e adjoint au maire de Yopougon, Pierre Dagbo Godé, a annoncé, au cours d’une conférence de presse à Assonvon Hôtels sis à Abidjan-Yopougon, ce jeudi 10 octobre, avoir, « depuis le lundi 7 octobre 2024, donné assignation en annulation des décisions des sessions du Comité central au FP représenté par M. Pascal Affi N’Guessan ». Et d’ajouter  «l’annulation des décisions de la 2ème session extraordinaire du 5 octobre 2024 ».

 A l’en croire,  « le camarade Pascal Affi N’Guessan, président du parti, en fin de mandat depuis le 27 juillet 2023, qui n’a plus de légitimité depuis cette date, est un accoutumé de la violation des statuts et règlement du Front populaire ivoirien, juste pour se maintenir à la tête du parti ». Le conférencier a égrené les principaux cas fondant sa décision.  Il est parti de la violation de l’article 102 de ce parti qui atteste que « seul le congrès est habilité à amender ou à réviser les présents statuts ».

Affi N’Guessan accusé d’avoir violé plusieurs textes du FPI

 Pierre Dagbo Godé, qui avait à ses côtés Diabaté Beh, 8e adjoint au maire de la commune d’Abobo, par ailleurs, son directeur de campagne, et Clément Nado, secrétaire national du FPI chargé de l’animation politique et de la mobilisation, retiendra, pour ce cas, que le président du FPI, Affi N’Guessan, malgré les interpellations, a pris sur lui de supprimer le Secrétariat général qui est un organe du parti, selon l’article 39. « Par la suite, il va mettre en place ce qu’il appelle les conseils politiques régionaux (CPR), une structure informelle pour élargir le champ de ses partisans. C’est une structure non statutaire qui est chargé de recruter les délégués au  Congrès. Ce qui est inadmissible».

Ensuite, Dagbo Godé a mentionné la violation par Affi N’Guessan de l’article 7 qui dit : « Les structures du parti délibèrent à la majorité absolue des membres présents. Si le quorum n’est pas atteint, les structures délibèrent valablement à la majorité relative des membres présents à la prochaine réunion ».  Le conférencier fera remarquer, à ce niveau, que  « nulle part, vous ne verrez dans aucun compte-rendu qu’il y a eu délibération. On ne s’est pas combien sont pour ou contre une décision. Les organes de direction sont chaque fois mis devant le fait accompli ». Citant la violation de l’article 4 qui stipule : « Le FPI est le patrimoine commun de tous ses militants… », le 3e adjoint au maire de la commune de Yopougon fera savoir que « le camarade Affi s’est approprié le FPI, poussant les militants qui lui sont opposés soit à la démission- le dernier en date est Firmin Krékré- ou soumis au limogeage ».

 «Après 23 ans à la tête du parti, le camarade Affi N’Guessan refuse l’alternance »

 Concernant la violation des 5 principes fondamentaux du FPI contenus dans le point 5 du préambule (le droit à la différence, le droit à la paix et à la justice, la délégation de pouvoir, l’alternance au pouvoir et le principe de la défense nationale par les forces populaires), Dagbo Godé soutiendra qu’« après 23 ans, le camarade Affi N’Guessan refuse l’alternance. Il viole ainsi l’esprit qui régit le fonctionnement du Front populaire ivoirien. Le camarade Affi N’Guessan se comporte comme le propriétaire du parti. Il est même le rédacteur des textes juridiques à présenter au Congrès, obligeant le président de la Commission juridique, M. Landry Akpa, à la démission ».Et de poursuivre : « Candidat à sa propre succession, une fois sa candidature déposée à 14h, le lundi 23 septembre 2024, il va limoger, à 14h30min, le président du Comité d’organisation, Issiaka Sangaré. C’est là une volonté de s’approprier l’organisation du Congrès de peur de perdre les élections ».

Enfin, pour parler de la dernière violation des articles du parti par son adversaire à la présidence du FPI, Pierre Dagbo Godé avancera que le Comité de Contrôle peut, en cas de divergence profonde dans l’interprétation des textes fondamentaux de nature à entraver le fonctionnement du parti, demander la tenue d’une session extraordinaire du Comité central pour avis.

7000 délégués enregistrés au lieu de 12000 prévus

« Or la 2ème session extraordinaire du 5 octobre 2024 demandée par le Comité de Contrôle est non seulement convoqué par le camarade Pascal Affi N’Guessan, candidat sortant, et présidé par lui-même pour réorganiser la tenue du Congrès », a-t-il précisé. Il dira ensuite que c’est à cette session extraordinaire que l’on saura que, pour le congrès, ce sont 7000 délégués qui ont été enregistrés au lieu des 12000 prévus. «On ne sait sur quelle base», s’interrogera-t-il.

Par ailleurs, il a indiqué que cette session extraordinaire est allée plus loin en prenant la décision suivante : « Afin de garantir une large participation des délégués à ce congrès ordinaire et de conférer une forte légitimité aux décisions qui seront prises, le Comité central décide de l’annulation des cotisations ordinaires des membres du parti pour l’année 2024», ce qui est, a-t-il regretté, encore une violation de l’article 16 selon lequel : « Est membre du Front populaire ivoirien, tout adhérent à jour de ses cotisations et participant aux activités du parti».

Des décisions de nature à créer des troubles

Face à cette donne, Dagbo Godé estime qu’en définitive, toutes ces décisions prises de manière unilatérale par Affi N’Guessan sont de nature à créer des troubles avant et pendant le congrès.  « Troubles qui risquent, est-il certain, de non seulement menacer la quiétude des vrais militants à jour de leurs cotisations, mais aussi l’ordre public, parce qu’on ne sait plus qui est délégué et qui ne l’est pas. C’est la porte ouverte à toutes les dérives. La violation de toutes ces dispositions fait passer le FPI de la démocratie à l’autocratie ».

Dans sa conclusion, il lâchera : « C’est donc cette volonté manifeste de faire un passage en force pour se faire réélire après 23 ans qui nous a amené à saisir la justice pour faire cesser tous ces manquements aux statuts et règlement intérieur du Front populaire ivoirien. Aujourd’hui, le camarade Pascal Affi N’Guessan et moi-même Pierre Dagbo sommes candidats à la présidence du FPI et le bon sens aurait voulu que l’organisation du congrès et surtout le Comité électoral mis en place fassent l’objet d’un consensus en réunissant en son sein les représentants des deux candidats que nous sommes. Ce qui n’est pas le cas ».

« Une volonté manifeste d’Affi N’Guessan de faire un passage en force pour se faire réélire »

Très remonté, Pierre Dagbo Godé a martelé qu’il faut sortir de la culture de la fraude, du passage en force.  « Je pense que le tribunal me fera droit pour que mes intérêts soient protégés. Il est important de relever que ma candidature n’est pas liée à l’alliance FPI-RHDP. Ma candidature vient des incohérences de la gestion du parti par le président Affi N’Guessan. Ce dernier n’a pas l’habitude des bilans. Dans un parti, il n’y a pas de gourou qui décide de tout, qui fait la pluie et le beau temps. Je suis de la même génération qu’Affi N’Guessan. Il a 70 ans, moi 65. Je suis candidat parce que j’ai l’ambition d’être un homme politique pour la Côte d’Ivoire », est-il convaincu.

 Marcellin Boguy 

 Légende photo

Pierre Dagbo Godé, candidat à la présidence du FPI face à

Pascal Affi N’Guessan, président sortant dudit parti politique.

 

Laissez une réponse

Votre email ne sera pas publié