Contexte sociopolitique au Mali – « La junte Assimite perd pied », selon le président du PSDA

Depuis l’exil, le président du Parti social-démocrate africain (PSDA) du Mali, Ismaël Sacko, porte un regard critique sur la gestion du pays par la junte militaire dirigée par le colonel Assimi Goita.il dénonce, par ailleurs, le soutien que certains chefs d’Etat apportent aux régimes militaires et décrypte le sommet de la CEDEAO tenu, le dimanche 10 décembre 2023. Ci-dessous, la tribune de M.Ismaël Sacko intitulée « Le vent en poupe, la junte Assimite perd pied ».

Les chefs d’Etat, membres de la CEDEAO, réunis en session ordinaire à Abuja, le dimanche 10 décembre 2023, étaient divisés sur le sort de la junte malienne. C’est bien la preuve qu’il revient aux maliens épris d’une justice équitable et aux démocrates de tout bord, de sortir de la léthargie et d’agir pour faire taire les armes et sauver la nation en péril.  Tout porte à croire que l’organisation régionale s’est accommodée et est en passe de laisser faire. La CEDEAO n’a pas jugé bon d’intégrer les arrestations arbitraires des leaders politiques et d’opinion, le bâillonnement de la presse et l’absence des libertés sans lesquelles, aucune démocratie n’est viable.

Les crimes contre l’humanité perpétrés en terre malienne de Kidal ont laissé indifférents certains chefs d’Etat,  soutiens des différentes juntes dictatoriales de notre sous-région. Le Président du Togo se présente désormais comme le lobbyiste et le parrain des putschistes frelatés ouest africains. Il ne se gêne pas de les défendre. Ses arguments incongrus et fallacieux sont conformes à un État togolais qui a le plus connu le règne militaire du père putschiste qui lèguera le pouvoir au fils.

Le Président Faure Gnassingbé doit se rappeler de sa prise de pouvoir, un coup d’état constitutionnel, une forme de putsch. Qu’il sache que son pays n’est pas l’abri. Désormais, la junte malienne croit avoir le vent en poupe et se croirait tout permis bien que les voyants sont au rouge et que l’horizon s’assombrit malheureusement au quotidien. Les Assimites par ingratitude et pour asseoir leur hégémonie n’hésiteront pas à exporter leur forfait au Togo comme ailleurs au sein de la CEDEAO comme ce fut le cas du Burkina-Faso, du Niger et de la Guinée-Conakry.

Par ailleurs, l’organisation régionale aurait dû faire le point de l’état d’avancement des engagements pris par les Assimites et exiger un chronogramme inclusif et consensuel avec l’ensemble de la classe politique pour amorcer le véritable retour à l’ordre constitutionnel. S’accommoder et prendre acte pourrait être vu comme un signe de faiblesse, un recul et une sorte de capitulation. Toutefois, la junte aurait tort de jubiler et de crier victoire. Les Assimites sont désormais mis devant leurs responsabilités et pris dans leur propre piège.

La junte Assimite perd pied face à l’attitude de la CEDEAO

La junte malienne s’attendait à des sanctions sévères contre sa gestion chaotique et contre sa volonté de ne pas rendre le pouvoir aux civils. La junte en perte de popularité au Mali se serait servie des sanctions de l’organisation régionale pour accroître les effets de sa propagande et redorer son blason en utilisant la CEDEAO comme bouc émissaire. Finalement, il n’en sera rien.

L’austérité financière, la crise économique, la famine et la reprise des hostilités avec le JNIM et l’état islamique avec son lot de morts par dizaine dans les rangs des FAMA et de Wagner sont les signes du déclin des Assimites. Les groupes armés du Nord qui se réorganisent, malgré quelques difficultés en leur sein, seront de la partie. La junte ferme les yeux sans retrouver le sommeil.  Si Assimi Goita ne montre pas de signes positifs de sortie de crise et du retour à l’ordre constitutionnel, la CEDEAO pourrait corser le ton et durement sanctionner la junte à la fin du 1er trimestre 2024 qui correspond à l’échéance initialement prévu.

Conclusion

Le report des élections au Mali ne saurait demeurer sans délais. Dans ce climat délétère où la méfiance règne en maître entre les différents acteurs maliens, la CEDEAO devrait pleinement jouer sa partition en appelant au cessez-le-feu et en activant le levier de l’apaisement à travers un dialogue politique de haut niveau pour faire taire les armes et remettre le débat politique au centre.  Le retour à l’ordre constitutionnel doit être la boussole d’une nation en construction et en quête de paix et de développement. Le combat pour sauver le Mali des putschistes sans vision et enivrés par le pouvoir d’état, sera mené à termes par des patriotes convaincus. Déterminés, nous gagneront et la démocratie triomphera de la dictature.

Le 12 décembre 2020

Ismaël SACKO

 Président du PSDA 

Chevalier de l’ordre national

 

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