Avec son cortège de hausses de prix vertigineuses pour l’alimentation et le carburant, les effets de la guerre en Ukraine se sont diffusés de manière pernicieuse sur le continent africain. Aux pénuries d’huile ou de sucre s’ajoute une augmentation de plus de 20 % du prix du pain dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest.
De quoi compliquer le travail de l’organisation onusienne, la FAO, dont une grande partie de l’approvisionnement provenait des ports de la mer Noire. Elle doit maintenant tenir compte de frais de transport plus élevés et d’une augmentation de prix de plus de 40 % des céréales achetées localement en Afrique.
Lire aussi : Guerre en Ukraine : La nouvelle colère de la Russie qui touche l’Afrique
De leur côté, les agriculteurs affrontent des hausses de prix des engrais de plus de 38 %. Certains facteurs peuvent encore aggraver les difficultés du continent, l’un est l’interdiction par l’Indonésie des exportations d’huile de palme, très utilisée en Afrique, qui va encore peser sur la pénurie d’huiles. L’autre est la flambée des cours du pétrole qui aide à peine les pays africains producteurs et handicape tous
les autres par un effet amplificateur mécanique sur les prix des marchandises.
« L’Afrique ne tire pas d’avantages de l’augmentation des prix du pétrole brut, car la plupart des pays producteurs ne produisent pas suffisamment. Que ce soit le Nigeria, le Ghana, l’Égypte ou l’Angola, ces pays ont des productions déclinantes et ne peuvent donc pas profiter de ces barils à plus de 100 dollars », souligne depuis Lagos, Toyin Akinosho, l’éditeur de la lettre spécialisée Africa Oil and Gas.
Lire aussi : En visite politique dans la région de la Mé – Laurent Gbagbo demande la libération d’un cyber-activiste pro-Soro
Les solutions ne sont cependant pas hors de portée, soulignent de nombreux experts. La Banque africaine de développement (BAD) se prépare ainsi à un impact sévère de la guerre en Ukraine qui pourrait se traduire par une pénurie alimentaire équivalente à 30 millions de tonnes et un déficit de 2 millions de tonnes dans l’approvisionnement en engrais.
L’organisation a apporté une première réponse en déployant un fonds de 1,5 milliard de dollars pour assurer que 20 millions d’agriculteurs africains disposent de semences certifiées hautement résistantes aux conditions climatiques du continent et d’engrais. Objectif : la production de 38 millions de tonnes de récoltes de blé, maïs, riz et soja.
La guerre en Ukraine risque de plomber la sécurité alimentaire mondiale et l’Afrique sera immanquablement la grande victime de cette situation désastreuse. Alors que les Africains ne sont ni de près ni de loin concernés par la guerre en Ukraine déclenchée en février 2022 et qui oppose, d’une part, l’Etat ukrainien soutenu activement, à travers la livraison d’armes et d’argent, par les pays occidentaux dont les Etats Unis en tête, et d’autre par le Fédération de Russie timidement soutenue timidement par la Chine.
Les pays occidentaux s’efforcent à coups de chantage et de menaces subtiles ou avérées à impliquer vaille que vaille les pays africains dans la guerre en Ukraine. Ils veulent que les pays africains prennent position majoritairement contre la Russie dans ce conflit géostratégique qui oppose en vérité les pays occidentaux à la Russie soutenue par la Chine.
Malheureusement pour les pays occidentaux ( les Etats-Unis et les pays d’Europe, pour l’essentiel), l’Afrique a des positions divergentes sur la guerre en Ukraine. Certains pays africains soutiennent l’Ukraine et condamnent la Russie, d’autres pays soutiennent la Russie et d’autres encore préfèrent s’abstenir de voter des résolutions contre la Russie à l’ONU.
En termes de représailles et de conséquences vécues par les pays africains vis-à-vis de l’occident, les sanctions de l’occident contre la Russie touchent également les pays africains. C’est le cas du pétrole, des céréales, des engrais etc. l’Afrique est durablement touchée en guise de victime collatérale des sanctions visant la Russie.
Comment les pays africains peuvent-ils se sortir d’une telle situation ? Telle est la question fondamentale que l’on se pose. D’autant que mêmes des pays occidentaux tels que la France subissent les contrecoups de la guerre en Ukraine.
Si les pays occidentaux dont bon nombre sont développés sont frappés de plein fouet par les conséquences de la guerre en Ukraine, on se demande comment les pays africains pauvres peuvent-ils s’en sortir ? La solution n’est rien d’autre que l’instauration du dialogue entre la Russie et l’Ukraine pour mettre fin à la guerre et la levée totale des sanctions économiques contre la Russie infligées par les Etats Unis et les pays occidentaux afin que le monde ne sombre pas dans la famine , la grave crise économique et humanitaire.
Une contribution de
Koné Moussa
Citoyen malien vivant en Europe
Laissez une réponse