Coopération militaire : L’Afrique, ce vaste marché pour la vente des armes made in USA

Nous sommes en avril 2022. Douze hélicoptères d’attaque AH-1Z Viper, mais aussi des systèmes de guidage et de vision nocturne, de l’armement ainsi qu’un package de formation pour les pilotes nigérians, voilà ce Washington va fournir à Abuja. Il s’agit, selon les autorités américaines, de « mieux équiper le Nigeria pour promouvoir la stabilité régionale et renforcer l’interopérabilité avec les États-Unis et les autres partenaires occidentaux ».

En clair, Washington soutient la lutte menée par le Nigeria contre les groupes armés djihadistes. Cet important contrat avait été retardé par le Congrès américain, soucieux d’obtenir des engagements de la part des Nigérians à mieux protéger les populations civiles dans les zones troublées. Washington normalise donc sa politique de fourniture d’armes au géant ouest-africain, après les années Obama durant lesquelles plusieurs contrats avaient été gelés. En 2021, Abuja a d’ailleurs reçu les premiers avions d’attaque au sol de type Super Tucano, un contrat initialement bloqué par Barack Obama, à la suite d’une frappe nigériane sur un camp de réfugiés, et dégelé ensuite par son successeur, Donald Trump.

L’administration Biden a donc donné le feu vert au Nigéria pour l’achat d’hélicoptères d’attaque avancés d’une valeur de près d’un milliard de dollars, malgré les inquiétudes concernant les droits de l’homme dans ce pays qui lutte contre les menaces des gangs criminels et des extrémistes dans le nord. Le Département d’État américain a annoncé l’approbation de la vente, pour un montant de 997 millions de dollars, de 24 hélicoptères Bell AH-1Z Viper et des équipements connexes au Nigeria. L’équipement connexe comprend des systèmes de guidage, de vision nocturne et de ciblage ainsi que des moteurs et un soutien à la formation, a indiqué le département dans un avis au Congrès.

La vente a eu lieu après une visite du secrétaire d’État Antony Blinken, en novembre 2021, à Abuja, au cours de laquelle il a fait part de ses inquiétudes quant au respect des droits de l’homme au Nigeria. À l’époque, cependant, Antony Blinken avait également précisé que les États-Unis considéraient le Nigeria comme un partenaire dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme islamique en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec 206 millions d’habitants, est en proie à la violence dans le nord et une alliance entre les deux groupes pourrait aggraver la crise, estiment les analystes.

Comme on peut le constater, l’Afrique demeure un marché pour les Etats-Unis d’Amérique, un vaste marché de 54 pays où ils peuvent livrer leurs armes. Alors que les ventes d’armes majeures au niveau mondial ont augmenté de 7,8% entre 2014 et 2018, les importations d’armes par les États africains ont diminué de 6,5%. Selon le dernier rapport du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), ce sont les pays d’Afrique du nord notamment l’Egypte, l’Algérie et le Maroc qui concentrent les plus gros achats du continent alors qu’en Afrique subsaharienne, le Nigeria, l’Angola, le Soudan, le Cameroun et le Sénégal viennent en tête. Malgré le recul des achats des pays africains, le marché attise la convoitise des grands exportateurs notamment les Etats-Unis, la Russie, la Chine et la France, qui constituent les premiers fournisseurs du continent.

Le rapport du SIPRI classe les pays en fonction des régions et pour ce qui est de l’Afrique, c’est l’Egypte qui mène la danse. Le pays du maréchal Al-Sissi, première puissance militaire du continent est d’ailleurs classé dans la région du Moyen-Orient où les importations d’armes ont augmenté de 87% les cinq dernières années. Le pays des Pharaons se classent même dans les dix principaux pays importateurs d’armes au monde avec 15% des achats d’armes la région, derrière l’Arabie saoudite (33%) mais devant les Émirats arabes unis (11%) et l’Iraq (11%). Dans cette région, ce sont les États-Unis qui ont fourni 54% de total des transferts d’armes, devant la Russie (9,6%) et la France (8,6%).

Dans ce classement des grands pays acheteurs d’armements sur le marché mondial, l’Afrique du nord fait bande à part. En plus de l’Egypte, les pays du Maghreb se positionnent également en tête de la liste en Afrique avec l’Algérie qui représente à elle seule, 56% des importations d’armes africaines (hors Egypte), suivies par le Maroc avec 15% des achats africains. Les quatre pays d’Afrique du Nord (Algérie, Libye, Maroc et Tunisie) représentaient 75% des importations d’armes en Afrique, mis à part l’Egypte et selon le rapport, leurs importations d’armes ont augmenté de 20% entre 2009-2013 et 2014-2018.

Avec 4,8% des achats africains, le Nigeria arrive en tête des plus grands acheteurs en Afrique subsaharienne. Il est suivi par l’Angola, le Soudan, le Cameroun et le Sénégal. A eux seuls, ces cinq pays représentaient 56% des importations d’armes dans la sous-région. Selon les données compilées par le SIPRI, les États d’Afrique subsaharienne ont reçu 25% du total des importations africaines en 2014-2018, et leurs importations d’armes ont diminué de 45% entre 2009-2013 et entre 2014-2018.  Malgré une légère baisse, le marché africain des armes attise pourtant une féroce concurrence des plus grands fournisseurs mondiaux dont en bonne place les Etats-Unis d’Amérique. Par exemple, les États-Unis avec 62% ont été le principal fournisseur d’armes au Maroc en 2014-2018.

 

Une contribution de

Moussa Koné

Citoyen malien

 

 

 

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