« La rencontre de ce jour a été une rencontre de retrouvailles pour renouer le contact et échanger, dans la vérité, leurs points de vue sur toutes ces grandes questions. Le Président de la République et ses deux prédécesseurs ont exprimé leur volonté de faire de cette première rencontre un levain de la décrispation du climat socio-politique national en Côte d’Ivoire. Le Président de la République a salué la spontanéité de la réponse réservée à son invitation. Les Présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, pour leur part, ont exprimé leur reconnaissance au Président Alassane Ouattara pour son accueil fraternel. Je vous remercie »,
C’est le communiqué final qui a sanctionné la rencontre entre Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo qui s’est tenue, ce jeudi 14 juillet 2022, au palais présidentiel d’Abidjan-Plateau. Ce communiqué a été lu par l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo au nom du trio. Sans doute parce qu’il est le benjamin des trois personnalités, il a été affecté à cela pour sacrifier à la tradition africaine. Gbagbo étant âgé de 77 ans, Ouattara de 80 ans et Bédié, 87 ans. Après Laurent Gbagbo, la parole est revenue à l’hôte de la rencontre, le président de la République, Alassane Ouattara.
«Cette rencontre sera régulière. Chaque fois que mes prédécesseurs auront le temps de reprendre ces échanges, je leur ferai appel pour recueillir leurs avis et leurs recommandations. Ce sera une très bonne chose pour la nation », a-t-il affirmé sous le regard attentif et approbateur de l’ancien chef de l’Etat, Henri Konan Bédié.
Cette rencontre à trois, la première depuis le retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, le 17 juin 2021, suite à la bienveillance d’Alassane Ouattara s’inscrit également dans le prolongement du dialogue politique entre le gouvernement et l’opposition. Si rien n’a filtré de ce tête-à-tête à trois qui a duré 1h20 mm, on se doute que les discussions ont porté sur les élections régionales et municipales de 2023 ainsi que le climat apaisé dans lequel elles devront se dérouler. Ouattara, Bédié et Gbagbo ont assurément évoqué les recommandations du dialogue politique au nombre desquelles la libération des prisonniers politiques, la réforme de la commission électorale indépendante (CEI) etc. La dernière phase de ce dialogue politique organisée, il y a quelques mois, avait recommandé une rencontre « au sommet » entre Ouattara, Bédié et Gbagbo.
Ces trois personnalités qui cristallisent depuis une trentaine d’années les passions et conflits politiques souvent sanglantes devaient se rencontrer pour amorcer un début de réconciliation susceptible, estiment certains observateurs, d’apaiser les tensions avant les élections générales de 2023 et la présidentielle cruciale de 2025. Pour d’autres observateurs, cette rencontre entre Ouattara, Bédié et Gbagbo et celles qui suivront accoucheront toutes d’une souris comme les précédentes notamment celle d’avant le scrutin présidentiel de 2010 qui n’a pas pu empêcher la guerre post-électorale de 2010-2011 qui a fait des milliers de morts et d’exilés. Le climat à cette rencontre du 14 juillet 2022 était convivial et fraternel avec des accolades et des mots d’attention réciproques. Arrivé à 16h50 mn, Laurent Gbagbo a été accueilli par Alassane Ouattara sur le perron du palais présidentiel où les deux hommes se sont donnés des accolades et ont cheminé main dans la main vers la salle du petit Palais. « Alors Laurent tu vas bien ? Et ton voyage, ça s’est passé bien? », a soutenu amical Alassane Ouattara.
« Tout s’est bien passé », a répondu Laurent Gbagbo avec un large sourire. Quelques minutes plus tard, soit à 16h54 mn, Henri Konan Bédié est arrivé. Il a été également accueilli par Alassane Ouattara qui lui a lancé : « Président comment vas-tu ? Comment va ma grande sœur ?». Bédié a rétorqué visiblement ravi : « Oui ça va ! Elle a commencé à récupérer ». Parlant de son épouse Henriette Konan Bédié. Les trois personnalités ont posé pour les photographes avant de démarrer leurs échanges qu’ils ont présentés dans le communiqué final comme « un levain pour la décrispation du climat socio-politique national ».
Didier Depry
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