Côte d’Ivoire /  Affaire « 49 militaires ivoiriens arrêtés au Mali » : Des partis politiques de l’opposition prennent  position

A l’occasion de la 4e édition de la « Tribune du PPA-CI » qui s’est tenue, le jeudi 21 juillet 2022, au siège du mouvement politique EDS à la Riviera-Anono (Abidjan), Justin Koné Katinan, porte-parole du PPA-CI, a livré la position du parti politique dirigé par l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, sur la question des 49 militaires ivoiriens arrêtés au Mali. Le PPA-CI exige une enquête parlementaire pour faire la lumière sur cette affaire. Voici la déclaration du PPA-CI.

 

Mesdames et messieurs les membres de la direction du parti ;
Mesdames et messieurs les journalistes
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Je voudrais, une fois encore, vous remercier au nom de son Excellence le Président Laurent Gbagbo et l’ensemble de la haute direction du PPA-CI pour votre présence à ce 4ème rendez-vous de la tribune du PPA-CI

(…)

III.  UNE DIPLOMATIE SOUS-REGIONALE INQUIETANTE

Depuis un certain temps, notre pays est soupçonné par certains de ses voisins de mener une diplomatie agressive vis-à-vis d’eux. Des pays comme le Mali n’hésitent pas à indexer la Côte d’Ivoire comme étant la base arrière des entreprises de sa déstabilisation. En effet, depuis la chute du Feu le Président Ibrahim Boubacar Kéita, les autorités de transition ne cachent pas leur méfiance vis-à-vis des autorités ivoiriennes. Les sanctions de la CEDEAO, immédiatement endossées et appliquées par l’UEMOA, ont été perçues par les autorités maliennes comme résultant de l’activisme du Chef de l’Etat ivoirien contre les intérêts du peuple malien. Les autorités maliennes et le peuple malien ne sont pas les seuls à avoir ce sentiment. Le patriotisme, qui est attendu de chaque citoyen ivoirien, reste insuffisant pour nier que de nombreux faisceaux d’indices militent à la faveur de l’indexation que les autorités maliennes font de notre pays. Plusieurs faits sont avancés par les autorités maliennes pour justifier leur méfiance contre le pouvoir ivoirien.
– A la suite de l’application des sanctions du 10 janvier 2022 de la CEDEAO contre le Mali, le gouvernement malien avait « dénoncé une violation de son espace aérien par un avion français. L’appareil aurait effectué l’aller-retour entre Abidjan (Côte d’Ivoire) et Gao (Mali). L’ASECNA avait déclaré ne pas avoir été informée préalablement de l’existence du vol ;
– C’est depuis à Abidjan, la capitale ivoirienne, que M. Ibrahim Camara a annoncé, en février 2022, la mise sur pied d’un Conseil transitoire pour gérer le Mali. Il s’est d’ailleurs fait autoproclamer président de la transition au détriment du colonel Assimi Goïta. Même si le gouvernement ivoirien avait réagi après coup en tantant d’interpeler monsieur Camara, mais son entreprise défiante vis-à-vis des autorités de son pays a été favorisée par le sentiment de tolérance qu’il croyait percevoir de la part des autorités ivoiriennes
– En février 2022, le procureur du tribunal de la Commune IV de Bamako a confirmé une enquête ouverte sur l’authenticité d’un enregistrement à propos duquel plusieurs sources ont indiqué entendre une conversation téléphonique entre un ancien premier ministre malien, Boubou Cissé, et le président ivoirien, Alassane Ouattara, sur l’impact des sanctions de la CEDEAO sur l’économie malienne et ses finances publiques, le poids de certains dirigeants maliens, etc.
C’est dans ce contexte délétère des relations difficiles entre les deux pays qu’éclate l’affaire dite « 49 soldats ivoiriens arrêtés au Mali ».
Le dimanche 10 juillet 2022, deux aéronefs en provenance de la République de Côte d’Ivoire ont atterri à l’aéroport Modibo Keita de Bamako Semou.  Selon les autorités maliennes Ies deux aéronefs transportaient 49 militaires ivoiriens et des équipements militaires dont des armements et munitions de guerre. Leur reprochant leur présence illégale sur le territoire malien, les autorités maliennes ont décidé de les interpeller et de saisir leur matériel.
Les autorités maliennes ont fait les constats suivants :
– L’absence d’ordre de mission et d’autorisation ;
– La dissimulation de leur profession militaire sous diverses qualités : étudiants, chauffeur, vendeuse, peintre, vigile, maçon, etc.
– La diversité de justification de leur présence sur le territoire malien : mission confidentielle, rotation au sein de la MINUSMA, sécurisation de la base logistique de la compagnie aérienne SAS, protection du contingent allemand ;
Les autorités maliennes leur reprochent fondamentalement le non-respect des procédures encadrant le déploiement de militaires et de leur armement. De fait, les manquements et infractions suivants ont été relevés :
– La non information du ministère des affaires étrangères et de la coopération, par les canaux officiels au sujet du déploiement des militaires ivoiriens ;
– La violation du code pénal malien incriminant les atteintes à la sécurité intérieure dont l’atteinte à l’intégrité du territoire ;
– La violation de la législation relative à l’aviation civile obligeant tous les vols à produire les manifestes passager et cargo avant le décollage et faisant ressortir l’identité des passagers ;
– La violation du code malien des douanes se rapportant à la conduite en douane et au régime d’importation temporaire.
Au regard des manquements et des infractions sus indiqués, le gouvernement de transition du Mali considère les 49 militaires ivoiriens comme des mercenaires au sens de la Convention de l’OUA sur l’élimination du mercenariat en Afrique.
Dans la droite ligne de ces considérations, le gouvernement de transition a pris un certain nombre de décisions :
– Mettre fin à l’activité de protection de la compagnie aérienne SAS par des forces étrangères et exiger leur départ immédiat du territoire malien ;
– Transmettre le dossier aux autorités judiciaires compétentes ;
– Mettre les 49 militaires interpellés à la disposition des autorités judiciaires compétentes. A ce propos, le Procureur Général près de la Cour d’appel de Bamako «a instruit l’ouverture d’une enquête judiciaire pour faire toute la lumière sur cette affaire », dans un communiqué publié le 18 juillet 2022.
Le démenti du gouvernement ivoirien des allégations des autorités maliennes est rendu inaudible par les déclarations contradictoires des agences de l’ONU en charge du Mali sur le sujet.
Dans un le même registre, le 7 juillet dernier, le gouvernement ivoirien a affrété un aéronef de la flotte présidentielle, à monsieur Blaise Compaoré, pour qu’il se rende au Burkina Faso qu’il avait quitté en octobre 2014 à la suite d’un soulèvement populaire. Ce retour a été présenté à la fois par les autorités burkinabés, qui ont évincé manu militari Roch Kaboré du pouvoir, et les autorités ivoiriennes comme participant d’un processus de réconciliation nationale. L’ancien Président du Burkina Faso devrait participer à une rencontre réunissant tous les anciens Chefs de l’Etat. Sur les 5 anciens dirigeants pressentis pour cette rencontre, seuls messieurs Blaise Compaoré et Jean Baptiste Ouédraogo ont pu y participer. Les trois autres, chacun avec ses justificatifs et prétextes, ont décliné l’invitation.
Pire, des voies se sont levées, tant au niveau de la population que l’appareil judiciaire, pour demander l’arrestation du Président Blaise Compaoré, condamné à vie, dans l’affaire de l’assassinat de Thomas Sankara. L’initiative de la réconciliation, en elle-même, est digne d’intérêt pour le Burkina Faso et la sous-région.  Cependant la conduite de celle-ci donne du crédit à l’opinion de plus en plus forte de l’opinion burkinabé et d’ailleurs qui soutient que la chute du Président Roch Kaboré sert d’autres intérêts que ceux qui étaient avancés pour justifier cette chute, dans laquelle, cette opinion voit un activisme de la Côte d’Ivoire.  Cet activisme servirait, selon toujours cette opinion, à remettre en selle le régime déchu par le soulèvement populaire d’octobre 2014.

En somme, l’image que notre pays offre de lui-même dans la sous-région est celle d’un pays agressif pour le compte d’autrui. Le régime ivoirien aurait remplacé, dans ce registre, celui de Blaise Compaoré qui, lui-même, avait remplacé celui d’Houphouët. Or ces expériences ont laissé des séquelles quasi-indélébile, dans la conscience politique africaine. Les peuples ont de la mémoire et parfois de la rancune. Beaucoup de leaders politiques africains ou de la société civile avaient pris fait et cause pour la rébellion de 2002 pour la seule raison qu’ils se réjouissaient du fait que ce que notre pays avait semé partout en Afrique, avait fini par fleurir chez nous. Or, du fait de l’explosion des moyens de communication, les mains qui agissaient naguère dans l’ombre sont de plus en plus visibles.

En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, l’activisme du gouvernement ivoirien est doublement gênant. En effet, il provoque des frustrations aussi bien à l’intérieur de la Côte d’Ivoire qu’à l’extérieur de celle-ci. Les ressortissants du Burkina Faso et du Mali constituent l’écrasante majorité de la population étrangère en Côte d’Ivoire. Il serait illusoire de penser qu’ils sont insensibles à ce qui se déroule dans leurs pays. En prenant le cas particulier du Président Blaise Compaoré, il bénéficie de toutes les largesses de l’Etat ivoirien qui lui assure gîte et couvert. Il se déplace en avion de la flotte présidentielle. Cette générosité, en elle-même, ne pose aucun problème. L’hospitalité est une valeur africaine. Ce qui est gênant est que le Président Laurent GBAGBO, ancien Président de la République est rentré de son exil-prison difficilement et par un vol commercial. Il habite une résidence personnelle, à ses frais. Ne serait-ce qu’au niveau de la morale, il y a quelque chose de gênant.
La crise entre le Mali et la Côte d’Ivoire prend des proportions inquiétantes même si l’on doit se féliciter de la bonne disposition d’esprit des autorités maliennes à privilégier la solution diplomatique. C’est pourquoi :
– Le PPA-CI et son Président saluent les initiatives diplomatiques qui ont cours actuellement et les appuient totalement.
– Le PPA-CI demande au gouvernement la plus grande transparence dans la gestion de la crise des 49 présumés soldats ivoiriens arrêtés au Mali. Le flou qui entoure la mission de ces soldats ne sert pas la cause et l’image de notre armée.
– Exige une enquête parlementaire sur la question et que les résultats de cette enquête soient portés à la connaissance du grand public.
– Conseille au gouvernement ivoirien, une plus grande retenue dans la diplomatie qui doit privilégier, en toute circonstance, les intérêts immédiats et futurs de notre pays et ceux de l’Afrique.

Je vous remercie pour votre aimable attention

Justin Katinan Koné
2ème Vice-Président du CSP
Porte-Parole du PPA-CI

 

Le FPI demande au gouvernement à « privilégier l’axe de la diplomatie » pour la libération des militaires ivoiriens détenus au Mali

 

Dans cette déclaration, le FPI, parti politique dont Laurent Gbagbo est l’un des fondateurs et qui est dirigé par l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, expose sa position relativement à l’affaire des 49 militaires détenus au Mali.

 

 

Le dimanche 10 juillet 2022, quarante-neuf (49) militaires ivoiriens ont été arrêtés, en début d’après-midi, à l’aéroport international de Bamako. Ces soldats ont été présentés par les autorités maliennes, lundi, comme des mercenaires.

 

Le mardi 12 juillet 2022, le gouvernement ivoirien a réagi, à travers le Conseil national de sécurité (CNS) qui a produit un communiqué en indiquant qu’il s’agit de « militaires régulièrement inscrits dans l’effectif de l’Armée ivoirienne qui se trouvent au Mali, dans le cadre des opérations des Eléments Nationaux de Soutien (NSE) » et que « la présence de ce détachement des Eléments Nationaux de Soutien est conforme aux mécanismes des Missions de maintien de la Paix et est bien connu des autorités maliennes ».

 

Malgré les éclairages apportés par les autorités politiques et militaires ivoiriennes ainsi que les appels à la libération des prisonniers, les autorités maliennes campent sur leur position invoquant que la présence des militaires ivoiriens ne saurait se justifier.

Le FPI suit avec beaucoup d’attention le déroulement du dossier des 49 militaires ivoiriens détenus au Mali et encourage le gouvernement à privilégier l’axe de la diplomatie dans la quête de solutions pour le dénouement heureux et diligent de cette affaire.

Le FPI demande la libération des 49 militaires, nos concitoyens, détenus au Mali, exprime sa solidarité avec leurs différentes familles et reste saisi du dossier.

 

Fait à Abidjan, le 17 juillet 2022

 

Le Secrétaire Général et Porte-parole du FPI

Issiaka Sangaré

 

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