Côte d’Ivoire / Scandale financier  – La FIDHOP réclame une enquête sur une affaire de 40 milliards de Fcfa détournés

La Fondation internationale pour l’observation et la surveillance des droits de l’Homme et de la vie pacifique (FIDHOP), membre de la société civile ivoirienne, a lancé un appel aux autorités pour qu’elles fassent toute la lumière sur une affaire de détournement de fonds qui secoue le pays depuis 2020. C’était au cours d’une conférence de presse que son président, Dr. Gervais Boga Sako, a animée, le vendredi 3 mai 2024, à la Maison de la presse d’Abidjan (MPA), dans la commune du Plateau.

Une affaire complexe impliquant Dr. Amon Julien Koffi, directeur général de DICI Immobiliers, et la Société ivoirienne de banque (SIB) a été remise au goût du jour par Dr. Gervais Boga Sako. Selon le président de la FIDHOP, Dr. Koffi a obtenu un prêt de plusieurs millions d’euros pour un projet de construction de logements en Côte d’Ivoire. Cependant, il allègue qu’un montant de 60 millions d’euros (soit 40 milliards de FCFA) qui lui a été transféré en 2020 n’a jamais été reçu.  Dr. Amon Julien Koffi a été arrêté et emprisonné, puis relaxé sans motifs. Il continue, au dire du conférencier, de crier à l’injustice et appelle les autorités à l’aide, mais jusqu’à présent, aucune justice ne lui a été rendue.

Selon Dr. Gervais Boga Sako,  cette affaire implique plusieurs institutions étatiques de la Côte d’Ivoire, dont la CENTIF, le TrésorPublic, l’APBEF, la Police économique, le Pôle pénal économique et financier, le Médiateur de la République, la Primature et la BCEAO. Les fonds, a affirmé, le conférencier, proviennent de deux financements accordés par FOREX CAPITAL LIMITED, pour le projet immobilier de l’Union syndicale des agents du Trésor de Côte d’Ivoire (USAT-CI) et le projet immobilier de Club d’investissement des fonctionnaires et agents de l’État (CIFAE). « En clair, les deux fonds étaient destinés à financer deux projets immobiliers. Le premier transfert, de 19.770.000.000 FCFA venant du compte de FOREX CAPITAL LIMITED, de sa Banque BARCLAYS de Londres, était destiné à financer 4.513 logements pour l’USAT-CI. Une partie des fonds transférée, le 26 mai 2020, sur le compte du notaire de l’opération immobilière, Études de Me Assalé Tanoh Jean-Marie. Le deuxième fonds, de 19.770.000.000 FCFA aussi venant de la Banque DEUTSCHE de Berlin, était destiné à financer 2.275 logements pour CIFAE. Une partie des fonds transférée aussi le 02 juillet 2020 sur le compte de leur partenaire l’ONG RCEEDAO », a précisé Dr. Gervais Boga Sako.

En ce qui concerne l’action de la justice ivoirienne dans cette affaire, le conférencier dira que Dr. Julien Koffi et Michel Tébily ont été arrêtés, jugés et condamnés pour fausses accusations. « Ils ont été emprisonnés en décembre 2020 et libérés provisoirement fin décembre 2020 », a-t-il révélé. Il a ajouté qu’un rapport d’expertise internationale a été commandé par la juge du Pôle pénal économique et financier du Tribunal de première instance d’Abidjan, Mme Adja épouse Bictogo. « Le Bureau Afrique d’expertises judiciaires et d’investigations (BAEJI), dirigé par M. Yao K. Bertin, a été chargé de mener les investigations. Selon le rapport, il y a eu transfert effectif et le SWIFT émis par la BARCLAYS est authentique », a-t-il rappelé.

Malgré tout, à en croire le président de la FIDHOP, la justice ivoirienne a décidé de bloquer tous les comptes de la société DICI Immobiliers, de son directeur général et du notaire. « Cela a eu des conséquences importantes, notamment la suspension de plus 8.500 emplois directs et l’empêchement pour des Ivoiriens d’accéder à plus de 80.000 logements », a-t-il regretté.

Dr. Gervais Boga Sako a expliqué que le directeur général de DICI Immobiliers a entrepris de nombreuses démarches depuis 2020 y compris l’envoi de preuves de fonds et de déclarations d’emprunt à diverses institutions ainsi que la saisine de plusieurs institutions dont notamment le Conseil national des droits de l’Homme, le médiateur de la République de Côte d’Ivoire, et le Premier ministre de la République de Côte d’Ivoire. Malgré ces initiatives, a indiqué le conférencier, aucune action concrète n’a été prise par les institutions de la République de Côte d’Ivoire.

Selon le président de la FIDHOP, cette affaire a alors suscité l’intérêt de la FIDHOP qui réclame justice pour Dr. Amon Julien Koffi et la société DICI Immobiliers. Dans sa déclaration, le conférencier souligne l’importance de la confiance du peuple ivoirien en son système judiciaire et appelle à un dénouement juste de cette affaire qui, selon lui, ternit l’image de la Côte d’Ivoire et de son président Alassane Ouattara  à l’extérieur depuis 2020.

La FIDHOP demande au Premier ministre Beugré Mambé d’instruire le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des droits de l’Homme, Sansan Kambilé, à l’effet de faire toute la lumière sur cette affaire et d’élucider la mort en prison de Michel Tébily. Elle prie également le président de la République, Alassane Ouattara, chef de l’État, qui est garant du respect de l’État de droit consacré dans la Constitution, de veiller personnellement à ce que cette affaire trouve enfin un dénouement juste.

Robert Krassault

ciurbaine@yahoo.fr

 Légende photo : Le président de la Fondation internationale pour l’observation et la surveillance des droits de l’Homme et de la vie pacifique (FIDHOP), Dr. Gervais Boga Sako.

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