Côte d’Ivoire / Système éducatif en difficulté – Lettre ouverte des conseillers et inspecteurs pédagogiques à la ministre Mariatou Koné

Dans cette lettre ouverte adressée à leur tutelle, la ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, professeur Mariatou Koné, les conseillers et inspecteurs pédagogiques, à travers le Syndicat National des Conseillers et Inspecteurs pédagogiques de Côte d’Ivoire (SYNACIP), exposent leurs conditions exécrables de travail.

 Madame la Ministre,

Avec tout le respect dû à votre rang et à votre stature, nous voulons, pour une fois, Inspecteurs pédagogiques, être sincères, clairs et simples avec vous :

  • Dans nos Antennes de la Pédagogie et de la formation Continue (APFC), nous entretenons une excellente ambiance et une très bonne et cordiale collaboration avec nos Chefs. Il en est de même avec nos Coordinations Nationales Disciplinaires (CND) de la Direction de la Pédagogie et de la Formation Continue (DPFC). C’est ce qui nous vaut les quelques résultats que nous produisons, sinon, nous pourrions faire mieux, si les conditions étaient réunies. Seulement voilà ! Malgré tous nos efforts, nous travaillons dans des conditions misérables, intenables et injustifiées. Depuis la rentrée scolaire 2024-2025 jusqu’à ce jour, lundi 16 décembre 2024, nous avons effectué toutes les missions régionales à crédit et attendons d’être remboursés en cette période de rentrée scolaire doublée de fêtes de fin d’année.
  • Dans les missions et travaux commandés par le ministère ou autres institutions nationales ou internationales, nous faisons du surhumain pour vous donner satisfaction au nom de notre attachement et de notre dévouement à la cause nationale parce que cela va vous étonner peut-être : là encore on nous traite comme des bêtes à tirer la charrue. Quand nous savons les montants alloués à ces missions, nous avons le sentiment que c’est du mépris que nos supérieurs hiérarchiques ont pour nous.
  • Ce sentiment de mépris prend encore des proportions considérables quand nous faisons mention de la question des indemnités de fonction. En effet, depuis 2008 à ce jour, des enseignants se soumettent à des tests, concours et formations en vue d’une promotion pour entrer dans l’Encadrement pédagogique et, finalement, ils y sont déversés sans titre ni fonction. Toutes les démarches entreprises pour leur faire droit sont restées vaines.

En clair, Madame, en dépit des grands chantiers et projets pédagogiques en cours dans notre ministère, le système scolaire de la Côte d’Ivoire, notre NATION, agonise et ses forces s’amenuisent faute d’un encadrement pédagogique équipé et entretenu. Au vu de ce qui précède, nous nous posons ces questions :

  • Que recherche exactement, le Ministère de l’Education Nationale de Côte d’Ivoire ?
  • Que peut-on attendre de quelqu’un à qui l’on ne donne même pas le minimum pour travailler ?
  • Que peut produire un individu quand il n’a aucun moyen pour le faire, aussi intelligent, compétent et dévoué soit-il ?

Aussi, Madame, voudrions-nous, nous responsables de la plus vieille structure syndicale du milieu de l’Encadrement pédagogique, le Syndicat National des Conseillers et Inspecteurs pédagogiques de Côte d’Ivoire (SYNACIP), faire appel à votre sens maternel, au nom de tous les apprenants de Côte d’Ivoire et de leurs parents qui espèrent chaque jour de meilleurs résultats, pour peser de tout votre poids afin que :

  • Les missions effectuées dans les APFC soient payées dans les meilleurs délais.
  • Désormais les missions soient effectivement payées avant effectuation partout dans toutes les APFC, selon des proportions raisonnables (car dans certaines APFC, c’est une aberration de demander des frais de mission).
  • Les bureaux des APFC présentent un visage un peu plus respectable.
  • Les missions et travaux commandés par le ministère ou autres institutions nationales ou internationales se fassent selon les normes usuelles dans tous les ministères et services de Côte d’Ivoire ;
  • Que les personnels encadrants de la DPFC et, dans ses démembrements, les APFC soient reconnus dans leurs fonctions avec les arrêtés de nominations formels et les indemnités qui s’y rattachent.

Madame, nous osons croire en votre sens du bien pour que soient définitivement nettoyées ces petites tâches qui ne font pas honneur au personnel encadrant de la DPFC.

Pour le BEN du SYNACIP-CI

Le Secrétaire Général National

Kouadio Kouamé Ange

Légende photo : La ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, professeur Mariatou Koné.

 

 

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