Le mardi 18 juin 2024, le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a prononcé le discours sur l’état de la Nation devant les députés et sénateurs rassemblés en Congrès à Abidjan. Quelques jours après cette adresse à la Nation, Générations et Peuples Solidaires (GPS), le parti politique de l’ancien Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, qui vit en exil depuis 2019, a durement critiqué le discours du chef de l’Etat. Ci-dessous l’intégralité du regard critique de GPS sur ce discours sur l’état de la Nation.
Déclaration de Générations et Peuples Solidaires (GPS) sur la vie de la Nation
A l’occasion de sa réunion du samedi 22 juin 2024, le Cadre Restreint de Générations et Peuples Solidaires (GPS) a, comme à l’accoutumée, porté une attention particulière à la situation socio-politique nationale et internationale.
- Discours du Chef de l’État
Se penchant sur le discours du Président Alassane Ouattara devant le Parlement réuni en Congrès, le 18 juin 2024, le Cadre Restreint de GPS n’a pas manqué de partager le sentiment de totale déception qui s’est dégagé chez bon nombre d’Ivoiriens. En effet, face à tant de solennité, le peuple a été frustré et floué par un discours qui s’est tenu loin des préoccupations des populations. En lieu et place, ce fut une autocélébration, en réalité, une adresse pour contenter certains partenaires internationaux. Les préoccupations légitimes des Ivoiriens ont été royalement ignorées. Ainsi, rien de concret n’a été dit sur les questions essentielles, objets des attentes pressantes des populations, notamment l’augmentation irrationnelle du coût de l’électricité, de l’eau, des aliments de première nécessité, du transport, du carburant.
- Gestion des inondations
Le Cadre Restreint de GPS note que face au drame des inondations dans les communes d’Abidjan, le Gouvernement n’a pas eu la moindre compassion. Les investissements annoncés à coup de milliards de FCFA dans l’assainissement n’apportent toujours pas de solutions pérennes et les populations d’Abidjan sont angoissées au début de chaque saison des pluies. En effet, des déguerpissements inhumains, au cours desquels les vies de milliers de personnes ont été anéanties, ont été effectués en pleine année scolaire et en pleine saison des pluies, sans trêve, sans répit. Ni lieu d’habitation, ni commerce, ni église, ni mosquée, ni temple n’ont été épargnés.
Mais ces déguerpissements n’ont pas empêché les inondations et les effondrements d’immeubles qui ont occasionné environ 24 morts et des dizaines de blessés. Les victimes de ces déplacements forcés n’ont bénéficié d’aucune aide sociale véritable, ni d’une forme quelconque de soutien matériel, aggravant encore plus leur situation de précarité psychologique et matérielle. La lutte contre la pauvreté s’est de fait muée en lutte contre les pauvres. GPS s’incline devant la mémoire de tous ces morts et adresse ses condoléances les plus attristées aux familles endeuillées. GPS souhaite un prompt rétablissement aux blessés et est compatissant face aux nombreuses familles devenues des « sans domiciles fixes » du fait de ces déguerpissements impréparés. GPS prône une approche plus humaine des politiques de restructuration et de modernisation de nos quartiers et villes.
- Éducation
Sur un autre chapitre, le cadre Restreint de GPS s’est félicité des résultats au BEPC avec une progression de 10 points par rapport à 2023, passant de 31,74% à 40,18%. Les résultats du CEPE ont connu un taux de réussite de 83,46%, qui constitue une progression notable de 12,18 points comparée aux 71,28% de l’année précédente. Cependant, ces chiffres ne doivent pas cacher les énormes efforts à fournir pour avoir un taux de succès à la dimension des ambitions de notre pays. L’école obligatoire jusqu’à 16 ans, conjuguée avec des investissements judicieux en formation et rémunération des enseignants, devrait y aider. Une réallocation intra du budget de tous les ordres du système d’Éducation dans notre pays devrait y contribuer. GPS s’engage à une réforme profonde du système d’éducation, de formation professionnelle et technique de notre pays pour une école nouvelle au service de la société.
- Réconciliation nationale et Démocratie
Le Cadre Restreint de GPS note que la réconciliation nationale ainsi que la création d’un cadre démocratique sain et transparent, facteurs de paix et de cohésion sociale, ne constituent pas des objectifs pour le Président Alassane Ouattara. Pour lui, les seuls agrégats macroéconomiques suffisent à l’appréciation de la cohésion sociale et de la paix, facteurs de développement. Rien n’a été dit sur la libération des prisonniers politiques, la décrispation de l’espace politique, l’inclusivité et l’ouverture du jeu démocratique. La réforme de la CEI, le découpage électoral, l’amnistie pour les acteurs politiques condamnés et/ou en exil sont les vecteurs de réconciliation nationale royalement omis par le Président Alassane Ouattara. Il a donc manqué, une fois de plus, l’occasion de rentrer dans l’histoire politique de notre pays par la grande porte, celle de la paix et de la fraternité.
GPS note que le seul enjeu qui préoccupe le Président Ouattara c’est comment gagner l’élection présidentielle et conserver le pouvoir en 2025 pour lui et pour son clan. GPS considère que ne pas regarder au-delà de 2025 est une manifestation évidente de cécité politique visant à sacrifier les générations futures dont l’avenir est déjà compromis par une dette abyssale frôlant les 30.000 milliards de FCFA, hypothéquant l’avenir de millions d’Ivoiriens et soumettant l’ensemble de la production nationale au paiement du service de la dette, sans contrepartie visible dans nos régions.
En tout état de cause, GPS invite tous les Ivoiriens à s’approprier, le moment venu, le processus électoral, dans le respect mutuel des uns et des autres, afin de garantir les chances d’opérer des changements bénéfiques à chacun.
Fait à Abidjan, le 25 juin 2024
Le Cadre Restreint
de Générations et Peuples Solidaires
Légende photo : L’ancien Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, président de GPS. (Archives)
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