Le lundi 22 avril 2024, les locaux du district autonome du Bas-Sassandra sis à San Pedro (sud-ouest de la Côte d’Ivoire) ont abrité la signature du protocole d’accord de cession de marchés aux fins de leur exécution entre le district autonome du Bas-Sassandra représenté par le ministre-gouverneur , M. Philippe Dakpa Légré, et l’entreprise AMWAJ ALHADAF et KAOLIN dont la maison-mère est basée en Arabie Saoudite et se nomme AMWAJ ALHADAF COMPANY. C’est M. Faris Waleed Motawe Ahmad qui a signé le document au nom de sa société en présence des membres de la délégation qui l’accompagnait.
Cette cérémonie de signature qui est l’aboutissement d’un processus de recherche d’investisseurs enclenché quelques mois auparavant cache, en vérité, une crise voire un scandale financier qui oppose quatre entités. Il s’agit de l’entreprise saoudienne AMWAJ ALHADAF COMPANY dont la représentation ivoirienne est AMWAJ ALHADAF et KAOLIN ; le cabinet BMP Capital ; M. Moussa Bamba, conseiller régional, président de la commission des relations internationales et de la coopération du Conseil régional du Bafing, militant du RHDP basé aux Etats-Unis d’Amérique ainsi que Mme Meryem, une marocaine mariée à un libanais et vivant en Côte d’Ivoire, qui était l’interprète de la délégation saoudienne.
Quatre entités au cœur de l’affaire
Le cabinet BMP Capital dirigé par Dr Adjé Kouamé Augustin a été commis par le ministre-gouverneur Philippe Légré pour rechercher des investisseurs afin de financer et exécuter les marchés du district autonome du Bas-Sassandra. C’est ce titre que le conseiller régional, M. Moussa Bamba, s’est adressé au cabinet BMP Capital pour signifier qu’il peut trouver des investisseurs. Il a produit une lettre d’intention à ce propos transmis au cabinet.
Depuis les Etats-Unis, M. Moussa Bamba a trouvé les investisseurs de l’entreprise saoudienne AMWA J ALHADAF COMPANY qu’il a invités en Côte d’Ivoire pour un séjour, du 17 au 22 avril 2024, en vue de possibilités d’investissements dans le pays. Moussa Bamba a obtenu tous les rendez-vous au profit de l’entreprise saoudienne avec divers ministères et plusieurs personnalités dont le président du Conseil économique et social, environnemental et culturel (CESEC), Dr Eugène Aka Aouélé, le ministre de l’environnement, Jacques Assahoré Konan, le roi de Moossou ainsi que le directeur de cabinet du ministère des transports, Dioman Coné.
« Le lundi 22 avril 2024, nous devrions être reçus par le ministre de la Santé ainsi que celui des Eaux et Forêts mais à ma grande surprise, je me rends à l’hôtel de mes hôtes saoudiens quand je constate qu’ils sont absents. J’apprends qu’ils se sont rendus à San Pedro. Ils y sont allés à mon insu pour signer un protocole d’accord pour les marchés du district autonome du Bas-Sassandra avec le ministre-gouverneur Philippe Légré. Ces marchés, c’est moi qui les ai obtenus. C’est pour eux que j’avais signé une lettre d’intention adressée au cabinet BMP Capital. C’est moi qui ai fait venir ces investisseurs saoudiens en Côte d’Ivoire. Je ne comprends donc pas qu’on puisse leur faire signer un important document à mon insu. Je n’accuse pas le ministre-gouverneur Philippe Légré, je pense qu’il n’était pas informé. J’accuse le cabinet BMP Capital et l’interprète marocaine, Mme Meryeme », soutient Moussa Bamba.
Un investissement de 300 milliards de Fcfa
Et de préciser : « Il faut noter qu’en ma qualité d’apporteur d’affaires, je dois percevoir, au titre de ma commission, un pourcentage du coût global de l’investissement. J’avais conclu cela avec les investisseurs saoudiens avant qu’on arrive ensemble en Côte d’Ivoire. Ils ont même dit qu’ils me paieraient dès que le constat de l’existence des marchés est fait et que la signature est effectuée. Il faut préciser que le coût global des marchés du district autonome du Bas-Sassandra est de 300 milliards de Fcfa. Dès qu’ils sont revenus de San Pedro et que je les ai interpellés, les saoudiens m’ont dit, selon l’interprète Meryem, que c’est le cabinet BMP Capital qui leur a dit de venir à San Pedro sans mon équipe et moi. Concernant ma commission, les investisseurs saoudiens me rétorquent de m’adresser au cabinet BMP Capital parce qu’ils ne peuvent pas payer deux commissions ».
Selon M. Moussa Bamba, les investisseurs saoudiens ont été pris dans une manœuvre qu’aurait orchestrée le cabinet BMP Capital et l’interprète marocaine, Meryem, visant à le spolier de sa commission. « J’ai fait venir ces investisseurs saoudiens qui ont manifesté leur désir d’investir dans de nombreux secteurs en Côte d’Ivoire. Dans les mines, l’énergie, le BTP etc. J’ai pris contact avec plusieurs ministères et le district autonome du Bas-Sassandra qui m’a orienté vers le cabinet BMP Capital qu’il a commis. Je n’aurai pas fait tout ce travail en vain. Voilà pourquoi, j’ai saisis un avocat pour défendre mes intérêts au regard du préjudice dont je suis victime », affirme-t-il.
Pour avoir la réaction du cabinet BMP Capital à propos de toutes ces accusations, nous avons joint, le vendredi 14 juin 2024, le président dudit cabinet, Dr Adjé Kouamé Augustin. « Dites à Monsieur Moussa Bamba que je lui dis merci », nous a-t-il affirmé sur un ton de colère à peine retenue. Tout en refusant de faire davantage de commentaires.
Les réactions du Dr Adjé et de Mme Meryem
Quant Mme Meryem, l’interprète marocaine des investisseurs saoudiens, que nous avons également joint au téléphone, le même jour, elle a soutenu ne pas connaître Moussa Bamba. Même quand nous lui avons dit que nous avons en notre possession des conversations par messages SMS entre M. Bamba et elle relativement au séjour de travail des investisseurs saoudiens en Côte d’Ivoire. Elle a répondu : « Monsieur le journaliste, je ne sais pas de quelle affaire vous me parlez. Vous me parler de monsieur Moussa Bamba, je ne connais pas ce monsieur ». Un scandale financier qui pourrait se retrouver devant les tribunaux ivoiriens dans un proche avenir.
Par Didier Depry
Légende photo : Les investisseurs saoudiens lors de la signature à San Pedro du protocole d’accord avec le ministre-gouverneur du district autonome du Bas-Sassandra, Philippe Légré.
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