À l’occasion de sa réunion ordinaire, tenue le samedi 30 novembre 2024, le Cadre restreint de Générations et Peuples Solidaires (GPS) a, comme à l’accoutumée, procédé à l’analyse de l’actualité socio-politique internationale et nationale. Un intérêt particulier a été porté aux points ci-après.
𝐃𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐮𝐬𝐩𝐞𝐧𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐝é𝐠𝐮𝐞𝐫𝐩𝐢𝐬𝐬𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐞𝐭 𝐚𝐭𝐭𝐫𝐢𝐛𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐥𝐨𝐭𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐝é𝐩𝐥𝐚𝐜é𝐞𝐬
Le cadre restreint de GPS s’est réjoui de l’annonce, par le Gouvernement, de sa décision de suspendre les déguerpissements et d’attribuer des lots aux précédents déguerpis. Si cette décision salutaire offre un répit aux compatriotes vivant dans ces quartiers d’attente, insalubres et dépourvus de tout assainissement, en dépit de la croissance économique à deux chiffres qu’a enregistrée notre pays pendant près de 15 ans, elle soulève plusieurs observations que le Cadre restreint de GPS tient à partager. En effet, c’est sous la gouvernance du RHDP que les populations concernées ont vécu le plus grand stress par rapport à leur condition de vie, alors qu’elles attendaient des améliorations substantielles. Au début de son mandat, M. Alassane Ouattara, dans une annonce électoraliste, avait promis un toit à chacun à moindre coût (5 000 000 FCFA) payable sur 25 ans, avec des taux d’intérêt bonifiés par l’Etat, sous le regard amusé du FMI.
Aujourd’hui, 15 ans après, plutôt que des logements tant attendus, c’est leur déguerpissement qui est devenu la politique publique du Gouvernement en matière de logement, avec en promesse l’attribution de lots. Il convient de rappeler qu’Abidjan a connu des déguerpissements sous les précédents régimes, mais ces derniers étaient empreints d’humanisme d’une part, et de rationalité économique d’autre part. En effet, les quartiers de « Port Bouët 2 », Niangon à Yopougon, et « Biabou » dans la commune d’Abobo ont été créés pour recaser les déguerpis de Port Bouët, Treichville (Arras) et « Washington » dans le quartier du Lycée Technique de Cocody. Pour ces déguerpissements, les familles à reloger avaient été recensées, et les lots leur avaient été attribués avant les déménagements.
Certes, les populations ont toujours résisté par divers moyens dilatoires, mais les déguerpissements ont toujours eu lieu dans le respect du droit au logement pour les uns et de l’application de la loi pour les autres. Cependant, jamais des déguerpissements n’ont été aussi cavaliers et brutaux que ceux-ci, dignes de régimes d’une autre époque, alors même qu’une politique de libéralisme économique à visage humain leur avait été promise par M. Alassane Ouattara en 2010.
Si GPS accueille favorablement la suspension des déguerpissements, il demeure dubitatif quant à la promesse d’attribution de 3 000 lots aux familles déguerpies, car l’adage souvent utilisé par le pouvoir actuel est que « les promesses ne valent que pour ceux qui y croient ». C’est pourquoi le Mouvement demande que ces attributions soient réalisées en respectant le code de transparence dans la gestion des finances publiques, en toute clarté et équité, tout en prenant les dispositions nécessaires pour éviter la reconstitution d’îlots de pauvreté au cœur de la cité. Cela nécessite une planification urbaine sérieuse, en prenant en compte que tout centre créé génère sa périphérie, et donc en prévoyant des quartiers assainis et aménagés pour les compatriotes qui ne peuvent pas se loger dans les conditions actuelles du marché immobilier urbain.
𝗚𝗣𝗦 𝗿𝗲𝗰𝗼𝗺𝗺𝗮𝗻𝗱𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝗺𝗲𝘀𝘂𝗿𝗲𝘀 𝘀𝘂𝗶𝘃𝗮𝗻𝘁𝗲𝘀 :
- 𝙍𝙚𝙡𝙤g𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩 𝙩𝙚𝙢𝙥𝙤𝙧𝙖𝙞𝙧𝙚 : en attendant l’attribution des lots, le Gouvernement doit prendre des mesures urgentes pour reloger les familles déguerpies, en collaboration avec le District d’Abidjan et les communes, afin d’éviter qu’elles ne soient laissées à l’abandon dans la cité, comme des « Jean Valjean » errants. Des solutions temporaires de logement peuvent être mises en place dans des structures d’accueil provisoires, des logements sociaux ou des bâtiments inoccupés, afin de garantir un minimum de dignité et de sécurité à ces populations fragilisées.
- 𝙋𝙧é𝙫𝙚𝙣𝙩𝙞𝙤𝙣 𝙙𝙚𝙨 𝙞𝙢𝙥𝙖𝙘𝙩𝙨 𝙨𝙤𝙘𝙞𝙖𝙪𝙭 𝙚𝙩 é𝙘𝙤𝙣𝙤𝙢𝙞𝙦𝙪𝙚𝙨 : afin de limiter l’aggravation des difficultés déjà vécues par les populations déguerpies, il est crucial de mettre en place des mesures économiques et sociales immédiates pour soutenir les familles concernées. Cela inclut des aides financières d’urgence, des formations professionnelles pour les adultes, des initiatives pour favoriser l’accès à des emplois temporaires ou à des micro-crédits afin de permettre à ces familles de reprendre progressivement une stabilité financière.
- 𝙋𝙡𝙖𝙣𝙞𝙛𝙞𝙘𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣 𝙪𝙧𝙗𝙖𝙞𝙣𝙚 𝙞𝙣𝙘𝙡𝙪𝙨𝙞𝙫𝙚 :GPS demande la création d’une commission indépendante d’attribution des lots comprenant l’Administration, le Parlement, et des représentants des déguerpis bénéficiaires. Il est également essentiel de planifier des quartiers qui intègrent des infrastructures de base telles que l’eau, l’assainissement, l’électricité et des espaces publics. Ces nouveaux quartiers doivent être pensés dans une optique de développement durable et d’inclusion sociale.
GPS appelle à une solution à long terme pour les déguerpis, en réaffirmant que la gestion du logement ne doit pas être réduite à une simple question d’attribution de lots, mais qu’elle doit inclure des mesures humanistes et solidaires pour restaurer la dignité des populations les plus vulnérables.
𝗗𝗲 𝗹’𝗼𝗿𝗴𝗮𝗻𝗶𝘀𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝘂 𝗦𝗮𝗹𝗼𝗻 𝗜𝗻𝘁𝗲𝗿𝗻𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝗮𝗹 𝗱𝗲 𝗥𝗲𝘀𝘀𝗼𝘂𝗿𝗰𝗲𝘀 𝗘𝘅𝘁𝗿𝗮𝗰𝘁𝗶𝘃𝗲𝘀 𝗲𝘁 É𝗻𝗲𝗿𝗴é𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲𝘀 (𝗦𝗜𝗥𝗘𝗫𝗘) 𝗲𝘁 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗴𝗲𝘀𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲𝘀 𝗿𝗲𝘀𝘀𝗼𝘂𝗿𝗰𝗲𝘀 𝗲𝘅𝘁𝗿𝗮𝗰𝘁𝗶𝘃𝗲𝘀
Du 27 novembre au 2 décembre 2024 s’est tenu à Abidjan le premier Salon International des Ressources Extractives et Énergétiques (SIREXE). Depuis la révision du Code minier en 2014, la diversification de ce secteur, historiquement dominé par l’or, est privilégiée. Le Gouvernement vise à passer de 3 % en 2014 à 6 % de contribution du secteur au PIB. Le manganèse, le nickel, la bauxite et le diamant sont les principales ressources sur lesquelles l’Etat compte s’appuyer pour atteindre cet objectif. Dans ce cadre, des permis de recherche ont été octroyés aux grandes entreprises internationales de l’industrie minière, parmi lesquelles Barrick Gold, Endeavour Mining, Perseus Mining, Allied Gold, Tietto Minerals, Fortuna Silver Mines, etc.
L’augmentation de la demande mondiale a favorisé l’extraction du nickel, du cobalt, des terres rares et du lithium dans de nombreux pays africains, y compris la Côte d’Ivoire. La récente découverte d’un important gisement d’or de classe mondiale à Tanda, à l’Est de la Côte d’Ivoire, et celle de Kani, au Centre-Ouest, illustrent les effets de cette politique volontariste visant à faire du secteur minier et énergétique un moteur de croissance pour le pays.
Dans cette optique, il paraît évident que le SIREXE représente une véritable opportunité pour attirer davantage d’investisseurs dans ce secteur, dont l’exploitation nécessite des capitaux et des investissements considérables. Ainsi, les objectifs annoncés de ce Salon sont, entre autres :
- Renforcer les partenariats sous-régionaux et internationaux pour la mobilisation des financements ;
- Mettre en valeur les potentialités de la Côte d’Ivoire ;
- Réfléchir aux défis à relever par les secteurs des mines, du pétrole et de l’énergie ;
- Présenter les grands projets prioritaires nationaux et sous-régionaux ;
- Promouvoir le contenu local et les métiers de toute la chaîne de valeur auprès des entrepreneurs et des jeunes ;
- Favoriser la découverte du secteur extractif et énergétique par le grand public.
Cependant, GPS souhaite attirer l’attention des autorités sur les effets induits par la ruée vers les mines, qui fragilise l’environnement et met en péril le couvert forestier et végétal. Alors que l’expansion du secteur minier vise l’intérêt général en contribuant de manière substantielle aux recettes fiscales et non fiscales, il est à craindre que ses effets pervers soient plus importants que les bénéfices attendus. L’exploitation des mines entraîne l’appauvrissement, voire la raréfaction, des terres arables, alors que le pays reste fortement tributaire de l’agriculture et de l’élevage de subsistance. À ce jour, près de 60 % des terres arables de la Côte d’Ivoire sont dégradées, en particulier dans les régions de production de ces mines et métaux rares.
Par ailleurs, les entreprises privées exploitant ces mines ne respectent pas toujours leurs engagements en matière de protection ou de reconstitution du patrimoine végétal détruit. Dans son rapport annuel publié en décembre 2023, l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE) a annoncé que les revenus provenant du secteur minier avaient dépassé les 200 milliards de FCFA en 2021. Cependant, au-delà de ces chiffres impressionnants, c’est la transparence dans la gouvernance de ce secteur qui a retenu l’attention de l’ITIE. Si, pour de nombreux Ivoiriens, le secteur minier suscite de grands espoirs en termes de création d’emplois et d’amélioration de l’économie, GPS constate, de manière amère, que son impact sur la transformation sociale du pays demeure, à ce jour, quasi invisible.
C’est pourquoi GPS lance un appel au Gouvernement pour plus de transparence dans la gouvernance du secteur minier, ainsi que pour une évaluation de son impact sur l’économie nationale, en termes d’emploi et de réduction de la pauvreté dans les régions concernées. GPS souhaite également attirer l’attention de la communauté nationale sur le risque imminent de crises alimentaires dans les prochaines années. Ces crises pourraient difficilement être compensées par l’importation massive de produits alimentaires d’Europe et d’Asie, ce qui fragiliserait davantage notre balance des paiements.
𝗗𝗲𝘀 𝗽𝗿é𝗽𝗮𝗿𝗮𝘁𝗶𝗳𝘀 𝗱𝗲 𝗹’é𝗹𝗲𝗰𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗽𝗿é𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁𝗶𝗲𝗹𝗹𝗲 𝗱𝗲 𝟮𝟬𝟮𝟱
À l’issue de la période de révision de la liste électorale, qui marque le lancement officiel du processus électoral de 2025, plusieurs éléments suscitent des préoccupations légitimes de la part de GPS concernant la crédibilité et la sécurité de ce processus. En effet, la subordination manifeste de la Commission électorale indépendante (CEI) au régime du RHDP soulève des interrogations sur la transparence du scrutin à venir. Il est évident que, dans le contexte actuel, toutes les décisions, orientations et instructions semblent provenir directement du parti au pouvoir, ce qui compromet inévitablement l’intégrité des étapes cruciales du processus électoral. À cela s’ajoute la dépendance financière de la CEI, et sa soumission potentielle aux décrets présidentiels, éléments qui jettent un doute raisonnable sur l’indépendance de cet organe. Il est inquiétant de constater que le président de la CEI semble plus agir en tant que militant du RHDP qu’en tant que garant de la neutralité du processus électoral.
De plus, le gouvernement, au lieu de favoriser un climat de dialogue inclusif, a rejeté l’idée d’une véritable concertation avec l’opposition pour élaborer un cadre électoral transparent et irréprochable. Cette attitude laisse planer un doute majeur sur la volonté du pouvoir en place de garantir des élections véritablement libres et démocratiques. À cela s’ajoute la répression continue qui frappe les cadres de l’opposition, confirmant ainsi une volonté d’intimider et de museler toute forme de contestation.
Au regard de ces éléments, il est raisonnable de douter de la sincérité du futur scrutin, d’autant plus que la révision bâclée de la liste électorale, loin de renforcer la confiance des citoyens, a alimenté des soupçons sur l’inclusivité et l’exactitude de celle-ci. Dans un tel contexte, il apparaît clairement que le processus électoral est en train d’être manipulé sous les yeux de la communauté nationale et internationale, sans la garantie d’une véritable impartialité.
C’est pourquoi, fidèle à son engagement en faveur de la paix et de la cohésion nationale, GPS réitère son appel à la mise en œuvre de réformes structurelles pour garantir des élections libres, inclusives et transparentes. L’histoire récente de notre pays nous a enseigné les graves conséquences de l’entêtement des régimes au pouvoir, qui, en méprisant l’opposition, ont conduit à des crises et à des pertes humaines insensées. Aucun sacrifice, ni ego, ne doit désormais prévaloir sur la préservation de la paix et des vies humaines. La Côte d’Ivoire a trop souffert du refus de prendre en compte les observations et suggestions légitimes de l’opposition.
Face à l’impasse qui se profile, GPS appelle à la suspension du processus électoral en cours, mené à marche forcée, jusqu’à ce que des conditions acceptables et transparentes soient réunies pour garantir une élection libre et juste. Dans cette perspective, GPS appelle à la présence d’observateurs internationaux indépendants pour superviser l’ensemble du processus électoral, afin d’assurer la sécurité du vote et d’éviter toute tentative de manipulation des résultats.
Les crises qui secouent nos voisins nous rappellent que nous ne pouvons-nous permettre de prendre à la légère les fragiles acquis de paix en Côte d’Ivoire. Nous n’avons pas le droit d’exposer les Ivoiriens aux dangers de nouvelles violences, sous prétexte d’une élection entachée de doutes. Il est impératif que la volonté populaire soit respectée, dans un cadre d’équité et de transparence, pour préserver l’avenir du pays et les espoirs de ses citoyens. Pour finir, GPS réaffirme son engagement à défendre les intérêts des citoyens ivoiriens et exhorte le gouvernement à se montrer plus sensible à la souffrance du peuple. De même, GPS invite le régime au pouvoir à la raison et à la responsabilité afin de préserver la paix dans notre pays. En tout état de cause, GPS en appelle à la vigilance et à la mobilisation collective pour construire une nation unie et prospère.
𝗙𝗮𝗶𝘁 𝗹𝗲 𝟯 𝗱é𝗰𝗲𝗺𝗯𝗿𝗲 𝟮𝟬𝟮𝟰
𝗟𝗲 𝗖𝗮𝗱𝗿𝗲 𝗿𝗲𝘀𝘁𝗿𝗲𝗶𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝗚é𝗻é𝗿𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗲𝘁 𝗣𝗲𝘂𝗽𝗹𝗲𝘀 𝗦𝗼𝗹𝗶𝗱𝗮𝗶𝗿𝗲𝘀 (𝗚𝗣𝗦)
Légende photo : Guillaume Soro, ancien Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, président du parti politique GPS, lors d’une visite au Burkina Faso.
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