Le ministre-gouverneur du District autonome d’Abidjan, Cissé Ibrahima Bacongo, secrétaire exécutif du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir en Côte d’Ivoire, a dit ses vérités, le jeudi 24 avril 2024, relativement à l’éligibilité pour 2025 de l’ancien président de la République, Laurent Gbagbo, au retour de l’ancien président de l’Assemblée nationale et ex-Premier ministre, Guillaume Soro, en exil depuis 2019 et un éventuel rapprochement entre le RHDP et le PDCI-RDA. C’était lors de la conférence de presse du RHDP au siège dudit parti politique, à la Rue Lepic, à Abidjan-Cocody. Cissé Ibrahima Bacongo n’a pas de gants pour tancer le président du PPA-CI. Il a, en effet, affirmé que les dix années (2000-2010) de gouvernance de Laurent Gbagbo à la tête de la Côte d’Ivoire a été « la pire erreur de l’histoire de notre jeune nation ». Sa gestion a été désastreuse, dira-t-il.
« Au-delà des questions de justice, l’histoire de notre pays est encore assez récente. Les faits sont sacrés, dit-on, la présence de Laurent Gbagbo à la tête de notre pays a été, on peut tous en convenir, la pire erreur de l’histoire de notre jeune nation. Sa gestion a été émaillée de charniers, de tueries massives, de disparitions forcées, de dégradations massives de tissus socioéconomiques et de dépravation des mœurs », a-t-il soutenu. Selon Cissé Bacongo, Laurent Gbagbo n’a rien géré auparavant, même pas une association, avant de devenir président de la République. M. Bacongo a visiblement omis d’évoquer que M. Gbagbo a été le secrétaire général puis le président du Front populaire ivoirien (FPI), son précédent parti politique, de 1990 à 2001, avant d’être élu président de la République de Côte d’Ivoire en octobre 2000.
« Gbagbo devrait être poursuivi pour haute trahison et parjure »
Le secrétaire exécutif du RHDP a surtout critiqué l’ancien président ivoirien pour son incapacité à assurer la sécurité des Ivoiriens qui ont fait face à une rébellion armée. Il estime à cet effet que Laurent Gbagbo devrait être poursuivi pour haute trahison et parjure, car il était, selon la Constitution ivoirienne, le garant de l’intégrité du territoire national. « Sa gestion a surtout été marquée par son incapacité à assurer la sécurité des Ivoiriens, qui a atteint son point culminant avec une rébellion. Laurent Gbagbo était pourtant, selon la Constitution de notre pays, le garant de l’intégrité du territoire national. Normalement, il devrait être poursuivi pour haute trahison, pour parjure », a insisté Cissé Bacongo .
Le secrétaire exécutif du RHDP a conclu en affirmant que Gbagbo sait qu’il n’est plus électeur et n’est donc plus susceptible de se porter candidat à un quelconque poste électif dans le pays. « C’est une parenthèse à vite refermer. Laurent Gbagbo sait qu’il n’est plus électeur donc n’est plus susceptible de candidater à un quelconque poste électif dans notre pays », a affirmé Cissé Ibrahima Bacongo. Qui a, par la suite, appelé à la transparence et à la responsabilité dans la politique ivoirienne.
Le RHDP parle de la CEDEAO, du Sénégal, de l’AES, du Moyen-Orient et l’Ukraine
Mais avant, le conférencier a souligné l’importance d’une presse libre et indépendante comme pilier indispensable de la démocratie. Il a rappelé que la presse a le droit d’interroger et d’interpeller les responsables politiques sur la situation sociopolitique nationale et internationale. Il a également commenté la situation sociopolitique internationale marquée par la crise au Moyen-Orient et en Ukraine ainsi que leurs conséquences. Et concernant la situation de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), il a salué l’appel au dialogue lancé par les autres États membres de la CEDEAO et les efforts inlassables déployés par le président Alassane Ouattara pour ramener définitivement la paix dans la sous-région. Il a félicité le président Bassirou Diomaye Faye pour son élection à la tête de l’État sénégalais et le peuple sénégalais pour avoir privilégié l’intérêt supérieur de la nation. Au niveau national, Cissé Ibrahima Bacongo a commenté la commémoration récente du 11 avril 2011 par le RHDP, soulignant que l’événement n’était pas destiné à régler des comptes, mais à accompagner la réconciliation nationale. Il a rendu hommage à feu l’ancien président de la République Aimé Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA, décédé le 1er août 2023. « C’est ici l’occasion de saluer sa mémoire et réitérer nos plus sincères condoléances à sa famille biologique, à sa famille politique ainsi qu’à toute la nation. Le RHDP voudrait assurer le PDCI de sa solidarité et de sa présence à toutes les étapes des obsèques du président Aimé Henri Konan Bédié. Le président Aimé Henri Konan, alors qu’il aurait pu tout simplement rester chez lui lors de la crise post-électorale sans être inquiété, il aurait pu sortir du pays sans être inquiété, il a préféré rester au Golf hôtel pour souligner sa contribution à la victoire de la démocratie », a-t-il dit.
« Blé Goudé est avec nous au sens propre comme au sens figuré »
Pour Cissé Bacongo, le RHDP et le PDCI-RDA sont appelés à se retrouver et à poursuivre leur marche ensemble pour la Côte d’Ivoire. Une alliance entre ces deux formations politiques houphouétistes ne serait donc pas à exclure. « Pour nous, rien n’a changé. N’en déplaise à ceux qui n’ont jamais admis avoir causé du tort à la Côte d’Ivoire, qui n’ont aucune contrition, qui n’ont jamais demandé pardon et qui ne rêvent que d’un match retour mais qui, en réalité, ne rêvent que de se venger. Ceux-là sont en train d’écrire un autre scénario de conflit. Rassurez-vous, à l’élection présidentielle de 2025, le RHDP ne les suivra pas dans cette voie. Le RHDP ne les suivra pas dans le schéma de la belligérance. Néanmoins que personne ne se trompe, le RHDP est prêt à mener tous les combats. Les bons comme les faux si nous y sommes obligés », a-t-il mis en garde. Avant d’affirmer que RHDP ne s’oppose pas au retour en Côte d’Ivoire de l’ancien président de l’Assemblée nationale et ex-Premier ministre, Guillaume Soro Kigbafori. Et de préciser que « Soro n’a pas besoin d’adhérer au RHDP pour rentrer au pays ». Cissé Bacongo a pris l’exemple de Charles Blé Goudé. « Blé Goudé est avec nous au sens propre comme au sens figuré », dira-t-il.
Robert Krassault
Légende photo : Cissé Ibrahima Bacongo, secrétaire exécutif du RHDP, lors de la conférence de presse, le jeudi 25 avril 2024.
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