Endettement du pays  Jean-Baptiste Pany (Sénateur et banquier) : « La Côte d’Ivoire va dans le mur »

Le sénateur de la région du Gbôklè, Jean-Baptiste Pany, banquier chevronné, a produit une contribution, le 29 août 2022, pour tirer la sonnette d’alarme quant à l’endettement de l’Etat ivoirien. Cette endettement qui, selon lui, réduit les possibilités propres d’investissements de l’Etat, vu que le solde des revenus propres est faible pour supporter les dépenses courantes actuellement à un niveau élevé et inapproprié – à cause, entre autres, du train de vie de l’Etat. Pour le sénateur, L’Etat ivoirien va droit dans le mur compte tenu de sa mauvaise politique d’endettement.  La contribution qui a été reproduite par connexionivoirienne.net du 29 août dernier s’inscrit dans le contexte de l’annonce, du 18 août dernier, de la Chine d’annuler 23 prêts accordés à 17 pays de l’Afrique. Ainsi que la polémique qui s’en est suivie, surtout que l’Etat ivoirien affirme que son taux d’endettement est dans les normes.

L’endettement de l’Etat ivoirien, est convaincu Jean-Baptiste Pany, ne permet donc pas de dégager une marge pertinente en vue de financer suffisamment les dépenses d’investissements. La dette souveraine (totalité de l’endettement réalisé par un Etat) ivoirienne fait débat. Pendant que le ministre de l’Economie et des finances, Adama Coulibaly,  semble affirmer que la Côte d’Ivoire n’a pas de problèmes avec sa dette souveraine, l’hebdomadaire panafricain jeuneafrique.com, du 25 août 2022, dit le contraire.

L’article diffusé, par jeuneafrique.com, du 25 août 2022, il y a trois jours, semble accuser certains États africains comme la Côte d’Ivoire de dissimuler l’information sur la non « supportabilité » de la dette souveraine, conséquence de toute demande de restructuration ou d’annulation.Sauf mauvaise lecture, 45% de la dette souveraine de la Côte d’Ivoire serait chinoise selon les données révélées par jeuneafrique.com. Jeune Afrique paraît affirmer que l’initiative vient des débiteurs de la Chine. Ce n’est donc pas un cadeau à l’initiative de la « généreuse » Chine à l’Afrique, mais la conséquence de l’asphyxie inévitable qu’elle a accepté de lui éviter, à la demande des africains eux-mêmes.

La Côte d’Ivoire, à ce jour, selon le sénateur, a nié être en mauvaise posture pour le remboursement de sa dette souveraine malgré l’environnement économique morose marqué par les effets de la crise sanitaire à Covid-19, ceux de la guerre en Ukraine et la baisse notamment des cours du cacao (produit stratégique).

Pour l‘exercice 2022, sur un budget équilibré à 9 901 milliards FCFA   (15,09 milliards d’euros) le service de la dette à payer est prévu à 3061 milliards FCFA ( 4,67 milliards d’euros) dont 1016 milliards FCFA (1,55 milliards d’euros) de charges financières. Pour le banquier, la dette prive la Côte d’Ivoire quasiment du tiers (1/3) des ressources mobilisées. « Par ailleurs, environ 90% des recettes fiscales couvrent à peine les dépenses courantes. Ce qui implique pour certaines dépenses incompressibles comme la dette, l’état ivoirien soit encore obligé de recourir à un mécanisme d’endettement (interne ou externe). Le serpent qui se mord la queue », s’inquiète le sénateur du Gboklè.

 

La situation particulière de la Côte d’Ivoire justifie, à en croire le sénateur, un nouvel endettement élevé chaque année afin de soutenir les recettes budgétaires propres d’environ 5 500 milliards FCFA ( 8,38 milliards d’euros) (hors subventions et recettes exceptionnelles) dont environ  4 000 milliards FCFA  (6,1 milliards d’euros) de recettes fiscales, espérant obtenir des dons en vue de compenser le gap si les ressources issues des privatisations et de la dette ne suffiraient pas pour boucler les prévisions budgétaires.

« L’on comprend aisément pourquoi la lutte contre l’inflation actuelle semble un leurre, car l’Etat en quête de recettes budgétaires est le plus grand bénéficiaire de cette inflation. Plus les prix facturés sur les marchés sont hauts, plus certaines recettes de l’Etat comme la TVA sont aussi élevées… », explique le banquier.

Pourvu que cette initiative ne se traduise pas dans les faits comme ce qui fut observé après la mise en œuvre des initiatives PPTE et IADM (Initiative d’annulation de la dette multilatérale) qui avaient été pourtant présentées par feu Charles Koffi Diby en juin 2012 comme une seconde chance.

Pour ce qui concerne la Côte d’Ivoire, le stock de la dette souveraine était évalué à 6 396 milliards FCFA  ( 9,75 milliards d’euros ), sauf erreur, avant juin 2012 et posait déjà problème. Celui-ci a été réduit officiellement à un niveau de 2 214 milliards FCFA ( 3,38 milliards d’euros) en juin 2012 après la remise de dettes à hauteur de 4 090 milliards FCFA ( 6,24 milliards d’euros).

Actuellement, ce stock serait projeté pour fin 2022, selon le sénateur, à plus de 21 529 milliards FCFA ( 32,82 milliards d’euros ) 10 ans après les initiatives PPTE et IADM. « Un véritable bon, une boulimie de la dette jugée peu visible sur le terrain par certains analystes ou observateurs de la vie socio-économique en Côte d’Ivoire », a-t-il dit. Et de conclure: « Longtemps annoncé/déclaré comme étant non problématique, ce stock impossible à rembourser avec les richesses produites ferait l’objet d’une demande d’annulation pour la partie chinoise (dixit jeuneafrique.com) ». Enfin l’aveu?

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