Pour la première fois à Abidjan, une nouvelle forme d’expression artistique est au cœur d’une exposition de peinture. Laquelle exposition baptisée « Regards croisés sur les objets & Bogolan« , et qui a cours du 22 août au 12 septembre 2024, est menée à la Rotonde des arts contemporains d’Abidjan-Plateau par le collectif des artistes de la galerie Sunjata Créations sise à Bamako, au Mali. Au cours du vernissage de cette exposition inédite, le public d’amateurs de l’art s’est laissé subjuguer par la qualité des tableaux sur les cimaises de la galerie. Tant la dextérité des auteurs des toiles exposées est visible et détonne.
Dans sa présentation du mélange de tissus bogolan à la peinture qu’est le bogopaint, Guédiouma Sanogo, directeur général de Sunjata Créations, a tenu à relever que le bogopaint est « une nouvelle écriture artistique, un nouveau mode d’expression que nous avons mis au point. Le bogopaint, c’est le bogolan associé à la peinture. Bogo comme bogolan et paint comme peinture en anglais. C’est quoi le bogopaint ? Le bogopaint est une œuvre d’art dans laquelle vous avez le bogolan. Mais le bogolan n’est pas cousu, n’est pas collé. C’est vraiment quelque chose qui, sur le plan technique, est uniforme. On travaille d’abord la toile. On fait le bogolan. Ensuite, on durcit la partie de la toile dans laquelle on insère le bogolan pour avoir une toile comme les classes synthétiques. Avant de travailler cette partie-là avec la peinture ». Et de retenir que « l’idée, c’est de jeter des ponts entre ce que nous avons de traditionnel en Afrique, en l’occurrence le bogolan, et la modernité, c’est-à-dire la peinture ».
Par ailleurs, M. Sanogo a affirmé que « nous avons voulu résolument inscrire le bogopaint dans le contexte de la renaissance culturelle africaine, dans la mesure où il contribue à faire connaître les valeurs de la cosmogonie africaine. En général, quand on parle de l’Afrique, on fait allusion aux guerres, à la famine. Comme quoi il n’y a rien de bon qui vient de chez nous. Pour être en phase avec notre démarche et nos objectifs, nous réalisons des toiles dont la plupart mettent en avant des messages qui sont tirés de notre culture, de notre civilisation ».
Avant, Pr. Yacouba Konaté, l’hôte de cette exposition inédite, a fait la genèse de sa rencontre avec Guédiouma Sanogo. Tout en appréciant le travail fait par l’équipe de 5 personnes qui constitue le collectif des artistes de la galerie Sunjata Créations dont la démarche s’inscrit dans la reprise du témoin du bogolan là où des stylistes comme Chris Seydou l’ont laissé pour lui ouvrir de nouveaux horizons. Enfin, Pr. Yacouba Konaté, qui a, en outre, dit ses attentes quant à cette exposition, a recommandé au grand public, les amateurs d’art de passer visiter cette exposition qui propose près d’une vingtaine de toiles de bogopaint. Il est important de rappeler que le bologan a été révélé au monde dans les années 80 par le styliste-modéliste malien Seydou Doumbia alias Chris Seydou.
Marcellin Boguy
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