Extradition des opposants maliens réfugiés en Côte d’Ivoire/Joël N’Guessan (cadre du RHDP) : « L’Etat ivoirien ne saurait donner une suite favorable à cette exigence »

Dans cette tribune, l’ancien ministre Joël N’Guessan, cadre du RHDP, parti politique au pouvoir en Côte d’Ivoire, se prononce sur l’exigence faite par le Mali relativement à la libération des46 militaires ivoiriens encore détenus à Bamako.

 

Au fur et à mesure que le temps passe, nous comprenons mieux les mobiles qui ont guidé à l’arrestation des soldats ivoiriens au Mali, le dimanche 10 juillet 2022. De « mercenaires » venus au Mali pour porter atteinte à la sureté de l’Etat malien, ils sont devenus des otages qui ne seront libérés que si certains dignitaires maliens qui seraient en exil, chez nous, en Côte d’Ivoire ne sont pas livrés à la junte militaire au pouvoir à Bamako.

Cette situation incongrue pour laquelle j’ai produit un communiqué, il y a de cela quelques semaines, pour dire en substance que le Mali et la Côte d’Ivoire ont plus besoin de développement que d’arrestation de 49 soldats ivoiriens m’amène à me poser plusieurs questions.

Que veulent exactement les autorités militaires au pouvoir actuellement au Mali ? Quel est leur véritable agenda caché ?

Car, prétendre que l’Etat ivoirien doit leur livrer des ressortissants maliens qui seraient en exil en Côte d’Ivoire est un non-sens et un argument fallacieux surtout que dans le cadre de l’appui au Mali pour la lutte contre l’avancée des groupes djihadistes, près de 850 soldats ivoiriens sont présentement au Mali.

Il est bien entendu que l’Etat ivoirien ne saurait donner une suite favorable à cette inutile exigence. Le droit international relatif au droit des réfugiés et des exilés ne saurait être bafoué en Côte d’Ivoire.

Ils sont plus de 2 millions 800 mille maliens qui vivent en Côte d’Ivoire. Il est certain que plusieurs dizaines de milliers parmi eux ne sont pas en harmonie avec la junte malienne, en ce moment, au pouvoir à Bamako. C’est leur droit surtout que le Mali connait des coups d’Etat à répétition depuis plusieurs années.

Alors doit-on les rapatrier tous au Mali pour satisfaire le désir des autorités maliennes du moment ?

Je pense que sur ce dossier, comme le dirait l’autre, la raison doit triompher sur l’émotion.

C’est le lieu de féliciter le Président Alassane Ouattara qui a su créer les conditions pour qu’il n’y ait pas, pour le moment, d’opposition ni d’affrontement entre les ivoiriens et les maliens à la suite de cet évènement inutile et malheureux.

Nous ne pouvons qu’encourager les voies et moyens diplomatiques officielles et officieuses pour mettre fin à cette situation qui n’honore pas la fraternité entre nos deux peuples. Car, si tel n’est pas le cas, les ivoiriens seront en droit d’exiger du Président Alassane Ouattara, la fermeture de la frontière entre le Mali et la Côte d’Ivoire.

Au passage, je fais remarquer que le Mali doit en ce moment près de 80 milliards de Fcfa correspondant aux impayés de factures d’électricité livrés au Mali et que les ivoiriens seront contraints de demander au Président Alassane Ouattara de suspendre la fourniture de notre électricité au Mali surtout qu’ils sont de mauvais payeurs.

Dans la même veine, les opérateurs économiques maliens n’auront plus accès au Port Autonome de San Pedro et à celui d’Abidjan. Ce qui serait une catastrophe économique et sociale pour les populations maliennes qui n’ont pas demandé que leur soit imposée cette souffrance dont on n’aurait pu faire l’économie. Alors il est temps que tout cela s’arrête.

 

Joël N’Guessan

Ancien ministre

Cadre du RHDP

 

 

 

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