Football-Matches amicaux des Eléphants : les leçons d’une humiliation

Les 25 et 29 mars 2022, les Éléphants de Côte d’Ivoire ont livré deux matches amicaux successivement : le premier contre la France à Marseille, et le second contre l’Angleterre à Londres. Deux matches, deux défaites et cinq buts encaissés.

Depuis sa nomination à la tête de l’équipe nationale de Côte d’ivoire, le 4 mars 2020, le français Patrice Baumelle a perdu toutes les compétitions dans lesquelles le pays était engagé : les éliminatoires du Mondial 2022, et la CAN 2021, organisée au Cameroun. Sa mésaventure abidjanaise fait cortège avec les défaillances individuelles et collectives des joueurs.

 

La responsabilité de Patrice Baumelle

Selon Patrice Baumelle, il faut donner du temps de jeu à chaque joueur. En clair, « tout le monde doit jouer ». Peu importe la configuration du match, l’enjeu et la qualité de l’adversaire, il faut faire plaisir au maximum de joueurs. Cela se traduit par des remplacements inappropriés. Dans le dernier quart d’heure du match contre la France, il sort l’épouvantail de son équipe, composé de Wilfried Zaha, Nicolas Pépé, Ibrahim Sangaré et Sébastien Haller. Du coup, il libère la défense et le milieu de terrain français en souffrance. Les Ivoiriens encaissent le but de la défaite dans le temps additionnel.

La même erreur est commise lors du match contre la Sierra Leone à la CAN 2021, au Cameroun. Il fait entrer Kossonou à la 90ème minute à la place d’Éric Bailly. Le temps de retrouver ses marques, il fait une mauvaise passe au gardien Ali Badra qui offre le but du match nul aux adversaires dans le temps additionnel. Le même temps additionnel dans lequel les Anglais ont inscrit leur troisième but contre les Ivoiriens.

Patrice Baumelle, par laxisme ou favoritisme, fait des erreurs fréquentes dans le choix des hommes sur le terrain. Lors des éliminatoires de la coupe du monde 2022, des joueurs en manque de temps de jeu et en méforme en ce moment-là, sont titularisés : Éric Ballly, Willy Boly, Gbohouo Sylvain, Serey Dié.

La paire de défense centrale change souvent. Tantôt Sinaly Dosso et Ofilon Kossonou, tantôt Willy Boly et Éric Bailly ou bien Bailly et Déli Simon. À la CAN 2021, Franck Kessié, malgré son jeu approximatif, contre la Guinée équatoriale n’a jamais été remplacé. Serges Aurier, en deçà de sa valeur, serait resté sur le terrain contre l’Angleterre. Certainement que son expulsion par l’arbitre a fortement déplu au coach des Éléphants.

Le jeu, le système de jeu de Baumelle restent flous. Tantôt 3-4-3 à ses débuts, tantôt 4-3-3 à la CAN 2021. Sans oublier les alternances avec des 5-3-2 contre le Cameroun en match retour 4-4-2 durant les éliminatoires du Mondial. Selon lui, le système de jeu n’est pas important. C’est l’animation du jeu qui compte. Mais l’animation du jeu n’est-elle pas inspirée par le système de jeu ?

 

La responsabilité des joueurs

« Ce match contre la France, c’est un peu notre coupe du monde », lançait Serges Aurier avant le match amical du 25 mars 2022 contre les Bleus. À la suite de ses propos, les Éléphants montrent un état d’esprit rarement observé dans leur parcours. Ils se sont vaillamment illustrés. Sans leur maladresse, le match serait plié dès la 1ère mi-temps. Les Français ont eu leur salut grâce à l’aide de Patrice Baumelle, qui a sorti les quatre joueurs pesant sur leur progression.

Pourquoi ne pas jouer avec un tel mental tout le temps ? Contre l’Angleterre le 29 mars 2022, ils étaient entrés en torpeur. Laissant le jeu aux Anglais qui n’ont jamais été véritablement inquiétés. C’est ce manque de force mental qui leur coûte l’élimination pour le Mondial et la défaite contre l’Égypte à la CAN 2021. Les joueurs ivoiriens manquent aussi de lucidité et de concentration devant les buts. À la CAN 2021, ils ratent 18 occasions de marquer avant de se faire rejoindre au score par la Sierra Leone. C’est la même erreur contre la France le 25 mars.

Ces joueurs obsédés par leur destin personnel n’évoluent pas souvent en équipe. Chacun veut construire son histoire. À la CAN 2021, en amical contre la France et l’Angleterre, « c’est chacun pour soi » en attaque. Wilfried Zaha, Nicolas Pépé et Max Alain Gradel ne veulent pas jouer pour Haller. Dans leurs pensées : « Qui va faire la gloire de Sébastien Haller ?  Et moi-même ? »

Arthur Zébé

 

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