Même si elle était perceptible dès après le décès en janvier 1996, du premier président socialiste de la 5e République française, François Mitterrand, et l’impréparation de sa succession au sein de sa formation politique dont il fut le Premier Secrétaire de 1971 à 1981, le Parti socialiste (PS) français vit depuis le départ de François Hollande, ancien Premier Secrétaire devenu président de la République (2012-2017), de la tête du parti, une autre étape cruciale de la crise qui le malmène depuis plusieurs décennies.
Après la première phase de la guerre de leadership et de positionnement qui a opposé les « éléphants », les « apparatchiks » et les « jeunes aux dents longues » du parti, à savoir, pèle mêle, Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius, Lionel Jospin, François Hollande, Ségolène Royal, Benoît Hamon etc., la deuxième phase, et certainement pas la dernière, de la guerre met en confrontation aujourd’hui, le Premier Secrétaire sortant, Olivier Faure, à Nicolas Mayer-Rossignol, un cadre du PS qui lorgne le poste de Premier Secrétaire.
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L’image du parti dégradée
Le vendredi 20 janvier 2023, l’élection du Premier Secrétaire du Parti socialiste (PS) a opposé Olivier Faure à Nicolas Mayer-Rossignol. Au terme du scrutin et avant la proclamation officielle des résultats, les deux candidats ont revendiqué quasi-simultanément la victoire sur les réseaux sociaux. Chacun d’eux s’est dit vainqueur.
Le lendemain, samedi 21 janvier, un communiqué officiel du Parti socialiste a donné les résultats et proclamé Olivier Faure, vainqueur, avec 50,83% des voix. Comme il fallait s’y attendre, au regard de la crise qui mine la formation politique, les résultats ont été aussitôt contestés par Nicolas Mayer-Rossignol.
Qui refuse sa défaite, accusant son adversaire Olivier Faure et ses partisans de fraude électorale. Chaque camp accuse alors l’autre de tricherie organisée. Sur une vidéo tournée à la Courneuve (Seine-Saint-Denis), on voit même des militants enfermés dans une pièce avec l’urne. Preuve ou mise en scène, la tension monte au PS français.
À la mi-journée du samedi 21 janvier 2023, en conférence de presse, entouré de ses soutiens dont Anne Hidalgo, maire de Paris et candidate vaincue du PS à l’élection présidentielle de 2022, Nicolas Mayer-Rossignol se dit prêt à aller en justice.
Pour certains militants, le mal est fait et cela renvoie une triste image du parti. « On est un peu effaré sur l’état du parti et sur ce que ça va dire sur les réseaux sociaux », confie Louis L’haridon, secrétaire national des jeunes socialistes, à des confrères de la presse française. Face aux tensions visibles et à la crise qui s’accentue, le recours au recomptage des voix est accepté.
Nicolas Mayer-Rossignol conteste toujours l’élection d’Olivier Faure, en évoquant des « irrégularités » ; les résultats de la commission de récolement qui a validé, le dimanche 22 janvier 2023, la victoire d’Olivier Faure, lui donnant 51,09% des voix, contre 48,91% à son rival, n’apaisent pas la situation. En clair, le recomptage des voix a certes renforcé la victoire d’Olivier Faure mais cet acte démocratique n’a pas rassuré le perdant Nicolas Mayer-Rossignol. Bien au contraire, il a durablement installé le parti socialiste dans la crise.
Une guerre du pouvoir sans merci
Dans cette lettre ouverte datée du mercredi 25 janvier 2023 envoyée à la presse, une cinquantaine de secrétaires fédéraux du Parti socialiste ainsi que 300 secrétaires de section, en grande majorité composés de soutiens d’Olivier Faure, revendiquent la reconduction du Premier secrétaire sortant à la tête du parti. Ils appellent donc à reconnaître Olivier Faure comme le Premier Secrétaire réélu du PS français.
« Nous refusons qu’une lutte de pouvoir au sein de notre parti brise notre union et nous ridiculise aux yeux de tous », dénoncent dans cette lettre ouverte ces secrétaires fédéraux majoritairement favorables à Olivier Faure. Et ces secrétaires fédéraux d’ajouter : « Au moment où le Parti Socialiste défile avec l’ensemble des forces syndicales, citoyennes et politiques de la gauche et des écologistes contre le projet de réforme des retraites […] nous socialistes nous déchirons aux yeux de la France entière dans une lutte de pouvoir désastreuse ».
Selon eux, « les accusations de fraudes et d’irrégularités » dénoncées par Nicolas Mayer-Rossignol « sont autant d’insultes portées contre nous qui organisons localement les votes internes au Parti. En multipliant ces accusations, c’est l’opprobre qui est jetée sur tous les militants pour qui l’intérêt du Parti prime pourtant toujours sur celui de ses dirigeants. »
« Aussi, nous appelons tous les socialistes au rassemblement », poursuivent-ils, appelant à « reconnaître tous les résultats du vote du 19 janvier et l’élection d’Olivier Faure comme Premier secrétaire ».
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Le congrès du Parti socialiste français qui se tient à Marseille, les 27, 28 et 29 janvier 2023, a visiblement ramené les deux protagonistes à la raison, surtout Nicolas Mayer-Rossignol, le déclaré vaincu. Les délégués du congrès socialiste de Marseille ont entériné, ce samedi 28 janvier 2023, la réélection d’Olivier Faure comme Premier secrétaire du PS, grâce à un accord avec son rival Nicolas Mayer-Rossignol, qui met un terme à plusieurs jours de contestations et fractures internes.
Le sortant Olivier Faure et son rival, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, se sont mis d’accord sur un texte de sortie de crise après de longues négociations. Ce « pacte de gouvernance collective et de rassemblement des socialistes » fait de Nicolas Mayer-Rossignol, Premier secrétaire délégué du PS français.
Un titre créé pour l’occasion, au côté de la maire de Nantes pro-Faure, Johanna Rolland. Nicolas Mayer-Rossignol, sceptique vis-à-vis de l’alliance de gauche Nupes, pourra ainsi intervenir dans la gouvernance du parti socialiste français et ses options stratégiques.
Au-delà de tout, la légitimité d’Olivier Faure sera sujette à caution pour une partie des militants socialistes. Après l’élection présidentielle de 2022 au cours de laquelle sa candidate Anne Hidalgo a obtenu 1,8% des voix (ce qui n’était rien d’autre qu’un désastre), le Parti socialiste (PS) n’est pas sorti des ténèbres.
Didier Depry
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