Dans une tribune publiée, ce vendredi 21 juillet 2023, dans le quotidien français « Le Monde », le professeur honoraire en sciences de l’éducation, Philippe Meirieu, estime que Pap Ndiaye a été sorti du gouvernement français par le président Emmanuel Macron à cause de l’extrême droite. Selon Philippe Meirieu, le ministre qui a passé quatorze mois à l’éducation nationale paye de son éviction d’avoir pris ses distances avec les marqueurs politiques et éducatifs de l’extrême droite.
En plus de l’extrême droite, Pap Ndiaye paie également pour ses critiques envers l’homme d’affaires, proche de la droite française, Vincent Bolloré. Il a dénoncé les idées et la ligne éditoriale des médias de Vincent Bolloré et soutenu la grève des journalistes du «Journal du Dimanche », propriété de M. Bolloré. Nous vous proposons ci-dessous une mouture d’articles de la presse française qui révèlent les raisons du limogeage de Pap Ndiaye, un ministre dont la présence au département de l’éducation nationale, avait, un tant soit peu, changé l’image de la France relativement à ce département.
De quoi le silence gouvernemental qui entoure Pap Ndiaye depuis sa sortie contre Vincent Bolloré est-il le nom ? Pour avoir soutenu les salariés du JDD – en grève depuis vingt jours pour s’opposer à l’arrivée à leur tête de Geoffroy Lejeune, proche d’Éric Zemmour et de Marion Maréchal – et qualifié Vincent Bolloré de « personnage manifestement très proche de l’extrême droite la plus radicale » et sa chaîne CNews « clairement d’extrême droite », le ministre de l’Éducation nationale se retrouve bien seul.
CNews n’en finit plus de se déchaîner contre lui. Lundi, dans un édito face caméra, Laurence Ferrari a sonné une charge aussi virulente que malaisante. Embarras dans le camp Macron, critiques acerbes de la part de la droite et de l’extrême droite, soutiens à gauche qui se comptent sur les doigts d’une main… Le Monde raconte avoir contacté quinze ministres à ce sujet : aucun n’a voulu répondre. Comme si Vincent Bolloré était devenu aussi puissant qu’intouchable. « Qui, parmi eux, a la moindre idée de ce qu’est le racisme ? », s’est ému Pap Ndiaye, à propos de ses collègues aux abonnés absents, lui qui a subi commentaires haineux et fake news après sa nomination.
Victime de l’extrême droite
Pour celles et ceux qui en doutaient encore, l’affaire est désormais entendue : il ne fait pas bon, sous le règne d’Emmanuel Macron, déplaire à l’extrême droite. Pap Ndiaye vient d’en faire la dure expérience. Le voilà, en effet, écarté du gouvernement alors qu’il a mené, à peu de chose près, pendant quatorze mois, la politique de son prédécesseur et qu’en matière de réformes scolaires, il n’a été que l’hologramme du président de la République.
Son arrivée surprise rue de Grenelle avait suscité un peu d’espoir : intellectuel reconnu pour ses travaux sur les minorités et les discriminations, admiré pour les impulsions données au Musée de l’histoire de l’immigration, respecté pour ses prises de position nuancées face aux accusations de « wokisme » et d’« islamo-gauchisme » dans l’université, il avait été plutôt bien accueilli par les professeurs et les cadres de l’éducation nationale, durement éprouvés, il est vrai, par les cinq années de Jean-Michel Blanquer.
Certes, l’homme ignorait presque tout de l’institution scolaire, mais, après tout, cela pouvait aussi lui permettre d’aborder les sujets avec un regard neuf. Peut-être même que, en humaniste résolu, il était en mesure de suspendre un moment les réformes de tuyauteries effectuées à marche forcée avant lui… Et de se préoccuper, enfin, des finalités d’une école abandonnée alors aux experts du tableau Excel ?
Mais, loin de profiter de l’éclaircie de son arrivée pour donner le ton, le ministre a dû, très vite, se contenter de reprendre en écho les propositions du président de la République. Dès leur premier voyage commun à Marseille pour annoncer « l’école du futur », il ne put qu’opiner du chef, découvrant visiblement des propositions.
Didier Depry
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