L’ancien Premier ministre sous Laurent Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), a vivement critiqué le bilan de la gestion de la Côte d’Ivoire par le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). C’était lors de la conférence de presse qu’il a animée, le samedi 4 mai 2024, au siège de son parti, à Abidjan-Cocody-Les II Plateaux-Vallons.
M. Affi N’Guessan a rappelé les résultats macroéconomiques obtenus par le régime RHDP qu’il a qualifiés de flatteurs, mais a souligné que ces chiffres masquent une réalité plus sombre. Il a pointé du doigt un taux d’endettement alarmant, un niveau de corruption écœurant et une pauvreté révoltante qui sévit dans le pays. Selon lui, l’indice de développement humain du pays est en régression, plaçant la Côte d’Ivoire en queue de peloton des pays du monde. De plus, l’espérance de vie à la naissance a reculé, passant de 58 à 57 ans. «Les Ivoiriens vivent mal et moins longtemps », a-t-il déclaré, ajoutant que ces résultats disqualifient tout le discours sur la réussite économique de la Côte d’Ivoire.
Affi N’Guessan dénonce « la corruption qui rythme la vie sociopolitique »
Le président du FPI a également dénoncé la corruption qui rythme la vie sociopolitique du pays, affirmant que les scandales à répétition minent la confiance envers les dirigeants et les institutions. Il a exprimé sa solidarité avec les citoyens qui souffrent, en ville comme à la campagne, et a dénoncé les déguerpissements qui touchent des familles entières au mépris des règles élémentaires d’humanité. Il a aussi pris la défense des producteurs de cacao, victimes, dira-t-il, d’un système inique de fixation du prix qui les maintient dans une situation de pauvreté endémique. Pour défendre leurs intérêts et leur dignité, Pascal Affi N’Guessan a demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire. « Sur le plan social, en ville comme à la campagne, nos concitoyens souffrent. Nous sommes à leurs côtés lorsque des familles entières sont victimes de déguerpissements au mépris des règles élémentaires d’humanité. Nous sommes aux côtés de nos producteurs de cacao, victimes d’un système inique de fixation du prix qui les maintient dans une situation de pauvreté endémique. C’est pour défendre leurs intérêts et leur dignité que nous avons demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire », a-t-il déclaré.
Mais tout cela, selon Pascal Affi N’Guessan, sonne la fin d’un cycle politique. « Ce cycle a été rythmé par trois présidents qui ont alternativement succédé à Félix Houphouët-Boigny. 2025 verra l’ouverture d’une nouvelle phase dans l’histoire de notre pays. Nos compatriotes éprouvent une envie de changement, une envie profonde de changement. L’alternance, c’est quelque chose de sain et de naturel dans une démocratie. C’est une respiration. C’est la possibilité de donner un nouveau souffle à notre pays. Et la Côte d’Ivoire a besoin d’un nouveau souffle », a-t-il affirmé. L’ancien Premier ministre a alors soutenu que son parti, le FPI, ne se présentera pas aux élections présidentielles de 2025 pour participer, mais pour gagner. Il a conclu en affirmant que le FPI portera la voix du peuple de Côte d’Ivoire, « ce peuple qui se lève tôt et se couche tard, ce peuple qui se sent peu respecté et peu considéré ».
« La liberté est bâillonnée au Niger, la CEDEAO et la communauté internationale sont impuissantes »
Le président du FPI a aussi profité de cette conférence de presse pour lancer un appel à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en soutien à Mohamed Bazoum, le président déchu du Niger. Il a ainsi exprimé sa préoccupation face à la situation du président élu nigérien, qui a été victime d’un coup d’État, arrêté et qui vit actuellement dans des conditions précaires. Il a déclaré que cette situation démontre non seulement que « la liberté est bâillonnée » au Niger, mais aussi l’ « impuissance » de la CEDEAO. « Le président légitime et démocratiquement élu, notre camarade et frère Mohamed Bazoum est confronté à une situation que je dénonce depuis plus de 9 mois. Le chef de l’État est séquestré avec son épouse, au mépris de ses droits élémentaires. Il vit de manière très précaire, sans le moindre contact avec l’extérieur, victime de la cruauté des hommes. Sa situation traduit en réalité notre impuissance collective. Celle de la CEDEAO, celle de la communauté internationale toute entière », a-t-il déploré. Et Pascal Affi N’Guessan d’appeler les chefs d’État en exercice dans les pays respectifs à ne pas abandonner Bazoum et à agir pour que la junte au pouvoir au Niger libère l’ancien président de la République démocratiquement élu. Et inviter la Cour d’État du Niger à suivre l’exemple du Conseil constitutionnel du Sénégal, qui a rappelé le droit et seulement le droit de façon magistrale au moment où le fonctionnement démocratique de ce pays vacillait.
Robert Krassault
ciurbaine@yahoo.fr
Légende photo : Le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, lors de la conférence de presse, n’a pas été tendre avec son partenaire le RHDP.
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