Grâce présidentielle accordée à Gbagbo, élection présidentielle de 2025, cherté de la vie… : Un député et avocat se prononce sans détour

Me Abdoulaye Ben Méité, avocat de profession, est député et président de la commission des affaires générales et institutionnelles de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Il s’est prononcé, le vendredi 26 août  2022, sur des sujets brûlants de l’actualité sociopolitique ivoirienne lors d’un entretien qu’il  a accordé à la presse. C’était au terme de la cérémonie d’ouverture d’un évènement culturel dénommé « Gbagbadê Festival » qui s’est tenu à la place Laurent Gbagbo de Gagnoa, dans la région du Goh, centre-ouest de la Côte d’Ivoire.

Le député Abdoulaye Ben Méité a dit d’entrée son mécontentement face à la dévalorisation de la culture et de la tradition qu’il dit avoir constatée en Côte d’Ivoire. « Il ne faut pas promouvoir les valeurs des autres au détriment de nos propres valeurs. Combien d’argent dépensons-nous pour des événements au détriment de nos valeurs ? C’est pour moi un coup de gueule que j’assume que de demander à nos autorités, de leur dire que ne pas promouvoir nos valeurs, c’est trahir la constitution ivoirienne et le chef de l’Etat », dit-il. Et l’élu RHDP, le parti présidentiel, de se prononcer sur la grâce présidentielle accordée, le 6 août 2022, à l’ancien président Laurent Gbagbo par son successeur, le président Alassane Ouattara.

 

« La politique est un jeu de manipulation pour certains. Mais qu’est-ce que la grâce ?  D’où vient-elle ? C’est une pratique ancienne. Le souverain avait droit de vie et de mort sur tout le monde. Il décide d’accorder son pardon à celui qu’il veut. Ce qui a été traduit par la démocratie moderne avec une disposition constitutionnelle qui conifère au président de la République des pouvoirs à l’égard des personnes qui sont condamnées définitivement pour des crimes et délits. Parmi lesquelles le président de la République choisit  toute personne de son vœu  à qui il accorde son pardon ».

 

Et d’ajouter : « J’ai entendu des gens dire qu’ils ne veulent pas de la grâce présidentielle. Il n’y a pas ici un choix à faire à ce niveau. Le droit de grâce est une prérogative reconnue au chef de l’Etat d’accorder son pardon à toute personne condamnée qui répond aux critères qui sont édités à cet effet et de ne pas l’amener à exécuter sa peine d’emprisonnement ».

 

L’avocat-député Abdoulaye Ben Méité a par la suite établi une distinction entre l’amnistie et la grâce présidentielle. « La grâce présidentielle n’efface pas l’infraction. Mais elle exempte celui qui en bénéficie de l’exécution de sa peine. Contrairement à l’amnistie qui efface l’infraction comme si de rien n’était. Cependant,  ce n’est pas une prérogative du président de République.  Il peut en prendre l’initiative et solliciter qu’on donne l’amnistie à telle ou telle personne mais ce n’est pas lui qui décide.  C’est le parlement qui décide d’accorder l’amnistie à telle ou telle personne. Le débat qui se mène à ce propos a été biaisé. Il faut faire la politique avec sérieux, respecter nos concitoyens qui ont trop souffert. Il faut leur tenir un langage de vérité. Je pense qu’il faut féliciter le président de la République Alassane Ouattara qui, au nom de la cohésion sociale, a fait le bon choix. Il appartient à toute la classe politique  de saluer à sa juste valeur cette initiative et d’encourager le chef de l’Etat dans sa volonté d’assurer une meilleure cohésion sociale », a-t-il soutenu.

 

Comme il fallait s’y attendre, le député RHDP Abdoulaye Ben Méité se dit non favorable à un retour de Laurent Gbagbo au pouvoir d’Etat. « La grâce est acquise, tu n’iras pas en prison mais quel est le problème ? Il veut être candidat encore à 76 ans ? Je pense qu’il faut savoir respecter les Ivoiriens », a-t-il déclaré à l’endroit du Woody de Mama (pseudonyme donné à Laurent Gbagbo par ses partisans). Abdoulaye Ben Méité  a ensuite indiqué : « Il n’y a pas d’Ivoiriens qui détestent Laurent Gbagbo. Je l’aime bien mais je ne suis pas pour sa vision. Je ne partage pas sa philosophie politique. Mais au-delà de tout, c’est un monsieur qui me plaît. Il a marqué ma vie,  mon parcours scolaire. Il a été, à un moment donné, un modèle pour les jeunes de ma génération. Cela n’est pas à nier. Cependant je ne le veux pas encore comme président de la République de Côte d’Ivoire. Il ne peut pas devenir mon modèle à l’heure actuelle des choses parce qu’il a trahi la cause pour laquelle je lui ai fait confiance quand j’étais encore élève ».

 

S’agissant de l’éligibilité des trois « grands » leaders de la politique ivoirienne, Ouattara, Bédié et Gbagbo, à l’élection présidentielle d’octobre 2025, le député Abdoulaye Ben Méité affirmé s’en remettre à la loi.  « Pour moi, il n’y aura pas de tensions politiques en 2025. Le peuple nous oblige à faire les élections dans la sérénité. 2023, 2025 et 2026 seront des années de joie. Moi, je suis un légaliste. Tant que la loi est là et qu’elle reste telle. Le conseil constitutionnel verra si Henri Konan Bédié est éligible. Il fera la même appréciation pour  Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. La Côte d’Ivoire compte plus de 29 millions d’habitants. Sommes-nous toujours des adolescents ? Je suis plus âgé que  le président français Emmanuel Macron. Mon parti politique, le RHDP, est un vivier de cadres comme Alassane Ouattara.  On ne pourra certes pas avoir quelqu’un comme lui mais nous sommes tous allés à son université. Nous savons sa vision et ce qu’il veut pour la Côte d’Ivoire et nous devons continuer l’œuvre qu’il a initiée pour notre pays », a-t-il dit.

 

 

Parlant de la cherté de la vie, l’interlocuteur des journalistes a pris évidemment position en faveur du régime Ouattara face à la grogne des populations qui dénoncent la flambée des prix des produits de consommation. « Comme les gens ne voyagent pas, ils ne voient pas la réalité d’ailleurs. J’ai l’occasion de voyager dans le cadre de ma fonction d’avocat. Je vais dans la sous-région. Allez au Sénégal pour savoir si la vie est chère en Côte d’Ivoire ou pas. Nous sommes dans des circonstances particulières avec la crise du pétrole et la guerre en Ukraine qui ont forcément une incidence sur la cherté de la vie partout et en Côte d’Ivoire. Mais en même temps quand vous voyez les efforts consentis par le président de la République, Alassane Ouattara, à travers la subvention de plusieurs produits. Vous vous rendez  à évidence que la Côte d’Ivoire n’est pas mal lotie », a-t-il souligné.

 

Doumbia Namory

 

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