Guerre en Ukraine : Le sport européen dans une émotion sélective

Le 24 février 2022, la Russie engage des opérations militaires en Ukraine. Se sentant offusqués, les pays européens avec leur allié américain, réunis au sein de l’OTAN, déclenchent une vague de sanctions inédites contre le régime de Moscou. La FIFA, l’UEFA et le Comité international olympique (CIO) leur emboîtent le pas. Expulsion de la Russie des jeux paralympiques de Pékin, suspension des barrages de la Coupe du monde de football 2022, annulation des événements sportifs prévus sur le sol russe ou obligation par les athlètes de participer aux compétitions sous bannière neutre.

Allemagne, France, Espagne, Angleterre et Italie, les stades et les clubs se parent des couleurs jaune et bleu du drapeau ukrainien. Par exemple, Lens, un club de Ligue 1 française, a joué en jaune et bleu le samedi 19 mars 2022 contre Clermont. Des gadgets et des maillots sont mis en vente en France et en Allemagne en vue de reverser les fonds recueillis aux réfugiés et déplacés ukrainiens. La marée émotionnelle irrigue l’Europe des 27.

Les sportifs ukrainiens réussissant à poser un pied sur un pan du sol de la grande « fratrie » se voient offrir des contrats et des logements. Sans coup férir, l’horizon s’illumine pour eux. Désormais, on engage par solidarité ou au nom de l’amour du prochain. Le talent devient secondaire. Les joueurs et entraîneurs étrangers évoluant en Russie et en Ukraine sont autorisés par la FIFA à signer un contrat ailleurs. Ensuite, elle étend la disposition aux joueurs ukrainiens sans attendre la période officielle des transferts et malgré la clôture de la fenêtre de signature prévue par chaque fédération.

Cette effusion d’émotion sélective laisse une vague d’émoi au cœur des footballeurs et sportifs africains pour lesquels les portes restent fermées. Pour exercer en Europe, il faut réunir les conditions normales de transfert, de voyage et de travail. Aucune faveur, quelle que soient les circonstances. Mépris, injures xénophobes et discriminations raciales pour ceux qui y sont déjà. Parfois en échec, et tourmentés, ils se tournent vers d’autres activités pour sauver la face. Nul ne veut accepter la honte en cas de retour précipité chez soi.

Les sportifs des pays en guerre comme la Syrie, la Libye, l’Afghanistan et le Yémen ne bénéficient pas de la clémence, de la bienfaisance de l’Europe. Les couleurs de leurs pays ne déteignent pas sur les stades et clubs de l’Union européenne. Pour ces derniers, pas de traitement de faveur. Les sentiments d’amour et la générosité démesurés sont des mesures très variables. Toutes les guerres ne créent pas les mêmes sentiments ou alors tous les agresseurs ne provoquent pas les mêmes ressentiments sinon l’on ne ferait aucun tri parmi les victimes.

Arthur Zébé

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