Insécurité galopante en Afrique  – La guerre en Ukraine a-t-elle relégué la lutte contre le terrorisme en seconde préoccupation ?

Le président de la Transition au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré a accordé jeudi soir un entretien à la télévision publique nationale et à la télévision privée Canal 3. Il s’est longuement penché sur la situation sécuritaire du pays et est revenu notamment sur le massacre de Karma qui a coûté la vie à 136 personnes selon les autorités.

Attaque perpétrée par des hommes portants des tenues de l’armée burkinabè selon les rescapés de la tuerie et plusieurs ONG dont Human Right watch.  Le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré et les membres du gouvernement soulignent tous qu’il faut attendre la fin de l’enquête avant de tirer toute conclusion sur l’attaque contre les civils dans le village de Karma le 20 avril dernier. 

« On attend que les enquêteurs fassent leur travail, que les gens évitent de tirer des conclusions hâtives. On m’a dit qu’il y a 136 corps qui ont été inhumés, il faut rendre justice. Il faut se préparer à retrouver ceux qui font ça. Il faut éviter d’accuser sans savoir ce qu’il s’est passé, parce que tout est possible. Dans l’armée, il y a ce qu’on appelle la perfidie, et je pense que ça fait partie des modes d’action privilégiés de l’ennemi. »

Du Sahel à la Corne de l’Afrique, en passant par le Nigéria et le Cameroun ainsi que le Mali, le Burkina Faso, l’Afrique est devenue la base arrière de divers groupes djihadistes et le théâtre de nombreuses attaques terroristes ces derrières années.

Un phénomène qui s’est amplifié après les printemps arabes. Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), Boko Haram, Al-Shebab, Al-Mourabitoune, Ansar al-Charia et d’autres groupuscules jihadistes sévissent régulièrement sur le continent, un territoire en première ligne de la lutte contre le terrorisme. Au Mali, des personnes ont été tués dans des attaques terroristes perpétrées dans la localité de  Sévaré, dans la région de Mopti , le centre du pays.

C’était le samedi 22 avril 2023. En effet, dix civils et trois soldats tués dans un « regain d’incidents terroristes » L’explosion de voitures piégées a fait 10 morts et une soixantaine de blessés dans la zone de l’aéroport de Sévaré, dans la région de Mopti au Mali. Trois soldats ont également été tués, a indiqué le gouvernement malien de transition.

Comme on peut le constater l’Afrique est en proie à la menace terrorite. Une menace qui s’étend également à de nombreux autres pays du monde. Notamment au moyen orient et au proche orient. Mais curieusement, les pays occidentaux ne mettent pas autant de détermination dans la lutte contre le terrorisme qu’ils mettent dans la guerre en Ukraine.

Visiblement parce que la guerre en Ukraine est aux portes de l’Europe, ils déploient tous les efforts militaires et financiers pour armer l’Ukraine contre la Russie. La France, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne soutiennent assidûment  l’Ukraine, en guerre contre la Russie, à travers les dons de missiles ou les contributions financières.

Si les Ukrainiens réclament davantage d’armes, notamment des avions de combat, les pays de l’Otan y sont pour le moment défavorables. Mais les pays occidentaux ne renoncent pas à fournir des armes à l’Ukraine. Ils ne veulent visiblement pas que le conflit entre l’Ukraine et la Russie prenne fin par le dialogue et la négociation. Ils veulent vaille que vaille vaincre la Fédération de Russie dans cette guerre via l’Ukraine.

Alors que les pays du Sahel sont confrontés au terrorisme et de que l’OTAN restent quasiment les bras croisés ou aident timidement les pays africains, ils envoient des tonnes d’armes à l’Ukraine. Ils appliquent en Ukraine, toutes les vieilles techniques militaires et modernes qui sont chez eux.

  On ne serait pas surpris qu’à la longue, les pays de l’OTAN demandant aux pays africains dont les militaires sont formés aux armes de fabrication russe de les envoyer en Ukraine pour les mettre au service de l’armée de Kiev. Pour l’OTAN et le plus important à leurs yeux, c’est la guerre en Ukraine et non, la lutte contre le terrorisme en Afrique.

Même s’il faut déplorer la guerre en Ukraine et dénoncer les nombreux morts ; il faut reconnaître qu’il y a eu plus de morts en Afrique du fait du terrorisme en dix ans que pendant la guerre en Ukraine. Il ne faut donc pas mettre en péril les intérêts des populations africaines au détriment de la guerre en Ukraine.

Les morts du terrorisme en Afrique sont aussi importants que les morts en Ukraine. S’il est nécessaire de ramener la paix en Ukraine par le dialogue et la diplomatie, il faut aussi ramener la sécurité en Afrique en combattant les terroristes et les mouvements djaihadistes. L’Afrique ne doit pas être sacrifiée ! Les intérêts de l’Afrique ne doivent pas être relégués au second plan !

Nedson Djinsou

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