L’ancien président de la République de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, a animé une conférence de presse, ce mardi 22 août 2023, à son cabinet sis à la Rivière-Attoban (Abidjan), à quelques jours des élections locales du 2 septembre prochain. Une occasion pour le président du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) d’aborder des sujets d’actualité, allant de la politique nationale aux questions internationales.
Concernant la situation qui prévaut au Niger après le coup d’Etat militaire qui a renversé le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum, Laurent Gbagbo a désapprouvé la position de la CEDEAO visant à réinstaller Bazoum par une opération militaire. M. Gbagbo, tout en prenant acte du putsch, estime qu’il s’agit d’une mission qui en cache une autre.
« Je vous le dit, il ne faut pas mentir. On ment quand on laisse croire aux gens qu’on va au Niger pour réinstaller Bazoum dans son fauteuil. Il y a un coup pour exploiter l’uranium, le gaz etc. Bazoum a été renversé. Il n’est pas le seul. On veut se mettre en position pour qu’il soit libéré. Lui faire croire qu’on va le réinstaller, on lui ment. Le coup d’État est consommé », a-t-il dit.
Abordant la politique nationale ivoirienne, il a salué la mémoire de l’ancien président ivoirien, Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA récemment décédé. En ce qui concerne l’avenir de l’alliance entre le PPA-CI et le PDCI-RDA, M. Gbagbo a soutenu qu’il existe des désaccords à certains endroits.
« Une alliance, c’est toujours des déboires, des disputes et des débats. Même quand vous êtes marié avec votre épouse, il y a des querelles. Le fait qu’il y ait des querelles, cela ne signifie rien. Vous parlez de Yopougon, de Port-Bouet, mais vous ne parlez pas de Daloa. Quand ça se passe bien, ça se passe bien. Quand ça ne passe pas bien, ça ne se passe pas bien. Mais une union politique est toujours comme ça et dans tous les pays du monde, c’est comme ça », a-t-il précisé.
Sur la question de la participation du PPA-CI aux élections municipales et régionales prévues le samedi 2 septembre 2023, Laurent Gbagbo a fait savoir que son parti politique ira bel et bien à ces élections en « dépit des graves irrégularités contenues sur le fichier électoral ».
« Le fait de ne pas aller aux élections après mon arrestation nous a causé beaucoup de dommage. C’est pourquoi nous avons décidé de ne plus boycotter d’élections », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter : « Entre boycotter les élections pour cause de fraude et allez aux élections, nous choisissons la 2e option, malgré la fraude orchestrée par nos adversaires ».
Le président du PPA-CI a ensuite lancé un appel aux candidats de son parti en ces termes : « A tous nos candidats, nous leur demandons de se battre et de continuer à se battre. Qu’ils se battent pour obtenir des résultats et qu’ils n’aient pas peur de ceux qu’on appelle dinosaures. Notre rôle, c’est de battre les dinosaures ».
Pour l’ancien président ivoirien, sa candidature à l’élection présidentielle de 2025 dépend de l’avis des militants de son parti. Par ailleurs, il a fait remarquer que la politique est le métier qu’il connaît. Par conséquent, il ferait la politique jusqu’à sa mort, a-t-il affirmé.
S’agissant de sa radiation de la liste électorale, il compte mener le combat après les élections du 2 septembre prochain. A l’en croire, il n’a rien fait de mal pour mériter cette exclusion.
« Je n’ai pas braqué la BCEAO. Je n’ai pas volé l’argent du contribuable. Je ne suis pas un voleur et ça, tout le monde le sait sauf ceux qui sont en face de Nous. En Côte d’Ivoire, quand on cherche un braqueur ou un voleur, ce n’est pas de mon côté », a-t-il déclaré.
Au sujet des prisonniers encore détenus depuis la crise post-électorale de 2010-2011, Gbagbo a réclamé leur libération. « Je demande leur libération. Je ne comprends pas que moi, je suis au dehors et eux, ils sont en prison depuis 2011. Même les criminels qui sont condamnés en 20 ans, 30 ans, s’ils se comportent bien en prison, on les libère. Eux, en 2023, ils ont fait 12 ans en prison. Ils ont des enfants et des femmes que moi, je reçois. On ne peut pas continuer à vivre comme ça. Ça ce n’est plus la prison, c’est la haine. Je continue à demander leur libération », a laissé entendre l’ancien chef d’Etat.
Camille Konan
Laissez une réponse