« La junte, aux abois et affaiblie, instrumentalise et tente sans succès de diviser la diaspora malienne ». C’est l’intitulé de la tribune ci-dessous d’Ismaël Sacko, président du parti politique malien dénommé Parti social-démocrate africain (PSDA), par ailleurs, coordonnateur du mouvement Coalition Sahel Démocratie. Depuis l’exil, il dénonce la tentative d’agression physique dont a été victime, en octobre 2024, l’ancien Premier ministre malien, Moussa Mara, par des partisans de la junte militaire au pouvoir à Bamako, alors qu’il rencontrait la diaspora malienne en France.
Le complot orchestré contre l’ancien patron de YELEMA en région parisienne est inadmissible en ce sens que la Constitution malienne encadre les libertés fondamentales et publiques. La liberté d’association, de réunion et d’expression est un droit fondamentale consacré dans la Constitution malienne de 1992 et celle tripatouillée de Juin 2023.
Indignés et déçus, les Maliens lâchent la junte
La diaspora malienne qui aux premières heures du putsch de 18 août 2020 contre le régime de feu IBK, avait manifesté un soutien incontesté en faveur des putschistes, désenchante et tourne le dos à la junte. De mai 2024 à nos jours, tant à l’intérieur du Mali profond qu’au sein de la diaspora malienne d’Afrique et d’Europe, nos concitoyens ont fait un revirement de 360 degrés. De nos jours, on estime à 80% des Maliens de l’intérieur et à 60% de notre diaspora qui ne soutiennent plus les autorités de fait de la transition. L’incapacité de la junte à pallier au délestage donc à la très faible distribution de l’électricité, l’augmentation exponentielle des prix de denrées de premières nécessité et les scandales de corruption à répétition par les membres du gouvernement et surtout du premier cercle du chef des putschistes Assimi Goita, ont fortement déçu une diaspora qui avait cru aux promesses d’un conte de fée. La débâcle de la bataille de Tinzawaten avec comme résultat, le massacre massif des soldats maliens et des combattants Wagner a fini par convaincre les Maliens d’un pilotage à vue des autorités militaires incapables de résorber la crise sécuritaire qui avait justifié leur prise de pouvoir par effraction.
Défendons les valeurs et principes pour un Mali meilleur
Le pire et contre toute attente, le week-end du 26-27 octobre 2024, médusés, les Maliens ont vu circuler des images de quelques individus manipulés à la solde des nouveaux généraux félons et félins, faisant irruption dans une salle de réunion pour empêcher l’ancien Patron du Parti YELEMA, Moussa Mara, non moins ancien Premier ministre, d’échanger avec nos compatriotes. Pour rappel, il est coutume que des leaders d’opinion et des hommes politiques soient invités dans les foyers de travailleurs migrants maliens de France, pour faire le point de l’état de la nation et faire des propositions de sortie de crise. Rien d’anormal. Le comble est qu’il y a des activistes pro-juntes établis en France, qui, à visage découvert, ont reconnu avoir orchestré le sabotage de la réunion animée par l’ancien Premier ministre. En ma qualité de démocrate et de défenseur de la liberté d’association et d’expression, je condamne la tentative d’agression contre Moussa Mara et apporte mon soutien à toutes actions portant à restaurer la démocratie et le retour à l’ordre constitutionnel au Mali et dans le Sahel central. Par cet acte ignoble, la junte a réussi à exporter à l’extérieur de nos frontières, son mode opératoire et son modèle de gouvernance liée à la terreur et à la propagande. C’est l’image de notre pays qui est écornée et non celle d’un homme politique. Je rappelle que le soutien aveugle et nombriliste voire alimentaire à des fin financières à la junte, a une répercussion négative sur l’ensemble du peuple malien.
Le respect de l’hospitalité
Notre culture et nos us et coutumes nous imposent le respect de l’hospitalité «le djatiguiya » et des lois du pays d’accueil. Souvenons-nous que notre comportement est l’expression de l’éducation de notre famille. C’est pourquoi, j’estime que la justice doit se saisir de ce dossier afin de dissuader la violence au sein de notre diaspora, car un appel a été lancé par certains des ~vidéomen activistes pour agresser Kadidia Fofana et Malick Konaté, des compagnons de lutte qui méritent respect.
Pourquoi la junte a perdu la confiance des Maliens ?
Aucun homme politique, ni leader d’opinion ne constitue, un véritable handicap pour le rayonnement du Mali. Au regard des derniers développements sur le plan sécuritaire notamment :
- L’échec de Wagner et FAMAS à Tinzawaten 1 en juillet 2024;
- La fuite en avant de Tinzawaten 2 en septembre 2024;
- L’attaque meurtrière de l’école de la gendarmerie de Faladié (Bamako) et de l’aéroport de Bamako-Senou avec plus de 100 morts;
Ces échecs ont contribué à démystifier les putschistes maliens et leur supplétif Wagner. Depuis, la junte et ses 5 étoiles a perdu la confiance du peuple et se sent très affaiblie et isolée à l’intérieur et sur le plan diplomatique.
On note également que :
- Les caisses de l’Etat sont vides.
- 2. La dette intérieure a explosé.
- 3. La corruption s’est érigée en mode de gestion.
- 4. Les arrestations arbitraires et les enlèvements ont pignon sur rue.
- 5. Le nombre de déplacés internes a considérablement augmenté au centre du Mali en direction de Bamako et des autres régions. C’est un désastre.
- 6. Le nombre de réfugiés maliens installés en Mauritanie et en Algérie est inacceptable.
Ces faits gravissimes ont engendré la grogne et le mécontentement qui se font de plus en plus sentir. La fin de « l’Assimisme » est proche.
Conclusion
La gestion par la terreur a montré ses limites. L’heure du réveil a sonné. Par conséquent, je salue la majorité écrasante des Maliens qui ont dénoncé et désapprouvé la tentative d’agression contre Moussa Mara. Et j’informe l’opinion nationale et internationale que notre détermination à continuer le combat pour restaurer et encadrer la démocratie ne fait l’objet d’aucun doute. Nous continuerons à entretenir notre diaspora d’Afrique et d’Europe y compris dans les foyers de travailleurs migrants et ailleurs, afin de gagner la bataille de la vérité et le combat de la libération de notre peuple qui mérite de vivre uni et en paix de Kayes à Tinzawaten.
Il est donc temps que l’ensemble des leaders au-delà des calculs personnels de positionnement, mettent l’intérêt du Mali et des Maliens au-dessus de toute autre considération et ambition. Car, nous sommes contraints d’inverser le cours de l’histoire et d’installer au Mali, une transition civile, gage de stabilité, afin de réussir de façon consensuelle, le retour à l’ordre constitutionnel normal.
Ismaël Sacko
Président du PSDA
Coordonnateur de la Coalition Sahel Démocratie
Chevalier de l’ordre national du Mali
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