Libération des 46 militaires ivoiriens détenus au Mali : Leaders politiques, religieux, chefs traditionnels et militaires mènent toujours les négociations

 

«Les soldats ivoiriens au Mali. Les choses évoluent bien. J’ai eu la visite du Président Faure Essozimna Gnassingbé, facilitateur, médiateur ce jeudi 6 octobre 2022, pour m’informer de l’avancée des choses. Et nous pensons que très rapidement, nous aurons sans doute un heureux aboutissement ». Cet optimisme, c’est le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, qui l’a affiché, le vendredi 7 octobre 2022, au palais président d’Abidjan-Plateau, au terme d’un entretien avec son homologue de la Guinée- Bissau, Umaro Sissoco Embalo, par ailleurs, président en exercice de la  CEDEAO, qui était en visite d’amitié et de travail de quelques heures en terre ivoirienne. Même si le président bissau-guinéen est venu parler avec le président ivoirien du report, à une date ultérieure, du sommet extraordinaire de la CEDEAO, initialement prévu le 14 octobre 2022 à Dakar (Sénégal), les deux chefs d’Etat ont surtout débattu de la situation sécuritaire et sociopolitique dans la sous-région ouest africaine notamment des situations au Mali, au Burkina Faso et en Guinée.

Pour le Mali, c’est la question préoccupante de la détention injuste des 46 militaires ivoiriens, depuis le 10 juillet 2022 à Bamako,qui était au centre des échanges entre les deux personnalités. Le président Ouattara a réitéré la posture de la  Côte d’Ivoire dans cette affaire. A savoir régler la crise par le dialogue d’autant que la Côte d’Ivoire « souhaite avoir de bonnes relations avec tous ses voisins et œuvrer pour qu’il y ait la paix et la sécurité dans la sous-région ».

 

C’est à juste titre qu’Abidjan participe discrètement et efficacement en symbiose avec les médiateurs internationaux tels que le président du Togo, Faure Gnassingbé   (dont la proximité avec le régime malien de transition constitue un secret de polichinelle) ainsi que la CEDEAO, l’ONU et d’autres chefs d’Etat de la sous-région, aux négociations devant aboutir à la sortie de crise. D’autre part, les officiers de l’armée ivoirienne et leurs frères d’armes maliens arrivent à se parler afin de rompre l’impasse entre eux. Sans être officiellement mandatés par les autorités ivoiriennes, des chefs religieux et des chefs traditionnels venus de  Côte d’ivoire dont certains sont de nationalité malienne séjournent depuis quelques jours au Mali où ils ont rencontré de hauts dignitaires religieux maliens pour que ceux-ci mènent des négociations auprès du colonel Assimi Goita et le gouvernement de transition afin que la crise liée aux 46 soldats ivoiriens prenne fin.

 

Les négociations se poursuivent avec des hauts et des bas, nous ont confié des leaders politiques maliens, soucieux de voir la Côte d’Ivoire et le Mali fumer rapidement le calumet de la paix. Même s’ils affichent un optimisme quant à la libération de ces 46 soldats ivoiriens, nos interlocuteurs dénoncent cependant le fait que certains responsables du régime de transition très proches du colonel

Assimi Goita posent des conditions à cette libération notamment l’exécution par la

Côte d’Ivoire, des mandats d’arrêt internationaux lancés contre l’ancien Premier ministre Boubou Cissé, l’ancien ministre Tiéman Hubert Coulibaly et l’ex-député Karim Kéita, fils de feu le président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) ainsi que la poursuite de l’action judiciaire intentée contre les soldats ivoiriens détenus par le procureur malien.  Ils veulent que la libération des 46 militaires ivoiriens se fasse après un procès d’autant que ces soldats ivoiriens sont inculpés pour « tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat ».. D’autres responsables de la transition, selon nos sources, estiment qu’il faut relâcher les 46 soldats ivoiriens , normaliser les relations avec la Côte d’Ivoire et passer à autre chose. Notamment relever avec le soutien de la communauté internationale et de la CEDEAO, les défis économiques et sécuritaires préoccupants auxquels est confronté le Mali. Telle l’ambiance actuelle à Bamako.

 

Didier Depry

 

 

 

 

 

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