L’impartial – La CPI en question par Yao Noel

Le mandat d’arrêt international lancé, le vendredi 17 mars 2023, par la Cour
Pénale internationale (CPI) à l’encontre du président Vladimir Poutine de
Russie ravive, de nouveau, les passions, les tensions, les questions autour de
cette juridiction internationale .

Ne tournons pas autour du pot et allons tout de suite à l’essentiel : la CPI est, à
tort ou à raison, accusée d’être au service et de rouler pour le seul Occident. En
somme, elle se livrerait à une sorte d’ « impérialisme judiciaire » sur l’Afrique en
particulier et sur les moins nantis et les plus faibles de la planète. Je le dis tout net
: je ne suis point de cet avis et voici mes arguments.

1) Premier argument sous forme d’interrogation : par quoi veut-on, voudrait-on,
pourrait-on remplacer la CPI pour les infractions les plus terribles, les plus
cruelles, les plus inacceptables et inadmissibles du genre « crimes contre
l’humanité » , « crimes de guerre » etc.?

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Pour ce type de violences et de violations de la dignité humaine, qu’on nous dise,
là où il y a un risque évident d’impunité au plan interne des États, par quoi

remplacer la Cour Pénale internationale à laquelle de nombreux pays sont eux-
mêmes librement parties ? Ou alors faudrait-ill « passer par pertes et profits » ces

actes extrêmes d’inhumanité ? Ou encore, comme on aime à le dire chez nous
sous les tropiques «tout laisser à Dieu » c’est-à-dire sans rien faire, sans réagir ?
2) Mon deuxième argument est une autre préoccupation majeure, essentielle,
déterminante : a-t-on, pour mémoire ou par expérience, déjà vu la CPI poursuivre
et condamner un innocent c’est-à-dire quelqu’un qui n’a commis aucune infraction
du type « crimes contre l’humanité », « « crimes de guerre » ?

Qu’on nous rapporte donc la preuve ou des preuves de personnes poursuivies
pour rien, poursuivies « cadeau » comme on le dit dans le jargon populaire en
Côte d’Ivoire. Ici aussi, nous attendons les preuves de telles allégations.
3) Autre point décisif: n’a t-on jamais vu la C.P.I déclarer non coupables des
personnes attraites devant elle ? Les ivoiriens en savent quelque chose.

Il leur reviendra que l’ancien Président Laurent Gbagbo et son lieutenant Charles Blé
Goudé ont été tous les deux mis hors de cause à l’issue de leur procès à la Haye.

Et c’est justement à ce titre que les partisans de M. Gbagbo vont célébrer bientôt
la fête qu’ils ont déjà qualifiée de  » LA RENAISSANCE « …

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En un mot, comme en cent, on le voit « si tu n’as rien fait de mal ou de
condamnable, de son point de vue, la CPI te laisse tranquille rentrer chez toi,
comme Gbagbo et Blé Goudé ».

4) Ainsi donc et en dernier ressort, qu’il y ait des choses à corriger, revoir et
améliorer dans les méthodes, procédures etc. de la CPI, nul ne saurait le
contester.

Le statut de Rome qui a institué la CPI date seulement du 17 juillet 1998 et il est
entré en vigueur le 1er juillet 2002.

Pour une institution internationale, la CPI est encore assez jeune.
Des progrès et améliorations sont et restent ouverts, possibles et indispensables
pour que la justice des hommes soit correcte mais pas forcément parfaite ou
exempte de reproches et de critiques.

On ne peut donc pas conclure à l’inutilité ou à la disparition de cette juridiction
sous prétexte d’un « impérialisme judiciaire ».

Non, nous ne devons pas « brûler » la Cour Pénale internationale car ,
souvenons-nous en, même le procès de Nuremberg au sortir de la deuxième
guerre mondiale en 1945, n’a guère échappé aux critiques mais ses décisions ont,
jusqu’à ce jour, revêtu « l’autorité de la chose jugée » au plan mondial. Et
pourtant, c’était bien « entre eux les Blancs » selon notre parler africain.

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