Au Libéria, ce pays dévasté par la guerre civile, la violence meurtrière et aveugle durant plus d’une décennie, un exemple inattendu et salutaire d’alternance démocratique vient de se produire.
Il est vrai que le Président sortant George Manney Weah, grand sportif, talentueux footballeur pendant de longues années, connaît, cultive et pratique le fair-play. C’est donc ce gentleman qui vient de « dégonfler » la crise postélectorale que l’on redoutait tant au Libéria, qui a concédé sa défaite électorale et appelé pour féliciter son adversaire le vétéran Joseph Boakai, nouveau Président élu.
Par temps ordinaire et normal, aucune félicitation extraordinaire ou spéciale ne doit venir de l’acceptation par un candidat de sa défaite. Dans une démocratie, quoi de plus normal ? Mais sous nos tropiques où le jeu démocratique et électoral balbutie et connaît diverses et malencontreuses fortunes, cela fait figure de lumière dans les ténèbres électorales d’ici et d’ailleurs.
Dès lors, Mister George a droit à une sincère et loyale reconnaissance pour l’acte hautement patriotique et pacifique qu’il vient de poser en acceptant le choix libre et souverain du peuple libérien. Dans ce pays de grandes et fortes adversités et jadis surnommé « le paradis du diable », marqué par une stabilité encore fragile, une crise postélectorale pouvait réveiller les vieux démons de la division et des affrontements en tous genres.
Le Président Weah a donc tiré et sauvé son pays d’un autre grave et indescriptible chaos. Autant donc l’inoubliable et tragique guerre du Libéria avait ébranlé la sous-région ouest-africaine et l’Afrique toute entière, autant la posture de l’ancienne gloire du football est venue apaiser les tensions et maintenir voire renforcer la paix au Libéria.
Aujourd’hui, cet exemple venu du pays des anciens esclaves affranchis d’Amérique devrait inspirer davantage et surtout libérer l’Afrique de toutes les pesanteurs, compromissions, manœuvres et fraudes électorales qui empoisonnent l’univers politique de nos pays africains et plombent leur développement.
La démocratie qui est tout simplement (et tout bêtement) le libre choix par le peuple de ses dirigeants n’a jamais fait de mal et ne devrait faire aucun mal à qui que ce soit. Bien au contraire, ce sont les tricheries et tripatouillages qui entraînent et amènent les incompréhensions, dissensions et querelles politiques difficiles à maîtriser et à contenir.
Le temps est donc venu après ce énième passage pacifique du témoin, de renoncer aux vieilles et abominables machinations électorales pour que vive une « démocratie apaisée », une vraie et féconde démocratie.
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