La semaine dernière, les autorités du Niger, ont, coup sur coup, pris des mesures pour l’entrée et le séjour sur leur territoire. Puis, elles ont interpellé deux citoyens ivoiriens pour, dit-on, défaut de documents de séjour. Selon ces autorités de facto, cette mesure vise à réguler sinon à contrôler les entrées, le séjour sur le territoire du Niger de ressortissants de pays africains. Elle est quelque peu curieuse et étrange. Le discours, la rhétorique voire les envolées panafricanistes des autorités militaires qui gouvernent en ce moment le Niger, sont exactement aux antipodes de leurs actions. Le panafricanisme, « ce n’est pas un vain mot, c’est un comportement », pourrait-on leur rétorquer.
Le panafricanisme historique, légendaire. intelligent, intelligible, authentique, c’est d’abord et avant tout, la libre circulation des personnes et des biens à l’intérieur d’un même et seul « Etat continental africain » pour ne pas dire d’un même et seul gouvernement africain ou panafricain, comme le rêvait déjà Osagyefo Dr Kwame Nkrumah initiateur historique, authentique, incontesté parce qu’incontestable du panafricanisme. Alors, dire aujourd’hui qu’un ivoirien, un togolais, un rwandais, un zambien, un tunisien, un sénégalais, et que sais-je encore, doit avoir une autorisation préalable pour pouvoir transiter ou séjourner au Niger, relève d’une nouvelle et étonnante manière de concevoir et de vivre le panafricanisme.
Voilà pourquoi, au regard des péripéties de ces derniers temps et de l’actualité récente, notamment l’arrestation, le 18 janvier 2025, du Directeur général de Canal + Côte d’Ivoire, M. Aziz Diallo (il a été ensuite libéré) et la détention du journaliste Moustapha Maiga qui traversait ,le 25 janvier dernier, le Niger pour rejoindre le Mali, pose un véritable problème à la Côte d’Ivoire et aux Ivoiriens. Pays de fraternité, d’hospitalité depuis le premier président Félix Houphouët-Boigny, la Côte d’Ivoire n’a jamais détenu ou refoulé des ressortissants de pays ouest -africains pour une histoire de documents ou de titres de voyage.
D’où vient- il donc qu’au moment même où l’Afrique entière revendique son indépendance, sa liberté, sa souveraineté et surtout son intégration, l’on puisse arriver à ces choquantes arrestations et détentions, au Niger, pays fier d’Afrique, à ces interpellations aussi blessantes de citoyens africains, tout simplement parce qu’ils n’ont pas les papiers requis pour débarquer et séjourner au Niger ? Cette situation laisse pantois et amène quelque peu à se demander si réellement, les putschistes nigériens et leurs affidés se servent seulement du panafricanisme comme d’un cache-sexe ou s’ils sont sincères dans leur quête et posture souverainiste.
Le moment est venu et c’est le lieu d’indiquer à ces militaires que le panafricanisme dont ils se réclament à cor et à cri, c’est d’abord l’intégration des peuples. Il faut donc changer de paradigmes à Niamey et au-delà, dans tout cet espace A.E.S. pour revenir à une véritable liberté de circulation des personnes et des biens. Et, deuxièmement et très sérieusement, le panafricanisme, c’est également la liberté, la démocratie pour permettre à tous les peuples africains de concevoir et forger un destin, se choisir les dirigeants qu’ils souhaitent librement pour parvenir à un bonheur collectif et individuel.
Le panafricanisme n’est surtout pas un embrigadement, encore moins, une prise en otage de tout un peuple ainsi que nous le voyons piteusement dans ces pays dirigés par des militaires mus par leur logique militaire et musclée. Il est absolument impérieux que les autorités putschistes de Niamey puissent le plus rapidement et le plus honnêtement organiser le processus de retour à une vie constitutionnelle normale afin qu’elles retournent vite dans leurs casernes . Et que la liberté, la démocratie puissent (re) voir le jour. En réalité, aujourd’hui, le Niger, le Burkina Faso, le Mali et tous ceux qui se réclament ou veulent se réclamer de l’Alliance des Etats du Sahel, doivent cesser d’être de nouvelles et tristes « prisons à ciel ouvert ! ».
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