L’impartial – Panafricanisme et stabilité politico-institutionnelle – Par Yao Noël

L’annonce récente de la décision du Burkina Faso, du Mali et du Niger de quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) nous replace d’autant plus au cœur du débat sur le panafricanisme que ces trois pays essaient de justifier leur soudaine et curieuse décision par les « manquements », selon eux, de l’organisation sous-régionale à la cause du « PANAFRICANISME ».  Sans que l’on comprenne bien leur argumentaire, l’on est poussé à l’examiner et tenter de le déchiffrer.

La première et naturelle préoccupation est celle de savoir ce que veulent exactement dire ces trois pays toujours dirigés par trois juntes militaires à l’issue de trois putschs ou coups d’Etat militaires.  Dès lors, pour eux, sont-ce les condamnations et les sanctions à eux imposées qui sont à la base de leurs « manquements à  la cause du panafricanisme » ? Or, sans entrer dans un juridisme ennuyeux, rappelons que la CEDEAO a proscrit les coups d’Etat comme modes d’accession au pouvoir.

Ces moyens illégaux ne sont, de nos jours, ni acceptables ni recevables. Et leur argument populiste voire démagogique qui consiste, pour eux, à se défendre en indexant d’autres fomentateurs de contorsions ou de tripatouillages civilo-constitutionnels, ne tient pas la route, de mon humble avis. C’est comme si le vol devait être accepté ou toléré parce qu’il y a des centaines ou des milliers d’autres voleurs sur la terre. C’est inadmissible et tous les putschs, militaires et civilo-constitutionnels demeurent abjects, à reprouver et à condamner avec la même vigueur et fermeté.

La seconde idée ou interrogation à ces trois juntes militaires est celle de savoir en quoi leur départ de la CEDEAO peut corriger les manquements au panafricanisme dont ils se targuent et se prétendent les hérauts ? De plus, autorités putschistes affublées du ronflant titre de « pouvoir de transition », ces « factieux » (ou même facétieux) ont quelles onction et légitimité pour décider, en lieu et place, des peuples directement concernés par l’intégration régionale et sous-régionale ?

La dernière grande réflexion que nous faisons et qui n’est que le rappel de l’option de nos pionniers et pères-fondateurs en faveur de l’intégration africaine par « cercles concentriques », vient ainsi de prendre un sérieux coup et d’être mise à mal par ces soldats inexpérimentés. La CEDEAO a, depuis les fonts baptismaux en 1975, fait du chemin, beaucoup de chemin certes timidement mais sûrement. Comme toute œuvre humaine, la CEDEAO est à parfaire, à  corriger et à améliorer.

Mais, ce n’est pas en lui claquant la porte qu’on y arrivera. Un travail lent, patient, obstiné, sérieux pour en corriger les tares et dysfonctionnements s’impose absolument mais cela ne peut s’effectuer dans le désordre, la démagogie et la fuite en avant de ces trois régimes putschistes ayant eux-mêmes déjà une tare existentielle et congénitale.

 

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