L’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, président-fondateur du
Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) s’est rendu ce jeudi 8 juin 2023 à la Commission électorale locale de Cocody-Angré Star 8 (Abidjan) pour poser une réclamation relativement à sa non-inscription sur la liste électorale.
Il était accompagné de sa compagne Nadiany Bamba et des membres de la haute direction du PPA-CI. Au terme de la réclamation qui entre dans le cadre du contentieux, il s’est adressé à la presse. Voici la déclaration de M. Gbagbo telle que rapportée par le service communication du PPA-CI.
« Bonjour chers amis, Bonjour chers camarades, je suis venu ici ce matin pour une réclamation, comme nous sommes dans la période des contentieux. Il n’y avait donc pas meilleur moment ni meilleur endroit pour m’exprimer.
Les arguments que j’ai développés à la pose de ma réclamation sont de plusieurs ordres et vous en savez la raison. C’est que mon nom ne figure pas sur la liste électorale, prétextant que j’ai été condamné après un procès sur le braquage de la BCEAO.
Je réfute avec vigueur une telle accusation.
Dans ma vie, j’ai toujours travaillé pour que je n’ai aucune ombre dans mon casier judiciaire. Je dis toujours à mes enfants que je n’ai aucune fortune à leur laisser mais que j’ai un nom à leur laisser, et un nom propre. Un nom propre, c’est ce nom que je laisse à ma descendance. Et je ne peux pas laisser quelqu’un souiller et salir ce nom sans me battre, donc je me bats.
Les arguments que j’ai développés ce matin sont de plusieurs ordres.
– D’abord je suis Gbagbo Laurent, Président de la République de Côte d’Ivoire d’Octobre 2000 à Avril 2011. On ne juge pas un ancien Président de la République n’importe comment et devant n’importe quelle juridiction. Il y a une procédure pour mettre en cause et jugé un ancien Président de la République et les Présidents d’Institution. C’est une Loi de 2005.
– Deuxième argument : j’ai fait valoir une Décision de la Cour Africaine des Droits de l’Homme qui a demandé ma réinscription sur la liste électorale.
– Troisième argument : Je ne sais pas pourquoi on m’a jugé. Personne ne m’a convoqué parce que pour qu’il y ait un procès, l’accusé est convoqué, on lui remet une convocation là où il réside. Or tout le monde entier, tout l’univers sait où je résidais au moment de ce procès. J’étais à la CPI où on m’a emmené dans un avion présidentiel, grumman 3. Ils savent quand ils m’ont déposé, où ils m’ont déposé et à qui ils m’ont remis. Mais je n’ai jamais été convoqué. Dire donc que je n’étais pas en Côte d’Ivoire n’est pas un argument. Si je suis un fautif dans une affaire quelconque, on me remet ma convocation là où je suis, or ceux qui m’ont jugé savent très bien où j’étais.
– Autre argument que j’ai développé, c’est qu’une fois le jugement prononcé, on ne m’a pas remis le jugement. Je n’ai eu aucun document de ce procès. Jusqu’à présent, je n’ai eu aucun document ni avant, ni après le procès. Un procès, il faut que l’accusé soit là pour se défende. On m’a emmené à la CPI avec des tonnes d’accusation, mais j’étais là. Je me suis défendu et j’ai gagné, j’ai été acquitté. Ici clandestinement, quand on apprend que je suis acquitté à la CPI, on se cache et on me met sur le dos, une accusation. Non c’est trop politicien, ce n’est pas digne.
Depuis je suis revenu, je ne fais aucun coup contre personne, parce que les coups, nous qui avons pour métier la politique, on sait en faire. On sait en recevoir et aussi en donner. Mais j’ai décidé de ne pas donner de coups, parce que le moment de coups est passé. Moi j’ai été militant clandestin, militant à ciel ouvert, j’ai été candidat contre Houphouët-Boigny, j’ai été Député, j’ai été Président de la République, le temps pour moi de donner des coups est passé.
Je l’ai déjà dit et je le répète, aujourd’hui ce que nous devons faire, les Présidents Bédié, Ouattara et moi-même, c’est de nous conduire de telles façons que nous laissions aux jeunes générations une Côte d’Ivoire pacifiée. C’est ça qui doit être notre objectif. Ce temps est passé, ce temps est révolu. Je demande à tous de se ressaisir.
Quand on marche, on ne marche pas à pas égal. Certains marchent plus vite et d’autres lentement. J’espère que ceux qui marchent lentement me rejoindront dans la lutte pour la pacification, pour un regard global sur l’Afrique pour qu’il ne passe toujours pas comme un contient maudit. C’est ça qui doit être notre posture.
C’est tout ça, chers amis que je suis venu développer comme argumentation.
Il y a des jeunes gens qui se sont levés et qui ont déposé pour moi à Cocody des dossiers pour que je sois inscrit sur la liste électorale. Je les remercie du fond du cœur. Je ne les connais pas et je ne les ai jamais vus. Mais je leur dis Merci, je suis très fier d’eux.
Je voudrais également remercier tous les ivoiriens qui ont ressenti en eux-mêmes l’injustice qui m’est faite. Je veux leur dire que je suis debout et encore debout. Mais qu’ils sachent que tant qu’il faut se battre pour la dignité et la propreté d’un nom, je me battrai toujours. Je ne peux pas partir demain et laisser mes enfants avec un nom qui porte une souillure.
Le combat n’est pas terminé, puisque ce n’est pas moi qui prends les décisions. Moi je pose mon problème, qui est le problème de l’honneur, de la propreté d’un nom, d’une famille. Non, non, non, je ne laisserai pas mon nom être sali sans me battre.
Chers camarades, chers amis voilà pourquoi je suis là ce matin. Merci. »
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