Mali / Gestion de la Transition La hache de guerre déterrée entre Assimi Goita et l’Imam Mahmoud Dicko

Après la lune de miel entre le colonel Assimi Goita et l’Imam salafiste Mahmoud Dicko consécutive à la chute de l’ancien président du Mali, Ibrahim Boubacar Kéita dit IBk (il est décédé), que l’un avait militairement actée et l’autre, préparée par des manifestations de rue ; l’on assiste progressivement et résolument à un divorce bruyant entre les deux anciens «alliés ».

En 2021 puis 2022, l’Imam Dicko a publiquement dénoncé la gouvernance de la transition malienne par les militaires au pouvoir. Il a dénoncé « leur arrogance » et les a accusés de « prendre le peuple malien en otage ».

« J’ai parlé de l’arrogance de nos dirigeants. Ils vont m’interpeller, mais je le dirai : leur arrogance, et l’orgueil de la communauté internationale, c’est le peuple malien qui est en train de payer ça », avait martelé l’Imam Mahmoud Dicko. Et d’ajouter :

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« C’est extrêmement grave : une classe politique moribonde, qui ne bouge pas, qui n’existe plus, une société civile qui a cessé d’exister, il faut le dire, et on est trimbalé, le peuple, entre des gens qui veulent une transition indéfinie (la junte) et des gens qui ont des principes».

Des propos sans ambages qui avaient clairement démontré que l’Imam Dicko, l’un des tombeurs d’IBK, avait retiré son soutien au président de la transition au
Mali, le colonel Assimi Goita.

Ce divorce s’est corsé durant ce mois de janvier 2023 par deux actes majeurs, d’une part, par l’Imam Mahmoud Dicko et ses partisans ; d’autre part, par le régime de transition. Dans une déclaration rendue publique, le lundi 9 janvier 2023, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Dicko (CMAS) et d’autres associations religieuses ont exigé du président de la transition, le colonel Assimi Goita, qu’il sursoie à l’élaboration de la nouvelle constitution malienne dont l’avant-projet est en voie de finalisation. Ils ont même boycotté, à cet effet, la rencontre initiée, le jeudi 12 janvier 2023, par le ministère de l’Administration territoriale, destinée à débattre de l’organisation du scrutin référendaire.

De son côté, le régime de transition, ouvertement échaudé par l’attitude de l’Imam Mahmoud Dicko et ses soutiens, n’ a pas hésité à réprimer , le samedi 14 janvier 2023, les partisans de l’Imam Dicko qui s’étaient fortement mobilisés à Bamako pour l’accueillir à son retour de l’Arabie Saoudite. Gaz lacrymogène, violence policière … tout était au rendez-vous pour transformer ce moment de joie en temps de larmes.

C’est à juste titre que les partisans de l’Imam Mahmoud Dicko ont produit un communiqué officiel pour dénoncer cette violence dont ils ont été les victimes. On peut le dire, sans hésiter, la hache de guerre est déterrée entre Assimi Goita et Mahmoud Dicko. Voici ci-dessous le communiqué des partisans de l’Imam regroupés au sein de la Coordination des Mouvements , associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS).

Didier Depry

CMAS / Communiqué N°021 / BEN / 2023 relatif à l’agression du cortège de l’imam Mahmoud Dicko

La CMAS de l’Imam Mahmoud Dicko informe l’opinion nationale et internationale de ce qui suit : Hier , 14 janvier 2023 notre Parrain , Imam Mahmoud Dicko est venu de l’Arabie Saoudite où il a été élu membre permanent du bureau de la Ligue Islamique Mondiale et aussi membre de son bureau des Ulémas. Suite à ces distinctions, ses amis, sympathisants et collaborateurs ont décidé d’aller l’accueillir pour magnifier l’honneur qui a été fait aux Musulmans du Mali et de l’Afrique par cet acte. Arrivés à l’aéroport, nous avons été surpris par l’important dispositif de sécurité (Garde nationale et la police) déployé pour le maintien de l’ordre.

Nous , les responsables ont directement demandé à nos partisans de respecter les consignes sécuritaires . Choisi qui a été fait . Malgré cela, nous avons été surpris de l’agression du convoi de l’imam par des Jets de gaz lacrymogène. La Cmas condamnée avec la dernière rigueur de cette agression et interpelle la justice malienne et le ministère de la Sécurité et de la Protection Civile pour faire la lumière sur cette agression de notre Parrain et situer les responsabilités.

Car , rien ne peut justifier cet acte des services de sécurité contre des fidèles musulmans sortis pour glorifier l’islam . Fidèles à ses idéaux, la CMAS demande à toutes les personnes croyantes aux valeurs prônées par l’imam de rester mobilisées, debout, déterminées et surtout sages derrière l’homme. Enfin, nous remercions tous les Maliens pour l’accueil et leurs soutiens. Qu’Allah les bénisse ainsi que le Mali.

Fait à Bamako, le dimanche 15 janvier 2023

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