Les 46 militaires ivoiriens détenus au Mali depuis le dimanche 10 juillet 2022 regagneront la Côte d’Ivoire, ce samedi 7 janvier 2023, dans l’après-midi, avons-nous appris de sources sécuritaires. Ils quitteront Bamako pour Abidjan à bord d’un vol spécial affrété par le gouvernement ivoirien.
En effet, ces 46 soldats ivoiriens (et les 3 soldates ivoiriennes libérées en septembre 2022) ont bénéficié d’une grâce présidentielle assortie d’une remise totale de peine prises par le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goita.
Cette décision a été rendue publique, le vendredi 6 janvier 2023, à travers un communiqué du gouvernement malien de transition lu, sur les antennes de la télévision nationale malienne (ORTM), par le ministre d’Etat, ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga.
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« Par Décret n° 2023-0002/PT-RM du 6 janvier 2023, SE le Colonel Assimi Goita, Président de la Transition, Chef de l’Etat, a accordé sa grâce avec remise totale de peines aux 49 ivoiriens condamnés par la justice malienne pour les infractions suivantes :
crimes d’attentat et de complot contre le Gouvernement ; atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat ; détention, port et transport d’armes et de munitions de guerre ou de défense intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle et collective ayant pour but de troubler l’ordre public par l’intimidation ou la terreur », mentionne le communiqué.
Et de préciser que « la mesure de grâce prise par le Président de la Transition vient ainsi conforter la dynamique créée suite à la signature à Bamako, le 22 Décembre 2022, du Mémorandum d’entente relatif à la promotion de la paix et au renforcement des relations d’amitié, de fraternité et de bon voisinage entre la République du Mali et la République de Côte d’Ivoire ».
Ce dénouement heureux de la crise diplomatique aux relents militaires qui a profondément affecté les relations bilatérales entre la Côte d’Ivoire et le Mali depuis juillet 2022 est à mettre à l’actif de plusieurs acteurs. En première position se trouve le président de la République du Togo, Faure Gnassingbé, médiateur accepté par les parties ivoirienne et malienne dans la crise. Sa proximité et celle de son ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey , avec Assimi Goita et certains tenants de la transition au Mali a facilité les choses.
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Tout comme ses excellentes relations avec son aîné, le président ivoirien, Alassane Ouattara. Le gouvernement de malien de transition a d’ailleurs rendu hommage au médiateur togolais pour son rôle joué en vue de la fin de la crise.
« La mesure de grâce prise par le Président de la Transition vient ainsi conforter la dynamique créée suite à la signature à Bamako, le 22 décembre 2022, du Mémorandum d’entente relatif à la promotion de la paix et au renforcement des relations d’amitié, de fraternité et de bon voisinage entre la République du Mali et la République de Côte d’Ivoire.
A cet égard, le Gouvernement de la Transition renouvelle sa profonde reconnaissance au Président de la République Togolaise SE M. Faure Essozimna Gnassingbé, pour ses efforts inlassables et son engagement constant pour le dialogue et la paix dans la région », a précisé le communiqué.
Autres « pères » de cette fin de crise, qui s’est traduite par la signature, le jeudi 22 décembre 2022 à Bamako, du mémorandum d’entente entre la Côte d’Ivoire et le Mali ainsi que la libération des 46 militaires ivoiriens, sont le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, la CEDEAO, le président de la transition au Mali , le colonel Assimi Goita ainsi que trois acteurs ayant agi, dans la discrétion et dans l’ombre. Ce sont deux personnalités et un groupe de personnalités.
Ces deux personnalités sont l’actuel ministre des Affaires étrangères du Tchad, Mahamat Saleh Annadif et l’homme d’affaires malien installé en Côte d’Ivoire, Komé Cessé. Le groupe de personnalités constitue un certain nombre de chefs religieux et traditionnels du Mali et de la Côte d’Ivoire conduits par Chérif Ousmane Madani Haidara, président du Groupement des leaders religieux musulmans du Mali et le chef traditionnel ivoirien Kyffy Zié Gervais, chef des Krous de Côte d’Ivoire, par ailleurs, secrétaire général permanent des rois, sultans, princes, cheicks et chefs traditionnels d’Afrique.
Ces chefs religieux et traditionnels du Mali et de la Côte d’Ivoire ont exhorté inlassablement les dirigeants maliens à libérer les 46 militaires ivoiriens et normaliser les relations avec la Côte d’Ivoire, pays frère du Mali.
Par son attitude de calme et de recherche obstinée de la paix dans cette crise avec le Mali, le président ivoirien Alassane Ouattara a sauvegardé le bon voisinage entre Abidjan et Bamako. Certes il y a eu quelques montées d’adrénaline comme la décision du retrait des soldats ivoiriens de la MINUSMA, mais la signature du mémorandum d’entente entre Abidjan et Bamako pourrait remettre les choses sur les rails, nous a-t-on dit. Une normalisation totale qui se traduira, avons-nous appris, par une visite officiel du colonel Assimi Goita en Côte d’Ivoire puis suivra, plus tard, celle du président Alassane Ouattara au Mali.
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Même s’ils en veulent encore visiblement à la CEDEAO, les dirigeants de la transition malienne ont aussi joué un rôle important dans la fin heureuse. Certes c’est à eux qu’il faut imputer, à cause de leur longue attitude rétive, la durée de la crise mais ils ont fini par entendre raison. Acteur tout aussi important, la Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) est restée droite dans ses bottes de la défense de la paix entre les pays de la sous-région et du respect du pouvoir acquis par les urnes.
C’est à juste titre que le dimanche 4 décembre 2022, au terme de son sommet extraordinaire à Abuja (Nigeria), la CEDEAO a exigé du Mali, la libération des 46 militaires ivoiriens avant le 1er janvier 2023 sous peine de nouvelles sanctions économiques.
Une injonction ayant irrité le Mali qui l’a signifiée au médiateur togolais, lors de la rencontre du mercredi 4 janvier 2023 à Bamako. Avant de le traduire, hier, vendredi 6 janvier 2023, dans le communiqué relatif à la grâce présidentielle en faveur des 49 soldats ivoiriens en apostrophant, à la limite de l’incident diplomatique, le président de la République de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de la CEDEAO.
« Dans la gestion de cette affaire, qui était bilatérale depuis sa survenue jusqu’à son dénouement, le Gouvernement de la Transition a été indigné par l’attitude partiale de certains responsables contre notre pays. Le cas le plus récent est la position agressive du Président en exercice de la CEDEAO, SE M. Umaro Sissoco Embalo, qui après avoir échoué lamentablement à porter atteinte à l’honneur du Mali devant les instances internationales, vient d’opposer un ultimatum au Gouvernement de la Transition concernant la libération des ivoiriens.
Le Gouvernement de la Transition voudrait faire remarquer à SE M. Embalo, que depuis, le 14 janvier 2022, le Mali ne figure plus sur la liste des pays intimidables et a définitivement retrouvé sa souveraineté », a écrit le gouvernement malien de transition.
Au regard de l’évolution de l’affaire des 49 soldats ivoiriens arrêtés et détenus au Mali depuis juillet 2022 jusqu’à leur libération en septembre 2022 puis en janvier 2023, on peut affirmer sans se méprendre que « tout n’est pas bien qui finit bien ». Même s’il faut se réjouir que les 46 soldats retrouveront leurs familles et leurs proches ce samedi7 janvier 2023 à Abidjan.
Didier Depry
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