Mali / Nouvelle Constitution – Le président du PSDA appelle au boycott du référendum du 18 juin

« Référendum GATE  du 18 juin 2023 : Oui de la compromission et le oui trahison creusent l’abîme de la junte / L’abandon et le renoncement scellent l’unité et la cohésion nationale ». C’est ainsi qu’Ismaël Sacko résume , depuis son exil, la position que ses compatriotes Maliens doivent avoir vis-à-vis du référendum constitutionnel qui se tiendra le 18 juin 2023 sous l’autorité du régime de transition militaire au Mali tenu par le colonel  Assimi Goita. Le président du Parti social-démocrate africain (PSDA) lance donc un appel au boycott de ce référendum dont l’abandon, dit-il, «est le salut de l’union des cœurs des Maliens et de l’esprit unitaire du Mali ».

LE PIÈGE 

En cette période d’eau saumâtre, de coupure d’électricité zonale et suicidaire pour les entrepreneurs, la junte malienne ne se soucie guère du bien-être de ses concitoyens. La production et la productivité tournent au ralenti; les travailleurs se présentent au bureau et dans leurs ateliers avec de très faibles rendements faute de délestage. Au lieu de sévir, la junte, à travers son incompétent ministre de l’énergie et protégé du colonel Sadio Camara, lui-même pris dans sa nasse, a choisi de présenter des excuses et justifier son incapacité par une surproduction soit par une forte demande de la population. La honte, le sens du déshonneur et l’absence d’une bonne planification caractérisent la gouvernance calamiteuse d’amateurs aux commandes d’un État à l’arrêt. La population désabusée, roulée dans la farine et prise dans son propre piège, semble avoir démissionné.

La junte ne s’est nullement préoccupée des attaques meurtrières qui ont eu lieu dans le Guidimakan (région de Kayes), les 15 derniers jours.

LE « OUI » DE LA DÉRAISON ET DE LA DICTATURE 

A court de solutions face au délestage et face à l’insécurité métastasée, la junte profite du silence et de la docilité de ses sujets pour inviter aux  urnes, les 11 et 18 juin 2023, le peuple malien afin de valider le projet de la nouvelle Constitution.

Au demeurant, l’article 188 de ce projet protège et couvre les crimes imprescriptibles commis par la junte malienne.

Nulle part, le maçon ne construit une maison sur une ancienne et mauvaise fondation. Le maçon est obligé de casser ou de modifier la fondation afin poursuivre les travaux.

Le cas malien fait office d’école en matière de violation des lois et des prestations de serment par un Vice-Président devenu Président par effraction soit deux serments violés dans le but de garder le pouvoir par une junte en manque de repères et de vision.

Parallèlement, des articles de lois sont créés ou appliqués contre des voix constructives et dissonantes ; des voix et des postures qui sont conformes à la constitution en vigueur et en respect aux lois de la république. Ces voix sont devenues des fidèles de la prison et traitées comme de grands bandits ou contraints à l’exil alors que les fossoyeurs de la République demeurent les bourreaux et geôliers d’honnêtes citoyens.

C’est donc dans un contexte de grandes incertitudes, d’oppression, de brimades, d’irrespect total de nos lois que la junte, dans son forcing et aux forceps, s’est décidée, par achat de consciences et par intimidation ou faisant miroiter un poste juteux aux véreux et opportunités cadres, de faire voter « le oui » massif au référendum de juin 2023.

LE « OUI » DE LA COMPROMISSION 

La campagne a démarré bien longtemps avant l’ouverture avant la date officielle  du  2 juin 2023. Des centaines de millions de Fcfa sont remis à certains chefs de parti et leaders d’opinion pour « le oui » de la honte et de la compromission.

Certains jeunes leaders sensés assurer la relève, cette frange  qui devrait porter les germes de l’espoir et de l’espérance pour le turn- over générationnel, pour des raisons pécuniaires et d’opportunités d’emploi, a fini par vendre son âme au diable.

Perdus et en manque d’espoir et de conviction, les indécis de la jeunesse ont compris que le temps de l’argent facile a sonné car la junte va lâcher des liasses de billets de banque et des miettes permettraient aux plus bruyants des jeunes fauchés, d’empocher une part belle. Qui dit mieux ?

Le chef de la junte militaire malienne disait : « si j’échoue, c’est la jeunesse qui a échoué ».

Est-ce un modèle de réussite, le fait d’éduquer une partie de la jeunesse à la facilité et au viol des textes?

Est-ce un bon modèle de développement, le fait de montrer à cette jeunesse que la force et la loi du plus fort s’impose contre l’intérêt général ? Que non. Que c’est décevant.

Pour Assimi Goita, l’argent facile, le mensonge, les invectives et la brimade semblent être la voie pour se faire entendre dans le Mali du kouroukanfougan. Pire sous Assimi Goita, le socle de la division a pignon sur rue. Des partis politiques sont scindés en deux ou menacés de dissolution, d’autres partis politiques sont créés pour soutenir le roi fainéant et sa constitution taillée sur mesure.  Des associations et leaders d’opinion et religieux sont à couteaux tirés avec pour objectif de diviser pour bien régner.

Une question mérite d’être posée : comment la junte réussira-t-elle à gouverner dans un tel climat d’austérité, de méfiance, d’absence de confiance et d’inconfort ?

Le constat amer est d’avoir trop vite enterré l’illusion d’un Mali rêvé par des traîtres de la nation, aujourd’hui, maître à bord d’un navire qui ne cesse de tanguer.

Nulle surprise que le 18 juin, « le oui de la pauvreté » donc de l’argent facile l’emportera si le scrutin est maintenu.

LE « OUI » DE LA TRAHISON 

Malheureusement, l’insécurité rampante avec son lot de morts civils et militaires et son corollaire de territoires, villages et hameaux inaccessibles, laisse imperturbables les princes du jour.

La junte militaire malienne aura à nouveau trahi son serment et son peuple. Le peuple malien, assoiffé, affamé, étouffé, assujetti et bâillonné ira cautionner le scrutin du 18 juin et sceller son destin entre les mains de son maître-bourreau: la junte criminelle.

LE « OUI » DE LA DÉCHÉANCE 

Pourtant, l’épisode du village de Moura, situé au centre du Mali ; Moura mourant,  est bien le mouroir d’une junte en déchéance à l’aube du plébiscite du « oui suicidaire ».

Tic-tac, le rouleau compresseur se déploie ; la fin de l’idylle consommée annoncera l’ère nouvelle sans la bande des 5 colonels. Si le 18 juin est maintenu, le « oui » de la déchéance à terme, ensevelira les promoteurs de la haute trahison.

Et le monde ne sera pas surpris de voir les acteurs et les propagandistes du « oui de la compromission » de l’élite politique, revendiquer et célébrer  les mérites de la « démocratie » qu’ils ont volontairement foulée en un temps record, sous l’ère des Assimites devenue caduque.

Le volte-face malien est un cas d’école qui mérite d’être enseigné sans être appliqué car éhonté. Si la démarche du caméléon et ses postures sont quelquefois recommandées, il convient de les adapter au contexte culturel local.

Le référendum GATE du 18 juin accouchera d’un monstre dévastateur, tel un tsunami qui enterrera la junte Assimite, sans long feu.

Puisque l’arbre ne saurait cacher la forêt, « mon colonel », sachez que le fusil et la terreur ne sauraient vous protéger du karma et de la déchéance programmée.

Car, la cupidité, la déraison, l’orgueil, l’absence de vision et de leadership éclairé auront raison de la bande des 5 colonels qui ont tout obtenu pour eux pendant que le peuple agonise.

Pour rappel, les élections législatives de mai 2020 et son tripatouillage ont entraîné la chute d’un régime jadis confiant et bien élu en 2013.

Le hic dans le processus du 18 juin est le soutien sans gêne, des anciens dignitaires de feu IBK à la mascarade référendaire programmée.

Ces anciens dignitaires dont le maintien et la complicité avec « le Mandé Massa » et les mauvais choix claniques pour des intérêts personnels et groupusculaires par moment ont précipité le chaos. L’histoire retient qu’ils n’ont pas su partir à temps pour sauver le Mali. Aujourd’hui, ils sont vent- debout pour le « oui de la trahison. »

Ces anciens dignitaires et les vautours invités au dîner n’hésiteront pas, comme à l’accoutumé, de refuser de laver la vaisselle. Ils attendront la meilleure occasion, pour se retourner contre la main qui les a nourris et entretenus. Car, cette espèce d’individus cherche toujours à prendre la place de son serviteur.

Gardons à l’esprit que tribunal de l’histoire sera sévère.

LE RENONCEMENT ET L’ABANDON DU REFERENEUM EST UNE PREUVE DE DIGNITÉ, D’INTÉGRITÉ ET DE GRANDEUR DU MALI

Toutefois, les démocrates et patriotes de conviction qui ont décidé de faire respecter l’article 181 de la constitution en vigueur et qui ont relevé à la fois, l’inopportunité et l’absence de qualité des initiateurs d’un tel projet qui porte les germes de la division et l’instabilité du Mali, méritent respect.

L’histoire retiendra de ces patriotes, leur constance, leur cohérence et leur détermination à user des moyens légaux, juridiques et politiques pour avoir argumenter en faveur de l’abandon du projet de la nouvelle constitution.

Les partisans du « Non de la dignité, de la raison, de l’unité et de la stabilité du Mali » seront à féliciter pour leur conviction.

Toujours est-il que l’heure de la vérité approche. La junte Assimite s’étiolera par phagocytose.

CONCLUSION

L’unité et la cohésion nationale sont notre priorité. La junte doit s’y atteler et travailler à réussir le pari de la concorde.

L’abandon du référendum du 18 juin est le salut de l’union des cœurs des Maliens et de l’esprit unitaire du Mali.

C’est à ce prix que le peuple face à son destin sera un sabre contre la nébuleuse terroriste. Et c’est à cela que gagneront le pari du retour à l’ordre constitutionnel.

À défaut, le référendum GATE, aura sucé la lie de la cohésion nationale.

Quoiqu’il advienne, le Mali éternel survivra.

Le 25 mai 2023

Ismaël Sacko

Homme Politique malien

ingénieur Agronome 

Chevalier de l’ordre National

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