« Désabusé, le peuple malien a boudé le référendum d’
Assimi Goita et ses acolytes ». Tel le titre que le président du Parti social-démocrate africain (PSDA), Ismaël Sacko, a donné à sa tribune ci-dessous sur le scrutin référendaire relativement à la nouvelle Constitution qui s’est déroulé, le dimanche 18 juin 2023, au Mali. Un vote qui a enregistré un faible taux de participation, selon les observateurs. En attendant, les chiffres du régime de transition du Colonel Assimi Goita. Depuis l’exil, Ismaël Sacko, qui continue de mener le combat pour la démocratie et les libertés dans son pays, soupçonne le gouvernement de transition de donner des « faux chiffres » officiels de participation pour le référendum afin de cacher le désaveu du peuple malien à l’égard de la junte militaire.
La Constitution de février 1992 n’a pas été suspendue et est toujours d’actualité.
Le chef de la junte malienne rassuré et confiant de sa popularité car estimant être adulé pour l’écrasante majorité des maliens s’est décidé à appeler ses compatriotes à un « vote massif d’un oui tripatouillé ».
Le désamour
Les maliens ont très vite compris que derrière le silence du chef de la junte et ses 4 autres compagnons d’armes se cache un complot ourdi contre les intérêts supérieurs du Mali.
La sortie ratée et mal préparée d’Assimi Goita à Segou, la semaine dernière, aux allures d’un candidat à l’élection présidentielle, a mis la puce à l’oreille des maliens avertis et avisés.
Les maliens se sont résolus à se braquer contre les fausses promesses, contre le mensonge d’Etat et contre la faim qui les étranglent depuis deux ans.
Le coût élevé de la vie et des intrants agricoles, la rareté de l’électricité et la vie d’orgie menée par les tenants du pouvoir et leurs clubs de soutien ont fini par développer un sentiment de désamour et de rejet de la junte et ses alliés circonstanciels et alimentaires.
Le désaveu
L’élection référendaire aurait dû être un moment de communion et de cohésion nationale.
Pour s’être inscrit à l’école du caméléon borgne et ego-écervelé du Premier ministre de garniture Choguel Kokala Maiga, la junte a, à dessein, opté pour la division et le clanisme au détriment de la concorde nationale.
Les propos et les postures va-t-en-guerre des princes du jour contre les opposants au référendum ou contre le texte proposé, ont réussi à amplifier la rupture avec la majorité des maliens. Le divorce est désormais consommé et la fracture sociale mise à nu.
Le peuple malien épris de justice et craignant l’usage de la force et face à la peur de la prison, a décidé de boycotter le référendum du 18 juin 2023 avec un taux de participation n’excédant pas 27%, selon les observateurs nationaux.
Victoire des opposants au référendum
Comme pour dire que la communication faite par les partisans de l’abandon du projet de la nouvelle Constitution et la pertinence des arguments avancés contre ce projet mortifère ont fini par convaincre la majorité silencieuse.
Par ce désaveu, les maliens ont tout simplement rejeté Assimi Goita et sa nouvelle Constitution.
Un autre désaveu de taille est le refus catégorique et notifié par écrit de la CMA et ses alliés (groupes armés maliens au Nord du Mali) d’avoir réussi à empêcher la tenue de la mascarade de référendum dans la ville mythique de Kidal et environs. Une première en République du Mali. Jamais, Kidal n’a boudé une élection ni locale encore moins nationale.
L’Appel du 20 février, les partisans du Non et l’ensemble des structures membres du Front Uni Contre le Référendum ont réussi à se faire comprendre par nos concitoyens qui ont suivi à la lettre, le mot d’ordre de boycott. Ils ont réussi à convaincre les maliens. Et ils sont les artisans du très faible taux de participation jamais enregistré dans notre pays. Isolés, malmenés et sans argent, l’opposition a gagné son pari. Et tous, savent qu’Assimi Goita fera tout pour gonfler les chiffres et s’arroger le bon rôle. Un autre mensonge d’Etat pour se maintenir au pouvoir, se prépare afin d’endormir les maliens avec l’annonce d’un score fleuve en décalage avec la réalité d’un terrain que la junte perd au quotidien.
La nullité du référendum
Que valent les résultats du référendum si une bonne partie du territoire n’a pas pu voter (Kidal, Aghelock, Tessalit, Niono, Badiaganra, Douentza, Nara etc.) ?
Les observateurs nationaux ont enregistré des enlèvements, tant des membres des bureaux de vote que des résultats du scrutin y compris la fermeture de certains bureaux par des hommes armés non identifiés. La junte et son armada de militaires et ses supplétifs de Wagner ont été coiffés au poteau.
Le ministre de la Défense Sadio Camara médusé s’est montré incapable de sécuriser le scrutin du 18 juin.
La junte ne rassure personne et elle a montré ses limites malgré la circulation des liasses de billets de banque qui ont été distribués aux soi-disant mobilisateurs, le jour du vote. L’argent du peuple a tout simplement été récupéré par le peuple à des fins alimentaires ; la fête de tabaski est pour bientôt.
La nullité du scrutin du 18 juin s’explique aussi par l’achat de conscience. L’argent-roi s’est imposé comme valeur cardinale lors du vote sensé être exempt de tout soupçon.
Le Mali Kura ne verra donc pas le jour sous les Assimites.
Les Maliens n’ont pas mordu à l’hameçon
Le train du tronçon Bamako-Kayes repeint et remis en circulation à des fins électoralistes a été une mise en scène pour gagner la confiance des riverains et manipuler les maliens.
Tout comme le communiqué du gouvernement lu par «Monsieur Je répète », l’incompétent et orgueilleux ministre d’Etat demandant « le départ sans délai de la MINUSMA » du Mali. La junte s’est tiré une balle au pied. Ce fut un « non- événement». Tout ça pour masquer leur échec sécuritaire et pour poursuivre la violation des textes et violenter les maliens à l’insu de l’œil extérieur car le rapport des Nations Unies sur les tueries ciblées à Moura est une bombe à retardement et une option vers la CPI. La junte tremble et multiplie les erreurs.
Conclusion
Le référendum du 18 juin fut un désaveu et un échec pour une junte qui clamait haut et fort sa symbiose avec les maliens désabusés et devenus de plus en plus hostiles à la junte.
Les maliens ont bel et bien rejetés Assimi, le désormais « mal aimé».
Le chef de la junte malienne est en chute libre. Il dégringole et l’absence de résultats combinés à ses abus dictatoriaux et de brimade finiront par l’ensevelir sous les décombres de la boulimie d’un pouvoir à 5 têtes qui les file entre les doigts. L’Imam Dicko a vu juste en disant que la fin est plus que proche.
Le Front uni contre le référendum dont « l’appel du 20 février » et les partisans du Non, tous sans exception, doivent s’unir pour informer davantage les maliens sur la supercherie du hold-up électoral du 18 juin dernier. Un recours pour demander l’annulation du scrutin illégal et entaché d’irrégularités, s’avère salutaire pour la communion des cœurs et des esprits dans un Mali uni et stable.
Assimi Goita et ses acolytes doivent être mis hors d’état de nuire. Le peuple malien a tant souffert et mérite enfin le bonheur tant espéré.
Le 19 juin 2023
Ismaël Sacko
Président du PSDA Chevalier de l’Ordre National
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