N’Douci / Exploitation de la carrière Abidji-Tanon – L’opérateur économique introuvable, les populations menacent de tout arrêter

Désillusion, colère et indignation. C’est le sentiment qu’éprouvent en ce moment, les populations de Boussoukro-Offa et Boussoukro II dans la sous-préfecture de N’douci. A l’origine de cette tension qui monte depuis quelques jours, l’exploitation d’une carrière granitique dénommée Abidji-Tanon. Le vendredi 1er novembre 2024, une conférence de presse co-animée par N’Guessan Kadia Nazaire  et Lolo Diby Cléophas au foyer de Boussoukro a d’abord fait l’historique du conflit qui les oppose à l’exploitant de la carrière, et interpeller les autorités compétentes.

Selon les conférenciers, tout débute en 2016, lorsque Demba Mamadou, un opérateur économique, muni d’une autorisation du ministère de mines entre en contact avec les populations riveraines de la carrière. L’objectif étant d’exploiter le granite. Les villageois sont alors partagés : d’un côté, la satisfaction au regard des retombées qui pourraient booster le développement des villages. De l’autre, l’angoisse et la consternation, parce que toute une vie de travail, et tous les moyens et espaces de subsistance partiraient en fumée. Il n’empêche, un comité de suivi est mis en place, soutiennent les conférenciers.

« Pour mener à bien les discussions avec les opérateurs, un comité de suivi a été mis en place pour parler au nom des impactés et des villages concernés par le projet. La présidence de ce comité est confiée à Amani Yao Emmanuel, ex-directeur de cabinet au ministère de la Jeunesse et des sports à la retraite. Un protocole d’accord est signé entre le promoteur du projet et le Comité de suivi, avec des engagements pris : 7 millions F Cfa par an à verser aux villages après le début de l’exploitation au titre de la responsabilité, l’embauche des jeunes des villages en priorité sue le chantier, une superficie de 115 ha est délimitée pour le projet et son emprise », précisent-ils.

Ainsi les indemnités de la destruction des cultures et de la purge foncière sont faites par la direction départementale du ministère de l’Agriculture de Tiassalé et se présentent comme suit : 232. 238. 450 Fcfa pour la destruction des cultures, 690 millions Fcfa pour la purge des droits coutumiers. Mais, à en croire Kadia Nazaire et Lolo Diby Cléophas, « contre toute attente, l’opérateur se dérobe  de  ses  obligations et disparaît de la circulation,  des années durant ». « Il ne revint qu’en 2020, soit six ans plus tard », ajoutent-ils.

Néanmoins, un cadre de discussion est mis en mis en place. Il est piloté par le sous-préfet de N’Douci, avec l’appui des responsables des directions régionales et départementales impliquées dans le projet. « Des discussions pour l’indemnisation des impactés ont eu lieu sur la base de l’évaluation de la direction départementale du ministère de l’Agriculture de Tiassalé. Ainsi au titre de la destruction des cultures, pour rappel, la somme de 232 238 450 FCFA doit être payée aux impactés du projet. Quant à la purge foncière, elle n’a pas fait l’objet de discussion ; l’opérateur arguant que ses interlocuteurs de l’administration, ne lui en ont pas parlé. En attendant d’être situés sur la question de la purge foncière, les impactés ont demandé que leur soit versée la moitié de la somme relative à la destruction des cultures, soit 116 119 225 FCFA pour commencer, en passant par pertes et profits les préjudices subis du fait de leur immobilisme causé par la disparition du promoteur », relatent les conférenciers.

Au final, les populations acceptent le principe d’un acompte de 30 millions Fcfa, soit 12% de la somme due. Les riverains ne sont cependant pas au bout de leur peine. « A la date du 30 septembre 2024, la désillusion des impactés était à la dimension de leurs attentes. Aucune trace du promoteur, encore moins de chèques remis. Celui-ci n’eut même pas la courtoisie de se manifester pour expliquer de quoi il retourne. Le sous-préfet de N’Douci a été saisi à cet effet », soutiennent N’Guessan Maurice et Lolo Diby Cléophas. Et désormais, les populations de Boussoukro-Offa et Boussoukro II « crient leur ras-le-bol et se réservent le droit d’agir et de mener des actions, afin que le promoteur respecte ses engagements et cesse de traiter ses interlocuteurs avec mépris. Ils n’excluent pas des actions pour l’arrêt des travaux sur le chantier ».

Source : SerCom avec AIP 

Légende photo : N’Guessan Kadia Nazaire  et Lolo Diby Cléophas lors de la conférence de presse qu’ils ont animée, le vendredi 1er novembre dernier, au foyer de Boussoukro.

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