Les relations bilatérales entre la France du président Emmanuel Macron et le
Mali du chef du régime de Transition, le colonel Assimi Goita, ne sont pas au beau fixe ; elles sont même exécrables. C’est le moins qu’on puisse affirmer au regard de la tension qui existe entre Paris et Bamako depuis plus environ deux années. A l’ONU mais également lors de diverses rencontres internationales, le Mali et la France n’ont pas caché leur inimitié l’un envers l’autre pays. Les points saillants de cette « guerre » entre Paris et Bamako sont entre autres, l’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali, la fin de l’opération militaire Barkhane et le sentiment anti-français de plus en plus croissant au Mali, les sorties des Premiers ministres maliens Chogel Maiga et le colonel Abdoulaye Maiga à la tribune de l’ONU contre la France, la campagne française internationale pour dénigrer le pouvoir malien de transition, la certiture malienne avérée ou non que la France voudrait déstabiliser le Mali.
Depuis quelques jours, la tension entre les deux pays a pris une nouvelle tournure, plus corsée. A travers l’annonce faite par la France, le 16 novembre 2022, de la prise d’une série de mesures concernant le Mali. Dans un communiqué daté d’hier, lundi 21 novembre 2022, le gouvernement malien de transition évoque ces mesures en ces termes : « la suspension de son aide publique au développement à destination du Mali aux motifs fallacieux de la coopération militaire Mali-Russie et des risques de détournement de cette aide. L’octroi direct aux ONG françaises, des fonds mis à disposition dans le cadre de l’aide humanitaire de la France au Mali ».
En clair, la France ne veut plus contribuer à sortir le Mali du sous-développement et soupçonne même le régime tenu par le colonel Assimi Goita, allié militaire engagé de la Russie, de pouvoir affecter l’argent destiné au développement à d’autres priorités.
Face à ces insinuations de Paris, le gouvernement malien de Transition dirigé par le
Premier ministre par intérim, le colonel Abdoulaye Maiga a régi, toujours, par le biais du communiqué rendu public hier. « Le gouvernement de Transition réaffirme que ces allégations fantaisistes sont sans aucun fondement et considère cette annonce de la junte française comme un non-événement. Le gouvernement de la Transition rappelle que cette déclaration n’est qu’un subterfuge destiné à tromper et à manipuler l’opinion publique nationale et internationale aux fins de déstabilisation et d’isolement du Mali ».
Pour les autorités maliennes, il s’agit d’une cabale de la France contre le Mali qui date de longtemps. « En effet, depuis février 2022, la France a notifié par voie diplomatique, la suspension de sa coopération au développement en faveur du Mali. », précise le communiqué. Qui traduit ensuite la détermination du régime de
Transition d’en découdre avec la France. Visiblement la hache de guerre ne sera pas enterrée de sitôt entre ces deux pays. « Le gouvernement de Transition rappelle que dans le cadre de la refondation de l’Etat, SE le colonel Assimi Goita , président de la
Transition, chef de l’Etat, a défini trois principes à savoir : le respect de la souveraineté, du Mali, le respect du choix de partenaires et des choix stratégiques opérés par le Mali , la prise en comptes des intérêts vitaux du peuple malien dans les décisions. En application de ces principes, cette décision de la France prise depuis février 2022 ne suscite aucun regret, d’autant plus qu’elle contribue à la restauration de notre dignité bafoué ppar une junte française spécialisée, d’une part dans l’octroi d’aide déshumanisante pour notre peuple et utilisée comme moyen de chantage des gouvernants et d’autre part dans le soutien actif aux groupes terroristes opérant sur sur le territoire malien ».
En guise de réponse du berger à la bergère, le Mali a pris des décisions allant à l’encontre de la France. « En conséquence, le gouvernement de la Transition décide d’interdire, avec effet immédiat, toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali sur financement ou avec l’a matériel ou technique de la France, y compris dans le domaine humanitaire », mentionne le communiqué.
Cette décision du gouvernement malien aura immanquablement des conséquences néfastes sur la vie des populations qui vivent globalement de l’aide venant de l’extérieur Le gouvernement de Transition qui en est conscient a lancé un appel aux populations à travers le communiqué signé du Premier ministre par intérim, lecolonel Abdoulaye Maiga. «Le gouvernement de Transition invite le peuple malien à rester serein et à soutenir les autorités de la Transition dans leur mission de refondation de l’Etat et de lutte implacable contre les groupes terroristes». Le constat est sans équivoque, entre Paris et Bamako, on s’achemine vers une rupture totale sur tous les plans diplomatique, militaire et maintenant économique et humanitaire.
Didier Depry
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