FIF, anciens internationaux ivoiriens, championnat national : Obou Arsène (Ancien joueur Asec-Africa) dit ses 4 vérités

Obou Arsène, ancien international ivoirien, fait des confidences sur la FIF, l’Asec et l’Africa. Il parle de sa nouvelle vie en Angleterre.

Le Monde Actuel : Racontez-nous vos débuts ?

Obou Arsène : J’ai commencé à jouer au football dès mon plus jeune âge. C’était ma passion. Cela a débuté avec les tournois de quartier appelés « Comités »  à Koumassi Akromiabla terminus du Bus 32. Après, j’ai intégré l’Académie de l’Africa Sports en 1982, en catégorie cadets. En cadets, on jouait régulièrement contre les séniors. En 1985, j’ai été surclassé en séniors. J’ai joué mon premier match officiel avec l’Africa Sports en 1985 au stade Félix Houphouët-Boigny contre l’AS Man.

 Vos parents ont-ils approuvé votre décision ?

J’ai perdu mon père en 1970. Commandant de police, il a été tué lors de la révolte des Guébié à Gagnoa. Ma mère qui m’a élevé ne voulait pas que je joue au football. Elle voulait faire de moi, un brillant étudiant.

Comment vous sentiez-vous après votre 1er match officiel ?

Mes amis, mes parents et mes dirigeants m’ont félicité et encouragé. Il faut dire que cela n’a pas été facile. Au départ, j’étais stressé mais tout est rentré dans l’ordre après quelques minutes de jeu.

Et votre première titularisation ?

Le championnat était dur. L’Africa, l’Asec, le Stade ou le Stella, c’était costaud. Et il y avait de très bons joueurs partout. Ce n’est pas comme aujourd’hui où dès qu’on fait un bon match, le lendemain, on est en essai en Europe. Tous les bons joueurs étaient présents. Le championnat était spectaculaire.

De l’Africa, vous vous retrouvez à l’Asec, le grand rival… c’était un sacrilège ?

J’ai signé à l’Asec à l’orée de la saison 1989-1990. J’ai quitté l’Africa pour des raisons personnelles. Ce n’est pas parce que je n’aimais pas l’Africa, bien au contraire.

Quels problèmes personnels ?

A un moment donné, j’ai eu des charges familiales à assumer dans ma vie. Cela nécessitait des moyens financiers que mon traitement salarial à l’Africa ne pouvait pas couvrir. Alors, je cherchais à voir le président Zinsou pour être revalorisé. Il n’a pas voulu m’écouter ni même me recevoir. L’Asec m’a ouvert les bras en me proposant un bien meilleur salaire et un traitement correct. Je suis parti. J’avais des remords mais j’étais obligé.

Comment s’est passé votre arrivée à l’Asec ?

L’Asec, c’est beaucoup plus professionnel, mieux organisé. Les salaires étaient meilleurs et plus équitables. Philippe Troussier a apporté son expérience au club. Ses séances d’entrainement étaient mieux élaborées. Plus tard, je suis retourné, avec beaucoup de plaisir, en 1993, à l’Africa. Vous savez, quand j’étais à l’Asec, je suivais les matchs de l’Africa du coin de l’œil. Mon cœur n’a jamais quitté l’Africa.

Sur le terrain, quels étaient vos partenaires préférés ?

Je me sentais bien avec tout le monde. Il y avait de la bonne ambiance et de la joie dans l’équipe. Certains partenaires nous donnaient des conseils. Miézan Pascal, Gnaoré Emile, très bon à l’entrainement, Gouaméné Alain, Miézan Victoria, Lago Patrice et Guédé Gba.

Vos mauvais souvenirs ?

La défaite contre le Zamalek en finale de coupe d’Afrique des clubs champions en 1986 à Abidjan. Nous avions toutes les cartes en mains mais nous étions jeunes. On n’a pas su mesurer l’ampleur de l’enjeu. Nous avons aussi raté une manne financière importante.

Vos bons souvenirs ?

La victoire à la CAN 1992 au Sénégal où j’ai été élu meilleur latéral gauche de la compétition. Et puis, tout le reste de ma carrière n’a été que bons souvenirs puisque j’étais dans des clubs qui gagnaient souvent.

Votre fin de carrière ?

Je suis parti en Suède en 1999 où j’ai tenté de jouer mais des problèmes personnels m’en ont empêché. De là-bas, je suis allé en Angleterre en 2000. Aujourd’hui, je vis à Londres. J’ai un travail. Je me débrouille pour gagner ma vie. Vous savez, je n’ai pas eu beaucoup d’argent au football parce qu’à notre époque, il n’y avait pas autant d’opportunités qu’aujourd’hui. Si c’était aujourd’hui que je jouais, je serai parti à l’étranger et les choses auraient été différentes.

Quel bilan faites-vous de votre carrière ?

Je n’ai que la notoriété. Certaines personnes veulent encore connaître mon histoire. C’est tout ce que j’ai. A notre époque, on se suffisait mais ce n’est pas comme aujourd’hui où on peut facilement s’expatrier et se faire de l’argent. Je pense qu’avec nos qualités, nous, joueurs de l’Asec, de l’Africa, du Stella ou du Stade de l’époque, nous serions très riches.

Combien d’enfants avez-vous ?

Personnellement 4 quatre (3 garçons et 1 fille). La fille est l’aînée. Elle a 30 ans. L’un des garçons est né en France. J’ajoute les deux enfants de ma femme. J’ai donc 6 enfants réellement.

Une confidence ?

Je voudrais dire un grand merci à un grand dirigeant. Idriss Diallo. Il a beaucoup fait pour moi. C’était comme un père pour moi. Il voulait ma réussite. Ce sont des choses qu’on a du mal à percevoir étant jeune. Zinsou aussi m’a aidé sans le savoir. Par exemple, l’entraineur Naumovic lui a parlé de certains joueurs à notre temps, qui avaient des difficultés à se prendre en charge. C’est ainsi qu’après les entrainements, Zinsou donnait de l’argent à chaque joueur pour rentrer et pouvoir s’acheter de la nourriture. Il ne savait pas que c’était à cause de moi que Naumovic le lui avait demandé. Beaucoup de coéquipiers ne le savaient pas non plus.

Quel attaquant redoutiez-vous le plus ?

Aucun ni en Côte d’Ivoire, ni ailleurs. Peut-être quand j’étais en cadets à l’Africa Sports, c’était Cissé Baraté parce que je ne le connaissais pas. J’ai même été exclu à cause de lui. Il m’a créé beaucoup de soucis. Vous savez, à notre temps, lorsqu’un attaquant était bon, on faisait des permutations pour le surveiller. On travaillait en équipe en défense.

 

A part l’Africa, dans quel club auriez-vous aimé jouer ?

A l’Africa et toujours l’Africa. J’ai mal quand je vois tout ce qui se passe autour de ce club. C’est triste. De nombreuses querelles qui salissent l’image du club. Cela rejaillit sur les résultats. Personne ne peut prétendre aimer l’Africa plus qu’un autre. Il faut arrêter la zizanie. Dans tous les clubs du monde, il y a des querelles. Mais à l’Africa, le linge sale se lave en public. Tous les efforts que les anciens dirigeants, supporters ou joueurs ont accomplis pour bâtir son prestige deviennent vains. Quand je suis allé à l’ASEC en 1990, il n’y avait pas M’Pouto. On s’entrainait à l’école de la gendarmerie. Après, au stade Champroux de Marcory. Aujourd’hui, voyez le progrès réalisé par l’Asec. M’Pouto a grandi et l’ASEC est tranquille. Pourquoi l’Africa aime-t-il tant le bruit ?

Quels sont vos rapports avec la Fédération ivoirienne de football (FIF) ?

La Côte d’Ivoire est un pays exceptionnel. C’est le seul pays où les anciens sont totalement oubliés après leur carrière. A la fédération, combien y a-t-il d’anciens footballeurs ? On prend des gens qui ont d’autres compétences, d’autres formations pour les déposer là-bas. En France ou en Angleterre, ce sont les anciens footballeurs qui dirigent le football. Pourquoi veut-on obliger tout le monde à devenir entraineur ?

Il n’y a pas d’anciens joueurs à la FIF ?

Il faut laisser le football aux footballeurs. Des gens ont enseigné ou ont fait autre chose. Que font les anciens joueurs alors ? Le football, ce n’est pas le diplôme. C’est le vécu et le vu sur le terrain.

Quel est votre repas préféré ?

Plats africains bien sûr mais la vie en Europe a changé mes habitudes alimentaires. Avant mon départ, c’était la sauce gombo ou graine avec du gibier.

Vous revenez souvent au pays ?

Oui, depuis que j’ai tous mes papiers, je viens souvent.

Votre épouse ?

Elle vit ici à Abidjan.

La vie est-elle belle pour vous en Angleterre ?

Il faut être heureux de vivre ici en Côte d’Ivoire. La vie n’est pas trop stressante. En Europe, c’est 100 km/heure. Tout est travail, rien que le travail. C’est dur. Tout est ‟Speed’’. Chaque jour est un nouveau combat. Surtout pour nous, les étrangers. Ce n’est pas facile.

Interview réalisée par

Arthur Zébé

 

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