Relations économiques et développement – L’Europe est-elle un partenaire rassurant pour l’Afrique ?

L’Union européenne et la zone euro ont évité la récession sur l’ensemble de l’année 2023. Mais elles se retrouvent  clairement sur le fil du rasoir  durant cette année 2024.. L’Europe va-t-elle tomber en récession en 2024? Après une année au ralenti, les perspectives sont sombres. L’économie de l’Europe est restée en panne sèche. La zone euro qui regroupe vingt pays de l’UE dont la France et l’Allemagne est aujourd’hui au bord de la récession.  « La probabilité que la zone euro soit en récession reste particulièrement élevée », expliquait déjà en 2023 Cyrus de la Rubia, chef économiste à Hamburg Commercial Bank. Depuis dix ans, l’Europe est effectivement en mode de crise. Dix ans d’une crise qui était, tout au début, seulement une crise du secteur financier, des banques, de leurs relations entre elles, et – mieux encore – un problème américain, pas européen..

 Pendant une décennie et demi, on avait assuré le public que ce qui se passait sur les marchés financiers n’avait plus rien à voir avec l’économie réelle, celle des biens physiques, que les marchés financiers étaient totalement déconnectés de la réalité physique, qu’il ne fallait pas trop s’inquiéter par conséquent des sommes virtuelles qui tournaient autour du globe par câbles électriques reliant les ordinateurs des banques de Tokyo à New-York, en passant par Londres ou Francfort. Hélas, il aurait fallu s’en inquiéter au moins à partir du moment où, à la fin des années 90, les gouvernements néolibéraux (sociaux-démocrates) ont décidé de déréguler les systèmes bancaires, de ne plus faire de distinction entre banques commerciales et banques d’investissement (termes euphémiques, puisque les premières étaient au service de l’économie réelle, tandis que les autres se focalisaient sur la spéculation avec des « produits » financiers). C’est seulement quelques mois après l’éclatement de la crise, à l’automne 2008, que la confusion entre ces deux types de banques s’est révélée catastrophique pour l’économie réelle. En fait, c’était une récession profonde, avec des conséquences extrêmement graves sur l’emploi, les sociétés toutes entières, l’Europe dans son ensemble, évoquant le souvenir historique de la crise de 1929 et ses lendemains destructeurs. Tout concourt donc pour conclure que la Zone Euro et l’Union économique et monétaire ont, certes, besoin d’une réforme visant à remplacer les mesures ad hoc prises pendant la crise financière, économique et d’endettement, par des structures durables et à la hauteur de ces défis. Mais ce sera peine perdue si l’Union européenne ne se renouvelle pas de fond en comble.

La crise en Europe est durement ressentie dans tous les secteurs d’activités y compris au niveau de l’agriculture. Au point où les agriculteurs ont manifesté dans de nombreux pays. Durant cette année 2024,  la colère des agriculteurs s’est intensifiée dans toute l’Union européenne. Pays-Bas, Roumanie, Pologne, Allemagne, France… Les mouvements agricoles de contestation se sont multipliés et étendus en Europe. Christiane Lambert, présidente du Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne (Copa-Cogeca), a vu dans ces colères du monde agricole une « exaspération commune ». « De l’Allemagne à la Roumanie en passant par la France et l’Espagne, ils ont le sentiment de ‘se faire imposer’ des mesures trop drastiques », a-t-elle affirmé dans l’hebdomadaire français L’Express.

Comme on le constate, l’Union européenne est en crise profonde. Alors question : Comment peut-elle aider durablement l’Afrique si elle-même traverse une crise tentaculaire ?  Face à cette situation où l’Europe n’apparaît plus comme un partenaire rassurant pour l’Afrique, les pays africains se doivent de diversifier leurs partenaires. En plus de la Chine, des Etats-Unis d’Amérique,  de la Turquie  qui sont déjà sur le continent africain et de la Russie qui est en train de s’installer en Afrique ;  les pays africains doivent se tourner vers les pays arabes, les pays de l’Amérique latine et de l’Asie pour avoir de nouveaux partenaires économiques.

Une contribution

d’Abdoulaye Diakité

Politologue malien

 

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