Après l’attaque du pont de Crimée, les autorités russes ont autorisé les trains de passagers à franchir de nouveau l’infrastructure. Une voie routière a également été rouverte. Pour Moscou, qui attribue cette attaque à l’Ukraine, c’est un symbole qui a été touché. Remaniements ou vengeance militaire contre l’Ukraine, le Kremlin laisse encore planer le doute sur la réponse qu’il s’apprête à donner à cette attaque. Mais quelle que soit l’origine de cette explosion, les autorités russes s’emploient à en diminuer la portée. Vingt-quatre heures après cette explosion qui a fait trois morts, détruit une des deux voies du pont et endommagé le reste des infrastructures, le mystère plane encore sur la méthode employée..Les autorités russes ont annoncé avoir identifié le propriétaire du camion : un homme qui habite dans la région de Krasnodar en Russie.Immédiatement après l’explosion, les regards se sont tournés vers l’Ukraine, soupçonnée d’avoir voulu célébrer l’anniversaire de Vladimir Poutine à sa façon. Mais des rumeurs parfois agitées par des réseaux pro-russes s’inquiètent des méthodes que pourraient employer des faucons mécontents de la situation actuelle, et sèment le doute sur les origines de cet acte.
Une chose est certaine, cette attaque, impossible à nier pour les médias russes, représente certainement la défaite la plus visible de Vladimir Poutine depuis février dernier. Alors des têtes tombent. Un nouveau général a été nommé par le Kremlin. Sergueï Sourovikine sera chargé de mener les prochaines offensives russes en Ukraine. Vétéran de la guerre en Syrie, il est surnommé Armageddon, pour sa tendance à l’usage de missiles contre des infrastructures civiles. « La situation est gérable », tente de rassurer le gouverneur russe de la Crimée alors que ce samedi, des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montraient des files d’attente devant les stations-services de Crimée. Le pont est certes un axe de ravitaillement crucial pour cette péninsule annexée par la Russie en 2014 mais la Crimée a des réserves : un mois de carburant en stock, deux mois de nourriture, affirme le gouverneur. Son message est clair : les pénuries ne menacent pas.
Et puis il y a le message des autorités militaires à l’égard tant des soldats que de Kiev. Les troupes russes engagées en Ukraine sur le front sud seront « totalement ravitaillées », affirme le ministère de la Défense à Moscou. L’explosion « n’affectera pas beaucoup l’approvisionnement de l’armée », renchérit l’administrateur russe de la région de Kherson, l’une des provinces où Russes et Ukrainiens s’affrontent. Mais malgré ces assurances et la réouverture du pont au trafic routier comme ferroviaire, l’étendue des dégâts causés au pont par cette explosion n’est toujours pas connue. Les autorités russes ont fait procéder à de premières réparations d’urgence mais la structure pourrait avoir été fragilisée. Des plongeurs ont d’ailleurs commencé ce dimanche une inspection de la partie immergée du pont.
C’est par la Crimée, et donc via le pont de Kertch, que l’armée russe approvisionnait le front de Kherson, dans le sud de l’Ukraine. Carburants et munitions empruntaient cette ligne ferroviaire, hors de portée des troupes ukrainiennes. Mais c’est par là aussi que transitaient les troupes réaffectées d’un front à l’autre, de l’est vers le sud, en fonction des décisions de l’état-major. L’attaque risque, pour la Russie, d’empêcher – ou en tout cas ralentir – ces bascules, entravant les mouvements des troupes russes en Ukraine. L’artère est donc vitale pour Moscou. C’est « comme une jugulaire qui vient d’être touchée », juge un spécialiste défense joint par RFI. Et la Russie s’est activée pour rouvrir ce pont le plus rapidement possible, car il ne lui reste actuellement qu’une seule ligne ferroviaire qu’elle peut emprunter entre les fronts, et celle-ci est à portée de tirs pour les Ukrainiens. À l’annonce de cette explosion, Kiev a manifesté sa joie, mais les dirigeants ukrainiens se sont gardés de revendiquer l’attaque, allant même jusqu’à suggérer que les Russes pourraient être à l’origine de cette explosion. Les regards se portent pourtant vers eux. Mais Kiev cherche probablement à maintenir un doute plausible sur les commanditaires de cette attaque afin d’éviter une escalade trop forte avec la Russie.
(Source : RFI)
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