Le rouble plie sous le poids des sanctions occidentales. Conséquence de la guerre en Ukraine et des sanctions infligées par les occidentaux, la devise russe a chuté de près de 30 % en début du mois de mars à la Bourse de Moscou. Depuis l’opération militaire de la Russie en Ukraine, le taux de change en dollar est passé de 83 à 90 roubles, celui de l’euro de 93,5 à 101 roubles. En dépit de cette situation de morosité, les sanctions économiques ordonnées par l’occident contre la Russie se multiplient. Elles prennent en compte de nombreux secteurs et visent même les individus. Fermeture des espaces aériens, gel des avoirs de personnalités et d’entreprises, remise en question de liens financiers et commerciaux etc.
Depuis le début de l’offensive militaire russe en Ukraine, les pays occidentaux multiplient les annonces de sanctions économiques de plus en plus sévères contre Vladimir Poutine, ses proches ainsi que l’économie russe.
État des lieux donne à voir l’ampleur des initiatives occidentales pour mettre la Russie à genoux. Le secteur financier est sans doute celui qui est privilégié par les occidentaux dans la recherche de sanctions effectives contre la Russie, afin de limiter les capacités de financement de la guerre. Dernier exemple en date : la décision prise par le gouvernement britannique de geler l’ensemble des actifs des banques russes au Royaume-Uni. Autre coup sévère porté au système financier russe : l’exclusion des principales banques du pays du système interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale qui permet la communication rapide et sécurisée au sujet de transactions.
Les États-Unis et l’Union européenne (UE) sont allés encore plus loin en visant directement la Banque centrale russe, avec une interdiction de toute transaction avec cette institution monétaire, immobilisant de fait les actifs qu’elle détient aux États-Unis et limitant du même coup sa capacité à utiliser ses importantes réserves de devises pour acheter du rouble et soutenir le cours de sa monnaie. Le Canada et le Japon ont annoncé une interdiction similaire. Les sanctions visant le secteur financier russe ont déjà des conséquences importantes : la chute brutale du cours du rouble, qui a forcé la banque centrale russe à rehausser fortement son taux directeur, ainsi que la possible faillite de la filiale européenne de Srerbank, une des plus grandes banques russes.
Le secteur aérien a été l’un des premiers concernés par les conséquences économiques du conflit ukrainien. La compagnie russe Aeroflot s’est vu interdire l’espace aérien de l’ensemble de l’UE, du Royaume-Uni ainsi que du Canada, ce qui l’a obligée à annoncer une suspension de ses vols vers ces destinations. En contrepartie, la Russie a interdit aux compagnies aériennes des pays correspondants de survoler son territoire.Mais c’est plus largement l’ensemble de l’industrie aéronautique russe qui est visée : l’UE et le Canada ont ainsi interdit l’exportation vers la Russie d’avions, de pièces et d’équipements de l’industrie aéronautique et spatiale. Le transport maritime n’est pas non plus épargné : le Royaume-Uni a fermé l’ensemble de ses ports aux navires battant pavillon russe et aux navires affrétés ou détenus par des Russes. La France a intercepté un cargo russe appartenant à la banque PSB, visée par les sanctions européennes. Enfin, le constructeur suédois de poids lourds Volvo Group a annoncé l’interruption de la production à son usine russe ainsi que les ventes à destination de ce pays.
Au plan du secteur énergétique, la décision la plus symbolique est venue d’Allemagne avec l’annonce de la suspension du projet de gazoduc Nord Stream 2, dont le processus d’homologation était en cours et devait faire augmenter les livraisons de gaz russe à destination de l’Allemagne. Pourtant s’attaquer directement au secteur énergétique russe est cependant plus compliqué pour les occidentaux, au premier rang desquels les Européens qui se font ainsi hara-kiri. D’autant que la Russie est le premier producteur mondial de gaz et le second producteur de pétrole, et plusieurs pays européens, surtout l’Allemagne et l’Italie, sont fortement dépendants des importations russes. Effets des sanctions économiques, Gazprom, le géant russe du gaz, fait cependant partie des entreprises qui n’ont plus la possibilité de lever des fonds sur les marchés financiers occidentaux.
Au niveau de l’industrie, le Japon a annoncé des sanctions concernant l’exportation de semi-conducteurs et autres articles vers « les organisations russes liées à l’armée ». Une mesure importante, dans la mesure où le Japon est, avec la Corée du Sud et Taiwan, un des principaux producteurs de ces composants électroniques essentiels à une large gamme de productions industrielles. Les États-Unis avaient annoncé des restrictions dans l’utilisation par la Russie de leurs technologies, dans divers domaines dont les processeurs et les puces électroniques fabriqués par Nvidia, Intel ou Qualcomm, principaux fournisseurs en la matière.
S’agissant des sanctions individuelles, Plusieurs personnalités russes étaient déjà visées par des sanctions européennes et américaines après l’annexion de la Crimée, en 2014, mais ces dernières ont été élargies à un plus grand nombre de décideurs russes, au premier rang desquels le président Vladimir Poutine, lui-même, son Premier ministre, Mikhaïl Michoustine et son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. L’UE a annoncé viser 23 personnalités « de premier plan » ainsi que 351 membres de la Douma, le Parlement russe, avant d’y ajouter Poutine et Lavrov. L’Union européenne a ensuite gonflé à 26, avec le porte-parole du président et plusieurs oligarques, sa liste noire des personnalités sanctionnées par un gel de leurs avoirs et une interdiction de séjour à cause de leur soutien à la guerre contre l’Ukraine.
Une décision similaire a été prise par le Royaume-Uni concernant MM. Poutine et Lavrov ainsi que plusieurs oligarques russes parmi lesquels le propriétaire du Chelsea Football Club, Roman Abrahamovitch. Pour les personnes visées, ces sanctions incluent l’interdiction de se rendre dans les pays européens ainsi que le gel des avoirs qui s’y trouvent. Les États-Unis, le Canada, la Suisse et l’Australie ont pris des mesures similaires.
Comme on peut le constater, les sanctions économiques contre la Russie sont variées et rudes. Fait notable, ces sanctions contre la Russie ont même des conséquences directes sur l’Europe et ses populations mais ni l’UE ni les Etats-Unis ne semblent s’en préoccuper. C’est le cas du gaz russe dont dépendent de nombreux pays européens dont l’Allemagne et l’Italie. L’économie mondiale étant imbriquée et les pays dépendant les uns des autres, en quelque sorte, si la Russie sombre (ce qui est peu probable), cette chute entrainera celle de nombreux pays dont ceux de l’Union européenne (UE).
Dans un schéma d’effet domino, tous les pays du monde subiront, les uns et les autres, les conséquences des sanctions économiques contre ce grand pays qu’est la Russie. Le monde pourrait à la longue se trouver dans une nouvelle récession économique. Après la crise économique mondiale de 2008 appelée dans le monde anglophone de « Grande récession », le monde s’achemine, à la faveur de la guerre en Ukraine de 2022 et des sanctions économiques rudes prises par l’occident contre la Russie, vers une autre « Grande récession », une autre crise économique mondiale. Peut-être que les grands pays aux économies résistantes pourront contenir cette récession mais qu’en sera-t-il pour les petits pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et d’Europe ? Les Etats-Unis, le Japon, le Canada, l’Allemagne, la France, la Chine… et même la Russie pourront en définitive s’en sortir. La Russie, disposant de ressources naturelles énormes et d’un solide allié et voisin, la Chine, pourra supporter les contrecoups de la récession. Mais en sera-t-il de même pour le Nigeria, la Côte d’Ivoire, la Grèce, la Pologne, le Mexique, l’Iran…tous ces pays aux économies faibles et en difficulté ? Il faut en douter et s’inquiéter. D’où l’impérieuse nécessité qui s’impose au monde de régler le conflit en Ukraine par le dialogue et mettre fin aux sanctions économiques contre la Russie.
Laissez une réponse