Société et influence : Les 10 cercles de pouvoir où se trouvent les femmes africaines

Souvent présentées comme des victimes ployant sous le poids de la famille, des difficultés économiques et du patriarcat, les femmes d’Afrique n’en présentent pas moins un tout autre visage : celui de battantes qui donnent l’exemple, à la conquête de tous les cercles de pouvoir et d’influence.

Le plafond de verre a été brisé en politique avecl’élection d’Ellen Johnson Sirleaf au Liberia en 2005. Depuis, les exemples de femmes présidentes se multiplient : Joyce Banda au Malawi (2012-14), Catherine Samba-Panza en Centrafrique (2014-16), Ameenah Gurib-Fakim à Maurice (2015-18), sans oublier les deux cheffes d’État actuellement en poste, Saleh-Work Zwede depuis 2018 en Éthiopie et Samia Suluhu depuis 2021 en Tanzanie. Aminata « Mimi » Touré, du Sénégal, fait de son côté partie des 15 femmes africaines ayant occupé le poste de Premier ministre, sur un maigre total de… 93 à travers le monde.

Les plus puissantes d’Afrique se distinguent aussi àdes postes de pouvoir à l’échelle globale. L’ancienne ministre des Finances du Nigeria, Ngozi Okonjo-Iweala, est depuis mars 2021 directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le cœur du réacteur. Depuis 2016, la Sénégalaise Fatma Samba Diouf Samoura mène la danse dans l’univers du ballon rond, en tant que secrétaire générale de la Fédération internationale de football (Fifa). L’ancienne ministre des Affaires étrangères du Rwanda Louise Mushikiwabo, elle, remet de l’ordre dans les affaires de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis 2019.

Nombre de diplomates africaines sont actives ou l’ont été dans le système onusien. Parmi elles, le Dr Matshidiso Moeti, médecin du Botswana, première femme à avoir été nommée en 2015 représentante régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique, est au front depuis le début de la pandémie Covid-19. Pour ne citer qu’elles, la magistrate algérienne Leila Zerrougui a quitté en 2021 son poste de cheffe de la Monusco, et la Guinéenne Bintou Keïta, ancienne sous-secrétaire générale de l’ONU, a pris le relais. La diplomate rwandaise Valentine Rugwabiza va quant à elle diriger en avril la Minusca, avec des effectifs de 15 800 personnes, en République centrafricaine.

Certains pays d’Afrique sont les plus avancés au monde en termes de parité chez les députés: le Rwanda arrive premier avec 61,3 % de femmes à la chambre basse, contre 26 % de moyenne mondiale. L’Afrique du Sud, où elles sont aussi parmi les plus jeunes élues du monde, occupe le huitième rang (47 % de députées). La Namibie se classe 16e et le Sénégal 19e, entre l’Espagne et la Suisse, bien avant la France (33e).

Elles sont des leaders d’opinion internationalement reconnues, quatre d’entre elles ayant reçu des prix Nobel : la romancière sud-africaine Nadine Gordimer en 1991, la militante écologiste kényane Wangari Maathai en 2004, et en 2011 les Libériennes Ellen Johnson Sirleaf, présidente, et Leymah Gbowee, militante pour la paix. Traduite dans 30 langues, Chimamanda Ngozi Adichie fait porter sa voix en littérature, mais renouvelle aussi la parole féministe, avec des textes comme We should all be feminists (2014, Fourth Estate) et Chère Ijeawele, un manifeste pour une éducation féministe (2017, Gallimard).

Elles excellent dans la presse et le monde digital. En Afrique du Sud, Ferial Haffajee est à 54 ans l’éditrice associée du quotidien en ligne Daily Maverick et un monument du 4e pouvoir. Elle a été rédactrice en chef du Mail & Guardian, de City Press et du HuffPost South Africa, et tenu maintes fois tête aux responsables du régime de Jacob Zuma.

La cyber-activiste Ory Okolloh, qui a fait ses preuves au Kenya en fondant le logiciel open-source Uhashidi, avant d’être nommée stratège chez Google, est maintenant « Policy Guru, Connector Extraordinare et Chief Unblocker of Things », comme elle se décrit sur son profil Linkedin. Elle n’est plus la seule au firmament du digital en Afrique. Jocelyne Muhutu-Rémy, originaire du Rwanda, basée à Johannesburg et ex-responsable des partenariats média de Facebook en Afrique, est depuis novembre 2021 la directrice générale de Spotify au Sud du Sahara.

Elles mènent en grande partie le bal dans l’art contemporain, aussi bien en tant qu’artistes hyper-cotées comme Julie Mehretu (Éthiopie), que curatrices comme Ngoné Fall (Sénégal) ou directrices de foires importantes, comme Touria El Glaoui (Maroc) avec 1 :54. Elles dirigent désormais de grands musées, avec la Camerounaise Koyo Kouoh au Zeitz-Mocaa au Cap, et la Canado-Sud-Africaine Ngaire Blankengerg à la tête du Smithsonian Museum of African Art à Washington.

Loin d’être la dernière roue du carrosse, elles se distinguent plus généralement par leur pleine participation au marché du travail, affichant dans ce domaine le plus fort taux au monde (55 % selon l’Agence française de développement – AFD), contre 48 % de moyenne mondiale. Selon la Banque mondiale, ce taux dépasse même les 70 % en Ethiopie, au Cameroun, et tout le long d’une ceinture qui va de l’Angola à Madagascar en passant par la Zambie, le Zimbabwe, la Tanzanie et le Mozambique.

Elles entreprennent plus que partout ailleurs: selon les études spécialisées du cabinet Roland Berger, basé à Munich, elles seraient 24 % à se lancer dans la création d’entreprise, largement devant les femmes d’Amérique latine (17 %), d’Amérique du Nord (12 %), d’Asie du Sud-Est (11 %) et du Moyen-Orient (9 %).

Sur les 10 pays ayant fait le plus de progrès en matière de parité économique, six étaient dans la région Moyen-Orient/Afrique du Nord et trois en Afrique subsaharienne en 2020,selon le rapport Les Femmes, l’Entreprise et le Droit 2020 de la Banque mondiale. Deux ans plus tard, alors que la pandémie est passée par là, les progrès sont toujours salués dans ces deux régions. Selon le rapport 2022, « sur les 39 lois qui ont changé grâce à des réformes, 10 ont été promulguées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ».

Source : RFI

 

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