Sous la menace du tracé du 4e point d’Abidjan – Les autochtones d’Adjamé-village sur le pied de guerre

Lorsque par un concours de circonstances, nous avons vu à Adjamé-village, ce jeudi 29 février 2024, en fin de journée, des jeunes gens par petits groupes menaçants, nous étions loin d’imaginer que ce n’était pas le seul fait de la jeunesse du cœur de la commune d’Adjamé, dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Puisque renseignements pris, il ressort que c’est tout Adjamé-village qui est sur le point d’organiser des manifestations publiques de protestation pour dire « non » au tracé du 4e pont d’Abidjan.

Nous avons recherché les officiels de la chefferie traditionnelle des lieux, séance tenante. Le chef du village d’Abidjan-Adjamé, un autochtone d’Adjamé-village, qui nous rejoint, un peu plus d’une heure plus tard, à ses bureaux ne s’est  pas embarrassé de fioritures. Ses premiers propos traduisent un état d’esprit de révolte qui se prépare au sein de la population locale Tchaman/Ebrié.

« On ne réussira pas de nous chasser de nos terres »

 « Ici on ne réussira pas à nous chasser de nos terres. Ici c’est notre âme et notre origine. L’origine de Bidjan ou Abidjan si vous voulez. J’ai dit seulement aux jeunes de manifester sans barrer les routes »,  soutient avec beaucoup d’amertume le chef Nangui Boua Chérubin. Qui se veut plus explicite : « L’écartement de la voie dans le cadre du tracé du 4e pont ne va jamais profiter à notre village mais va plutôt le ruiner et le faire disparaitre ». Le chef du village qui enseigne, par ailleurs, la philosophie dans un lycée moderne de la capitale économique de la  Côte d’Ivoire tend tout de même la main aux pouvoirs publics. « Nous invitons l’Etat à s’asseoir avec nous. Nous ne sommes pas ces quartiers des villes que l’Etat a créés. Nous sommes un village qui est là depuis 1917. Alors que l’Etat de côte d’ivoire existe seulement à partir de 1960. Nous refusons qu’on crée des procès pour faire croire qu’il y a 317 personnes impactées avec 68 logis », affirme-t-il.

La tension monte à Adjamé-village

 Une chose est sûre. La convocation, ces derniers jours, de certaines personnes impactées à venir toucher leurs indemnités au sein des structures financières étatiques, constitue l’élément déclencheur de la montée de la tension à Adjamé-village.  Prosper Kossokré Mobio, secrétaire général de la chefferie d’Abidjan-Adjamé, un de nos interlocuteurs, ne dit pas autre chose. « Nous nous opposons fermement à ce tracé qui passe par l’avenue Reboul au sein de notre village. Le pouvoir peut déplacer son tracé du 4e pont en ciblant la Cité policière du côté de la commune du Plateau »,  suggère la 3e personnalité de l’entité traditionnelle. Qui entend organiser une conférence de presse, ce samedi 2 mars 2024, à son siège social à Adjamé pour prendre, selon lui, l’opinion nationale et internationale à témoin.

 Félix Teha-Dessrait

tehadessrait@gmail.com

Légende photo : Le chef du village d’Abidjan-Adjamé, Nangui Boua Chérubin, recevant notre équipe de reportage à son siège social. 

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