Tchad / Dialogue national inclusif : Djibril Bassolé et Moustapha Chafi, des facilitateurs de l’ombre

« C’était, en principe, ce mardi, relève Wakat Séra, que les Tchadiens devaient entrer dans le vif du dialogue national inclusif souverain. Mais finalement ce sera demain mercredi, afin de mettre au point, selon la version officielle, des détails techniques et de logistique. »

Et le site burkinabè de s’interroger : « Ce report sera-t-il le dernier pour lancer, enfin, la machine qui souffre d’un retard à l’allumage depuis ce samedi, après une ouverture qui n’a pas manqué de présenter bien des failles en matière d’organisation ? Mais plus que les questions organisationnelles, le dialogue national inclusif souverain a un challenge plus important à relever. Les derniers réticents et pas des moindres se font toujours prier pour répondre à l’appel du chef de la junte militaire au pouvoir à N’Djamena, le général Mahamat Idriss Deby, qui, lui, ne veut pas d’une symphonie inachevée ».

« Mission complexe pour les trois experts, Djibrill Bassolé, Moustapha Ould Limam Chafi et Bin Ahmed Al Misnad », lance pour sa part Aujourd’hui, toujours au Burkina. Le Burkinabè Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères, le Mauritanien Limam Chafi, facilitateur dans la libération de nombreux otages au Sahel et Mohamed Bin Ahmed Al Misnad, conseiller sécurité nationale de l’Émir du Qatar : « Ces trois facilitateurs pourront-ils par la magie de la diplomatie faire venir à cette table ronde des groupes rebelles tels le FACT ou Wakit Tama ? », s’interroge le quotidien ouagalais.

En tout cas, « ce dialogue, les Tchadiens l’attendent beaucoup, s’exclame Le Pays. D’autant qu’il est censé tracer les sillons de la réconciliation et poser les jalons du retour à l’ordre constitutionnel au terme des élections pluralistes qui marqueront la fin de la transition. En rappel, précise Le Pays, ce dialogue national qui se veut inclusif, avec tous les acteurs de la scène politique tchadienne, est une promesse du jeune chef de l’État, Mahamat Idriss Deby Itno, porté à la tête de la transition tchadienne au lendemain de la mort de son père, le maréchal Idriss Deby Itno ».

Et, poursuit le quotidien burkinabè, « autant les chefs rebelles ne doivent pas chercher à négocier avec un couteau dans le dos, autant ce dialogue national ne doit pas apparaître comme une opportunité de légitimation du pouvoir de Déby fils, qui continue d’entretenir le flou sur ses intentions dans le processus de transition censé déboucher sur une dévolution du pouvoir aux civils dans les meilleurs délais. En tout état de cause, conclut Le Pays, après tant d’années de déchirements, les Tchadiens ont besoin de se parler à cœur ouvert, dans un langage autre que celui des armes ».

Alors, « tout devrait être mis sur la table sans tabous, au cours de ce dialogue, relève pour sa part Jeune Afrique. Une nouvelle Constitution, une nouvelle République, l’éradication définitive (au sens sociétal et psychologique) du recours à la violence et à la cinquantaine de groupes armés que compte le pays, le contexte sécuritaire régional, les règles d’une gouvernance démocratique et, in fine, un calendrier crédible de retour à l’ordre constitutionnel via un processus électoral perçu comme la conclusion de cette refondation. Discuter de tout donc, pointe Jeune Afrique, y compris des modalités de la dissolution du Conseil militaire de transition et du destin politique personnel de Mahamat Idriss Déby Itno. (…) Le risque, évidemment, est que l’exercice ne débouche que sur une simple phase de répit, faute de bases de discussions solides, crédibles et inclusives. Il est donc nécessaire, estime le site panafricain, que tous les acteurs politiques, associatifs, militaires, économiques et traditionnels y participent sans conditions irréalistes, et il est indispensable que chacun se garde de toute position maximaliste ».

Et Jeune Afrique de conclure : « Fatigués d’être les otages de leurs dirigeants, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, les 16 millions de Tchadiens attendent et redoutent à la fois ce dialogue que Mahamat Idriss Déby Itno a conçu comme l’acmé de son passage à la tête de l’État ».

RFI

NB : La titraille est de « LEMONDE ACTUEL »

 

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