Tensions en Nouvelle-Calédonie – Quand les relents coloniaux se cachent derrière la crise

Le mouvement pour l’indépendance de la Nouvelle Calédonie,  le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS)  a demandé, dans un communiqué rendu public, le lundi 3 juin 2024,  au président de la République française, Emmanuel Macron, de dire clairement que le projet de réforme constitutionnelle à l’origine de la crise en Nouvelle-Calédonie ne sera pas soumis au Congrès.  Ce projet visant à élargir le corps électoral local dans le territoire du Pacifique Sud a provoqué de violentes émeutes, depuis le 13 mai 2024, dans cet archipel dirigé par la France. Sept personnes sont mortes, dont deux gendarmes, et des centaines d’autres ont été blessées dans la plus grave crise qu’a connue l’archipel depuis les années 1980.

Des blocages routiers, des magasins et supermarchés pillés et  incendiés, des faites de violence tous azimuts ont émaillé pendant plusieurs semaines à la vie à Nouméa, la principale ville de la Nouvelle Calédonie.  Cette situation explosive est liée, selon le FLNKS, aux propos trop flous du président de la République française, qui a dit, le 23 mai 2024, ne pas vouloir « passer en force ». Ces propos restent « incompris sur le terrain », remarque le mouvement indépendantiste, ajoutant qu’ils ne garantissent « en aucune manière l’abandon de la réforme constitutionnelle litigieuse ».

 Sept morts dont deux gendarmes et des centaines de blessés

 Les violences sur l’archipel, accompagnées de pillages, dégradations et barrages routiers, ont éclaté après le vote par le Parlement à Paris de la réforme électorale en vue du scrutin provincial qui, selon le gouvernement français, ajoutera 14 % d’électeurs supplémentaires, dont une partie qui doit répondre à une condition de dix ans de résidence. Les indépendantistes jugent que cela va marginaliser la population autochtone kanak.

Lors de sa visite surprise en Nouvelle Calédonie, le 23 mai 2024, Emmanuel Macron n’avait pas prononcé le mot « retrait » concernant le projet de loi contesté. « Après avoir écouté tout le monde, avait-il dit, je me suis engagé à ce que cette réforme ne passe pas en force, aujourd’hui, et que nous nous donnions quelques semaines afin de permettre l’apaisement, la reprise du dialogue en vue d’un accord global. » Le chef de l’Etat  français a installé une mission d’experts afin de réactiver le dialogue avec les indépendantistes. Mais il a également déclaré dans la presse, le 25 mai 2024, qu’il pourrait activer un référendum sur la question, des propos qu’il a cependant nuancés quelques jours plus tard.

Mais Emmanuel Macron a exclu que « l’apaisement » passe par un « retour en arrière institutionnel ». « Néanmoins, nous devons remettre toutes les parties prenantes autour de la table », a-t-il plaidé. Le président français  a rencontré les représentants loyalistes mais également  les composantes des partis indépendantistes de l’archipel, parmi eux, des dirigeants de l’Union calédonienne (UC) et des cadres du parti Palika. Assigné à résidence, Christian Tein, membre de l’UC et chef de file de la CCAT, collectif indépendantiste qui organise la contestation était aussi présent à la rencontre. Emmanuel Macron avait auparavant rencontré les non-indépendantistes dont Sonia Backès, cheffe de file de la branche radicale des loyalistes, et Philippe Dunoyer, figure de Calédonie Ensemble.

Un combat pour l’indépendance

 A la vérité, derrière cette crise en Nouvelle Calédonie, se cache la ferme volonté des mouvements indépendantistes de franchir le pas de l’indépendance de la Nouvelle Calédonie. Les populations autochtones kanakes qui demeurent depuis plusieurs dizaines années sous domination de la France métropolitaine aspirent à l’indépendance. Ni leur niveau de vie ni la situation des emplois ne se sont améliorés pour les populations.

La misère des populations kanak est largement visible en Nouvelle Calédonie  et leur niveau de vie est grandement différent de celui des français de la métropole et des français blancs, en général. L’Etat français ne fait rien pour les populations autochtones kanak depuis les différents présidents qui se sont succédé à la tête de la France, depuis De Gaulle à Emmanuel Macron.

Pourquoi la France s’oppose  à toute idée d’indépendance

 Face à cette situation, les populations kanak veulent prendre leur indépendance. La France s’y oppose ouvertement. Parce que l’indépendance de la Nouvelle Calédonie signifie pour la France, la parte de richesses naturelles. En effet, la Nouvelle Calédonie est riche en nickel. C’est son atout majeur.  L’archipel compte 25 % des ressources planétaires en « or vert ». Le minerai, dont la présence sur l’île est déterminée en 1864 par Jules Garnier, lie son histoire récente à celle du pays tout entier.

L’attitude de la France envers la Nouvelle Calédonie rappelle celle que la France a eu à l’égard de ses colonies d’ Afrique durant de nombreuses années. Avant que de guerre lasse, elle cède à la pression de ces colonies d’obtenir l’indépendance. On se souvient du « oui » retentissant de Sékou Touré pour l’indépendance immédiate en 1958 face au président français de l’époque, le général De Gaulle. Les indépendantistes kanak de la Nouvelle Calédonie se trouvent dans la même situation que les Africains des colonies françaises de l’époque. Iront-ils jusqu’au bout ? L’avenir nous situera.

Une contribution de

Moussa Koné

Citoyen malien

Légende photo : Les violences étaient rageuses en Nouvelle Calédonie. Elles ont fait des morts, des blessés et de nombreux dégâts matériels.

 

 

 

 

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