La 11e fortune de France pourrait se présenter à nouveau à la barre pour ses affaires menées en Afrique. Le Parquet national financier (PNF) a requis un procès contre l’homme d’affaires Vincent Bolloré pour corruption dans l’enquête sur l’attribution de la gestion des ports de Lomé au Togo et de Conakry en Guinée entre 2009 et 2011, a appris l’AFP de source proche du dossier ce vendredi 7 juin. Saisis depuis 2013, des juges financiers parisiens soupçonnent le groupe Bolloré, sa tête de proue Vincent Bolloré et deux autres hauts responsables d’avoir utilisé les activités de conseil politique de la filiale Euro RSCG (devenue Havas) pour décrocher frauduleusement la gestion des ports de Lomé (Togo) et Conakry (Guinée).
Selon une source proche du dossier, le Parquet national financier a donc requis un procès pour «corruption active d’agent public étranger» contre Vincent Bolloré et Gilles Alix (à l’époque directeur général du groupe Bolloré), pour «abus de confiance» pour ce dernier et pour «complicité» de celle-ci pour Vincent Bolloré et Jean-Philippe Dorent ((directeur international de Havas).
«Pacte de corruption»
D’après des éléments des réquisitions, les deux procureurs financiers estiment que «contrairement à ses déclarations, il apparaît que Vincent Bolloré suivait personnellement et régulièrement les activités du groupe au Togo, qu’il avait engagé le groupe Bolloré dans la campagne électorale de Faure Gnassingé et qu’il était directement intervenu dans le recrutement» de Patrick Bolouvi, demi-frère du président togolais, au poste de directeur général de Havas Media Togo. Contrepartie de ce «pacte de corruption» allégué, le groupe Bolloré aurait profité de différents contrats, dont celui de la gestion du port de Lomé, mais aussi «d’avantages fiscaux».
Le procès demandé par le PNF concerne aussi le soupçon de participation frauduleuse d’une filiale du groupe Bolloré aux «frais de communication» de la campagne présidentielle 2010 d’Alpha Condé en Guinée, à hauteur de 170 000 euros. La cour d’appel de Paris avait prononcé en 2019 l’abandon des poursuites pour corruption sur ce volet, pour cause de prescription.
Vincent Bolloré, Gilles Alix et Jean-Philippe Dorent avaient d’abord voulu s’éviter un long procès pénal. Et avaient pour ce faire sollicité en 2021 une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) – procédure permettant de juger rapidement l’auteur d’une infraction. Ce qui les a conduit à plaider coupable lors de l’audience publique et à accepter une peine de 375 000 euros d’amende. Mais le tribunal a préféré refuser d’homologuer cette comparution et a renvoyé le dossier à l’instruction. Un revers procédural que l’industriel breton de 72 ans avait contesté jusqu’en cassation. La plus haute juridiction de l’ordre judiciaire a finalement validé la procédure fin novembre, et ainsi ouvert la voie à un nouveau procès pénal.
«Corruption active d’agent public étranger»
«Je me réjouis de la demande de renvoi [contre les trois hommes] dans ce lourd dossier qui dure depuis 2013 […] dans lequel est particulièrement mouillé le président du Togo» Faure Gnassingbé, a réagi Alexis Ihou, avocat du défunt Agbéyomé Kodjo et de Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, candidats malheureux à la présidentielle de 2010 au Togo. «Les associations Sherpa et Anticor se réjouissent de ce réquisitoire», a également indiqué leur avocat Jérôme Karsenti. Il dénonce même la stratégie du camp Bolloré, estimant que les avocats du milliardaire ont «pris toutes les initiatives judiciaires et soulevé toutes les arguties juridiques pour échapper à son procès».
Le groupe Bolloré a, lui, bénéficié d’une convention judiciaire d’intérêt public (Cjip) : il avait payé 12 millions d’euros d’amende contre l’abandon des poursuites. «Une demande de non-lieu sera présentée au juge d’instruction», ont affirmé les avocats Céline Astolfe et Olivier Baratelli, qui défendent Vincent Bolloré et le groupe Bolloré, «les faits étant contestés depuis le premier jour dans un dossier juridiquement vide.» Le «faux pas» de la non-validation de la CRPC en 2021 priverait «définitivement les parties du droit à être jugées de manière impartiale et objective». La décision finale sur le procès revient au juge d’instruction financier Serge Tournaire.
(Source : Journal français Libération)
Légende photo : Certaines pratiques en Afrique du célèbre homme d’affaires français, Vincent Bolloré, sont entachées d’irrégularités et de suspicions.
NB : La titraille est du site indépendant d’informations « Le Monde Actuel »
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