Le président du parti social-démocrate africain (PSDA) du Mali, Ismaël Sacko, ancien Conseiller spécial de feu le président élu Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) puis du président de la Transition, Bah N’Daou, contraint à l’exil par la junte militaire du colonel Assimi Goita, dénonce la volonté des militaires et leurs alliés à s’agripper au pouvoir en dépit de leur échec et leur dangereuse gouvernance, soutient-il. Ci-dessous le texte dans lequel il développe sa position et lance un appel aux maliens pour le retour au processus démocratique.
L’éventualité d’une énième prolongation de la transition malienne sous les Assimites sera le coup de massue contre la stabilité de notre pays.
Si après deux ans de prolongation, Assimi Goita et son gouvernement ont brillé par leur incohérence, le mensonge d’Etat et leur incapacité à sécuriser le Mali, et à tenir les élections à date, la 3e sera la pire des erreurs à commettre.
Assimi a épuisé ses cartes. Le peuple ne lui fait plus confiance. Il peut encore essayer de soudoyer et de corrompre des politiques alimentaires, mais le peuple éclairé dira non. Non pour haute trahison.
Notre refus de renouveler le bail avec les Assimites est documenté et n’est pas négociable. Il doit partir.
En janvier 2022, pour le non-respect de ses propres engagements pris au Mali, la CEDEAO avait moyennement sanctionné le Mali.
Pour rappel, la junte avait promis d’organiser les élections en février 2022 et de rendre le pouvoir aux civils. Mais l’appétit venant en mangeant, les 5 colonels et le clivant éhonté Premier ministre s’étaient arc-boutés pour conserver le pouvoir.
Et, au lieu de se remettre en cause, la junte avait par manipulation et par la propagande, subtilement, profité de la situation pour gagner le soutien populaire des maliens.
Deux ans de prolongation avait finalement été accordés aux indisciplinés de la junte malienne afin de réussir dans les conditions souhaitées, le retour à l’ordre constitutionnel.
Depuis, les réformes politiques et institutionnelles programmées connaîtront une cadence timorée.
Toutefois, la pression de la CEDEAO et des patriotes maliens éclaires non alimentaires ont conduit le gouvernement à organiser l’élection référendaire. Cette élection fut la plus sale et la plus bâclée jamais connue au Mali.
Venue pour rassembler, pour sécuriser les maliens et organiser les élections générales tout au plus, en février 2024, la junte semble avoir oublié ses priorités.
Pour avoir le champ libre, Assimi a choisi d’envoyer en prison ou en exil des voix dissonantes qui portaient la contradiction et qui illuminaient les maliens.
Malgré cette gravissime violation de nos droits et les arrestations arbitraires, Assimi et ses partisans peinent à se frayer un chemin vers la démocratie. La matraque, la torture et l’arme à feu restent leurs alliés de taille, oubliant le destin.
Du coup, la junte se croit tout permis et ne respecte plus rien.
Le vote de la compromission et de la trahison de la constitution illégitime semblerait donner aux putschistes de nouveaux leviers pour ne plus quitter le pouvoir. Fort que non.
Sans aucune surprise pour les initiés, le ministre d’Etat, ministre de l’administration territoriale, l’homme des sales besognes, en réunion avec les forces vives de la nation, le 9 août 2023, pose l’hypothèse d’une éventuelle et énième prolongation de la transition au-delà de mars 2024.
Les putschistes maliens cherchent à négocier un rajout d’au moins 9 a 18 mois supplémentaires. Ce que nous n’accepterons jamais.
Et pourtant, le maître vénéré d’Assimi et allié de circonstance, le président russe, Vladimir Poutine, lui a conseillé d’organiser les élections.
Après avoir dribblé et trahi certains de ses compagnons putschistes dont son ministre de la défense, Assimi joue au malin sans être intelligent car habitué à recevoir des ordres, il veut s’imposer en fin stratège. Il n’en n’a pas l’étoffe.
Les résultats désespérants, les circonstances géopolitiques et le temps ne plaident pas en faveur d’Assimi Goita qui rêve d’incarner l’ancien président feu général Moussa Traoré.
L’incapable Assimi ne peut qu’échouer car il ne maîtrise pas les codes de la gouvernance politique. Assimi est un soldat moyen qui a violé son serment de militaire. Il est aussi un exécrable chef de la junte, le plus édulcoré que le Mali ait connu.
L’histoire vient de nous donner raison.
Oui, nous avions clamé haut et fort, l’incompétence et la mauvaise foi de la junte à aller vers le retour à l’ordre constitutionnel normal. Nous avions alerté sur son pilotage à vue et son manque de vision et de cap.
Nous avions attiré l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les intentions inavouées d’une junte qui caporalise la justice à sa solde et qui voudrait à nouveau instrumentaliser et manipuler certains partis et leaders politiques alimentaires en manque de conviction et d’identité afin de garder le pouvoir.
La junte agit comme si la parole donnée n’a plus son pesant d’or au Mali.
La junte, par cet acte et par cette volonté vicieuse, n’a pas tiré les enseignements de l’embargo de 2022.
Sauf que cette fois-ci, il n’y a aura pas que l’embargo.
Leur entêtement risque effectivement de leur coûter beaucoup plus que le trône convoité.
Pour preuve, les putschistes ont été vomis par les maliens lors du référendum bâclé. Ils sont de plus en plus impopulaires car l’argent sale n’achète pas tout. Certains ne vendent pas leur dignité contre un poste ou contre des modiques sommes.
La démocratie et les valeurs, principes de bonne gouvernance liés à l’éthique et à l’état de droit ne sont pas monnayables pour des patriotes soucieux du bien-être des maliens.
Les putschistes agissent comme si tout baigne. Ils n’ont fait aucune évaluation de leur parcours ni de leur gestion désastreuse.
Pour preuve, Le nord et le centre du Mali se vident et le Mali se meurt, signes du désaveu et l’impuissance des Assimites.
Sous IBK, Ogossagou, Sobanda et Indelimane avaient révolté plus d’un.
Aujourd’hui, à Badiagara, au lieu de protéger la population qui manifeste pour son droit, Assimi fait tirer sur son peuple. La terreur est devenue le mode de gouvernance des Assimites. Les armes crépitent.
Le ministre de la défense, Sadio Camara, semble être mis à l’écart et les frustrations internes semblent avoir pris le dessus.
La mise en œuvre du plan de sécurisation des maliens est en panne tout comme le fameux train Bamako-Kayes qui rame depuis le référendum.
Le ministre de la défense est envoyé en mission au Niger au lieu de suivre de près l’insécurité grandissante et métastasée par les terroristes qui dictent désormais leur loi dans le pays pris en otage par la boulimie des 5 colonels.
Après avoir échoué sur le plan sécuritaire et ayant perdu la légitimité populaire, Assimi et sa bande sortent les dossiers de la corruption. Pourquoi avoir attendu trois ans pour auditionner et faire arrêter des politiques qui les ont aidés à assoir leur pouvoir despotique contre la démocratie?
Est-ce parque ces cadres politiques transhumants et incohérents auraient échoué lors de leur fameux référendum ? Toujours est-il que les traîtres finissent mal.
Que la loi soit dite, rien que la loi. Présumé innocents, ils auront droit à une défense.
Qu’il soit clair pour Assimi, ces arrestations qui constituent un coup d’épée dans l’eau ne seront nullement une dividende pour magnifier sa volonté de s’éterniser. Loin de là, d’autant plus qu’Assimi aussi sera tenu responsable des crimes commis sous son leadership. Cette même justice finira par le broyer.
Il aurait dû arrêter les auteurs et complices des tueries des 10, 11 et 12 août 2020. Qu’en est-il ? Nul n’est dupe. Il ne reste que 6 mois et pas plus. TIC TOC…
Peuple digne du Mali, le temps de la résistance a sonné. Les démocrates et patriotes organisés ou non doivent agir pour sauver le Mali des mains des fossoyeurs de la République.
Assimi a échoué. Il ne mérite aucune excuse encore moins une 3e chance.
Trois ans déjà qu’IBK a quitté le pouvoir. Bah NDaou a aussi été chassé, il y a deux ans de cela, sans aucun effet positif sur le quotidien des maliens si ce n’est l’enrichissement illicite des Assimites.
Enfin, je salue les positions justes, la démarche objective, constante et cohérente de l’appel du 20 février, de même que l’ensemble des partis politiques et organisations avisés qui ont en commun, la défense de la démocratie et de l’état de droit.
Digne fils et filles du Mali, il est temps de porter la contradiction à la junte et de s’opposer par tous les moyens légaux et politiques à une prolongation de la transition qui sera suicidaire pour nos concitoyens.
Assimi doit faire la vaisselle et partir pendant qu’il est temps.
Une transition civile s’impose après l’échec avoué des Assimites.
Le 10 août 2023
Ismaël Sacko
Président du PSDA
Chevalier de l’ordre national
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